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La région de Sikasso présente une géologie assez variée. Cette richesse de son sous-sol a permis la mise en évidence
de gisements d’or souvent de classe mondiale. Aujourd’hui, la région est le terrain de nombreux travaux d’exploration. Pour l’or évidemment, mais également à la recherche d’autres substances minérales.
C’est dans cette région que le ministre des Mines, Abou-Bakar Traoré, a choisi de se rendre la semaine dernière (17-20 juin). Il était accompagné dans cette visite par le directeur national de la géologie et des mines, Dramane Dembélé, et des membres de son cabinet.

jpg_une-175.jpgCette sortie sur le terrain avait un double objectif. Il s’agissait d’une part de se rendre compte de l’état des nombreux gisements miniers en activité dans la Région et d’autre part, de prendre contact avec les différents acteurs du secteur.

Première étape de cette visite : la mine d’or de Syama détenue par la compagnie Resolute à hauteur 80% pour une participation de l’état de 20%. La mine se trouve à environ 300 kilomètres au sud-est de bamako. Elle a été mise à jour par la compagnie BHP en 1990. Elle était initialement exploitée par les société BHP et Randgold Resources. confrontée à des difficultés d’exploitation, la mine sera acquise par la société Resolute en 2004 après les résultats positifs d’études de préfaisabilité. Resolute entreprit alors des études de faisabilité soumises au gouvernement en mai 2005.

Un peu plus de deux ans plus tard, en décembre 2007, Resolute et le gouvernement signaient un avenant permettant d’acquérir de nouvelles conditions fiscales, douanières et économiques. Les travaux de reconstruction de la mine pouvaient alors commencer. Au titre de ces travaux figuraient la remise en état des facilités minières (logements et bureaux) et la remise en état de l’usine de traitement.

Une seconde vie. Cependant, les travaux de remise en état de l’usine sont toujours en cours. Si tout se passe comme prévu, la production d’or devrait démarrer le mois prochain.

De 1990 à 2001, la mine de Syama avait produit 44,947 tonnes d’or et contribué à hauteur de 50 milliards de Fcfa à l’économie nationale. Aujourd’hui, la mine emploie 370 personnes. Et l’avenir est prometteur.
En quittant Syama, la délégation ministérielle mettra le cap sur Morila, une autre mine très importante. Celle-ci est située dans la commune rurale de Sanso, à 280 kilomètres au sud de bamako. Elle est gérée par Morila-SA, une société anonyme dont les actionnaires sont Randgold Resources (40%), Anglogold Ashanti (40%) et l’État (20%). La mine est entrée en exploitation en octobre 2000. L’extraction du minerai au niveau de la mine a pris fin en avril dernier. Mais le traitement du minerai continuera jusqu’en 2013.

De 2000 à aujourd’hui, la mine de Morila a produit 193,46 tonnes d’or brut. Sa contribution à l’économie nationale se chiffre à 274,17 milliards Fcfa. Aujourd’hui, la mine est en fin de vie. Comme a pu le constater sur place le ministre Abou-Bakar Traoré. Selon le directeur de la mine, Samba Touré, certains matériels d’extraction ont déjà été vendus à d’autres sociétés minières.

La mine d’or de Kalana est située à environ 300 kilomètres de Bamako à la frontière avec la Guinée. Il s’agit du premier gisement d’or ouvert dans notre pays. C’était en 1985. Entre cette date et 1991, elle fut exploitée par la Société nationale de gestion des mines d’or de Kalana (SOGEMORK), un consortium monté par l’état et l’ancienne union Soviétique.

Elle a connu un arrêt des travaux entre 1991 et 2004. Ce n’est qu’en février 2003 qu’une convention d’établissement entre le gouvernement et la compagnie Avnel Gold permettra de donner une seconde vie à la mine. Aujourd’hui, elle est gérée par la société SOMIKA-SA dans le capital de laquelle Avnel détient 80% des actions contre 20% pour l’état. Ici, l’exploitation est souterraine et l’or est récupéré par la méthode dite gravimétrique.

La SOMIKA emploie 566 personnes. Au démarrage de la production, la société, conformément à la convention d’établissement, devait moderniser les infrastructures et mettre en place un programme de transformation des ressources minières en réserves minières, tout en continuant la recherche afin de découvrir d’autres gisements dans le permis d’exploitation de Kalana.

Depuis 2004, la production moyenne annuelle d’or atteint les 700 kilogrammes, dépassant son niveau annuel d’avant fermeture qui était de 360 kilogrammes. Malgré cette relative bonne performance, des insuffisances sont notées dans la mise en oeuvre du programme de développement des ressources minérales et la modernisation des équipements miniers.

