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Devant la grande offensive menée par l’armée, Bahanga a perdu et des hommes et du matériel. Au point qu’il en serait réduit à demander, en début de cette semaine, de manière unilatérale, un cessez-le-feu à effet immédiat. Que vont décider les autorités ?

Selon plusieurs informations concordantes, le chef de l’Alliance touarègue du nord Mali pour le changement (ATNMC) serait en train de demander à l’Etat malien un cessez-le-feu. La demande aurait été transmise par les soins de l’Alliance du 23 mai pour la démocratie et le changement (ADC).

Ce soudain revirement de Ibrahim Ag Bahanga fait suite à la grande offensive que l’armée est en train de mener dans le nord du pays. En effet, depuis quelques semaines, les forces armées et de sécurité sont décidées à en finir avec l’insurrection armée de ce groupe. En organisant notamment une gigantesque traque à travers tout le nord. C’est ainsi que, toute la zone est désormais soumise aux ratissages et patrouilles militaires.

Cela semble porter des fruits, car l’armée peut déjà se féliciter de la destruction de plusieurs bases, planques et sites de regroupement que les insurgés utilisent pour préparer des attaques, de la saisie de matériels et armements divers, et de la capture de plusieurs combattants de l’ATNMC. La récente défection des Idnans qui l’avaient rejoints en a rajouté à son désarroi. Ce ralliement au processus de paix pourrait continuer avec le très probable retour des membres de l’ADC.

De sources proches du dossier, la situation serait en voie de se décrisper entre le gouvernement malien et l’Alliance du 23 mai dont les responsables seraient prêts à retourner, sans conditions, à Kidal, en respectant le premier scénario envisagé, désarmement et cantonnement des combattants.

C’est d’ailleurs ces mêmes responsables de l’ADC que le dissident et chef de bande, Bahanga, a saisi pour faire transmettre sa demande de cessez-le-feu. Une demande bien qu’unilatérale, mais qui lui aurait été conseillée par les notabilités et les membres de l’Alliance. En gage de bonne foi, le chef de bande a cru bon de libérer trois officiers de l’armée qu’il détenait encore en otage.


Faut-il avoir confiance en Bahanga ?


Que vont faire les autorités ?
Vont-elles croire que le chef de bande ira jusqu’au bout de sa démarche ? Toute analyse faite, il semble que Bahanga est en très mauvaise posture sur le terrain. Il n’aurait pris cette décision que contraint et forcé par le rapport de forces entre lui et une armée résolue à pacifier et à sécuriser le septentrion malien.

Par ailleurs, à Kidal et à Bamako, les autorités demeurent sceptiques et méfiantes quant aux bonnes résolutions de Bahanga. En effet, ce dernier est un habitué des revirements et voltes faces. Il faut rappeler que lors d’un accrochage entre lui et l’armée, le 20 mars 2008, dans le secteur de Tinzawatène, un cessez-le-feu avait été décidé de part et d’autre pour permettre l’évacuation des blessés par la Croix-rouge.

Quelques minutes à peine plus tard, ses hommes ont appréhendé le convoi humanitaire pour enlever les militaires blessés et les garder en otage. Le 2 avril 2008, suite aux pilonnages des militaires utilisant alors des hélicoptères, le chef de bande avait demandé et obtenu une trêve.

Une trêve qu’il a vite fait de rompre une fois qu’il s’était retrouvé plus en sécurité. Auparavant, alors qu’il était terré dans les grottes de Tegharghar, cerné par des unités de l’armée qui étaient prêtes à lui donner l’assaut, il avait également réclamé et obtenu un cessez-le-feu. Qu’il a rompu peu après, le temps pour lui de se perdre dans les montagnes et de franchir la frontière algérienne ou nigérienne.

Enfin, il faut également rappeler que si Bahanga avait pu, lui et sa famille, jouir de l’hospitalité libyenne, c’était après avoir accepté de cesser les attaques.

Une fois sa famille en sécurité, il s’est empressé de se faire remarquer dans le sahel occidental, en attaquant des garnisons militaires hors de la région de Kidal. Par ailleurs, Bahanga est un membre fondateur de l’ADC, née après l’attaque de Kidal le 23 mai 2006.

Suite à l’accord de paix signé après à Alger entre le gouvernement et les insurgés, il a quitté le groupe pour créer une dissidence, l’ATNMC, qui s’est illustrée dans le nord par des activités extrémistes, notamment la pose de mines antipersonnel, des enlèvements, des attaques contre des positions militaires et des transports civils, des vols et pillages.

Enfin, il y a peu de temps, le chef de bande avait rejoint les membres de l’ADC pour tenter de les convaincre de se joindre à lui. Ceux-ci ont décliné son offre et lui ont assuré leur volonté de respecter l’Accord d’Alger.

C’est pour toutes ces raisons que la demande de Bahanga rencontre actuellement des réticences. Néanmoins, le médiateur libyen semble être décidé à s’impliquer fortement pour un retour à la normale. En effet, le consul général de Libye au Mali, Moussa El Kony, est retourné à Tripoli après avoir obtenu le retour de 140 jeunes Idnans. Selon nos sources, les Libyens sont sur le point de réussir celui des combattants de l’Alliance pour la démocratie et le changement.

CHEICK TANDINA/CH SYLLA

29 JANVIER 2009