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Awa est une jeune lycéenne. Elle a eu la chance d’avoir une mère qui veille sur ses études, qui la dépose à l’école et la récupère tous les jours à la descente. De la maison, elle ne peut pas sortir sans permission et sans raison.


Elle n’a jamais compris ces règles comme des contraintes jusqu’au jour où elle s’est entichée d’un jeune vendeur de Bazin au marché rose, B. Lah.
B. Lah a connu Awa sur les réseaux.

Leur relation est restée platonique pendant longtemps, limitée juste à des échanges de photos, des communications des heures durant et tardives quand tous les parents dorment. Mais, Awa était une privilégiée dans le milieu lycéen, puisqu’elle ne manquait jamais de crédit, et pouvait même en transférer à ses copines.


C’est tout ce qu’elle pouvait demander, car, sa mère veille au grain, et la questionnerait sur une simple boucle d’oreille qu’elle verrait et qu’elle n’aurait pas payée. Awa se contentait donc d’être celle qui paye tout pour toutes les copines à la récréation.


Maintenant, nos deux tourtereaux ont décidé de se voir. Comment faire ? La seule solution trouvée par Awa a été de sécher les cours. Quand sa mère vient la déposer et tourne le dos, elle fait mine d’entrer dans la classe, tourne derrière et saute dans le premier taxi pour le grand marché. B. Lah, en bon chevalier, est toujours fidèle au bord de la route pour régler la course et accompagner sa dulcinée à la boutique.


Ce stratagème a duré deux mois. Awa s’arrangeait toujours pour être devant le lycée à la descente, et sa mère venait la trouver sagement arrêtée.
Cependant, la chance tournera le lundi dernier. « Je suis allé au marché, nous sommes allés prendre un pot dans une pâtisserie, nous avons bien causé toute la journée. Comme il est convenu que je passe la journée à l’école, je suis donc resté avec B. Lah jusqu’à l’heure de la descente le soir », raconte Awa.


Le soir donc, les deux tourtereaux viennent au bord du goudron. Le premier taxi qu’ils ont hélé passe en trombe, avant, 100 mètres plus loin, de freiner brusquement et de faire marche arrière. « Dès que le taxi est arrivé à notre niveau, j’ai à peine eu le temps de me baisser pour parler au chauffeur que je suis happé dans le taxi. Avant de comprendre quoique ce soit, les coups pleuvaient sur moi. Le Taxi a démarré en trombe. B. Lah qui n’a rien compris comme moi, est resté figé au bord de la route. C’était ma mère dans le taxi, qui, la voiture en panne, a pris un taxi pour venir me chercher. J’ai eu le malheur de tomber sur son taxi ».


Awa a encore les traces des coups reçus ce jour-là. Et depuis, ce jour, la maman a le contact de tous les professeurs, veille à temps réel sur l’emploi du temps. Depuis, Awa n’a plus de téléphone. Depuis, Awa n’a plus de nouvelle de B. Lah.

Soumba Diabaté

@Afribone