Aucun risque environnemental d’origine chimique. Après Kalana, le ministre s’est rendu Kodiéran, une mine se trouvant à environ 12 km au nord de celle de Kalana. Ici, le permis d’exploitation couvre une superficie de 100 km2. C’est en 1967 que la Société nationale de recherche minière (SONAREM) commença l’exploration du site. Cela dura jusqu’en 1982. Dix ans plus tard, en 1992 un permis d’exploitation fut attribué à la Société des investissements en Afrique (SODINAF) dont le promoteur, Aliou Boubacar Diallo est un compatriote.

Selon les explications des responsables de la société, grâce à la nature minéralogique de l’or qui se présente en grain, la société, après des essais, a adopté la méthode gravimétrique essentiellement basée sur la gravité pour exploiter l’or. Aucun produit chimique n’est utilisé. Il n’y a donc ici aucun problème environnemental d’origine chimique.
Les travaux d’installation de deux usines gravimétriques d’une capacité de traitement de 1000 et 10 000 tonnes de minerais par jour sont en cours.

Malgré ces avantages, la société est confrontée à des difficultés pour la fusion des premiers concentrés d’or obtenus avec l’essai de la première unité, selon Boubacar Kané, directeur de l’usine de Wassoulor. A cet effet, elle avait demandé à la direction de la géologie et des mines, une autorisation d’exporter l’or brut pour la fonte à l’extérieur du pays.
On signale également des problèmes de réglage de la même unité pour obtenir une meilleure récupération de l’or. Aujourd’hui, les ressources de la mine mises en évidence sont de l’ordre de 81 tonnes d’or. La production prévisionnelle est de 5 tonnes par an au démarrage. La mine a nécessité des investissements d’environ 50 milliards Fcfa.

La délégation ministérielle ne s’est pas limitée aux mines modernes. Les sites d’orpaillage artisanal de Massioko dans la commune rurale de Misseni (cercle de Kadiolo) et de Traoréla dans la zone de Kalana ont aussi été visités.

Situé en plein cœur d’une forêt classée et à un jet de pierre de la frontière ivoirienne, le site d’orpaillage de Massioko avait fait l’objet d’exploration par la société Barrick qui a évalué les ressources à environ 4 tonnes d’or. A partir de 2006, ce site enregistra une très grande affluence d’orpailleurs venant de toute la sous-région et même d’ailleurs, transformant le lieu en un gros village.

Une longue tradition d’orpillage. Selon Madou Diakité, un des résidents du site, il y aurait entre 40 et 50 000 habitants aujourd’hui à Massioko. Compte tenu de l’importance de la population qui y vit, les autorités ont installé certaines infrastructures comme le centre de santé, une école de trois classes, un poste de gendarmerie, un service des eaux et forêts. Il y a également une base de l’armée. Au regard du danger que représente cette activité d’orpaillage sur l’environnement, les pouvoirs publics ont pris certaines mesures dont la création d’un couloir d’orpaillage, la sensibilisation de la population sur l’utilisation des produits chimiques dangereux.

Quant au site de Traoréla, il possède une longue tradition d’orpaillage. L’or y est exploité de manière artisanale depuis des siècles. Cette activité qui revêt un caractère coutumier dans la zone, a un impact socio-économique non négligeable. Même si aujourd’hui le site ne suscite plus autant d’engouement. En effet, l’exploitation artisanale de l’or est considérée comme une activité de survie, pratiquée non seulement par les hommes, mais aussi par les femmes et les enfants. Vu de l’extérieur, l’orpaillage apparaît comme une activité inorganisée, voir anarchique. Mais, cela n’est qu’une apparence, assure Seydou Keïta, conseiller technique au ministère des Mines. Car, dit-il, l’orpaillage épouse de très près les formes organisationnelles des structures villageoises, communautaires et familiales.

Pour le ministre Abou-Bakar Traoré, la création d’un ministère exclusivement dédié aux mines témoigne de la volonté des plus hautes autorités de faire du secteur un pilier de l’essor économique du pays. Il s’est engagé à œuvrer pour une meilleure organisation du secteur, de ses acteurs et l’extension du secteur à d’autres ressources minières comme l’uranium, la bauxite, le manganèse et le pétrole.

Certaines actions emblématiques sont déjà en cours telles que la création prochaine d’une chambre des mines et l’ouverture d’un compte spécial d’affectation des ressources minières qui servira au financement des activités de développement du secteur.

C.A. DIA

Essor du 23 Juin 2009.