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La température ambiante en cette matinée du 25 mars était chaude. L’accueil à l’arrivée de la délégation ministérielle sur la place publique l’était encore plus.
Flûte, tam-tam, danse de takamba, youyous. Même les chevaux qu’on avait habillés avec des parures d’apparat, ne sont pas restés indifférents à l’événement. Ils piaffaient, frappaient le sol avec leurs sabots.

Bref, Tonka a voulu montrer la richesse culturelle qui existe ici, car ayant en son sein des Bozos, Peulhs, Tamasheks, Sonrhaïs, Bambaras, Somonos et Sarakolés.

En sa qualité de « Yaw » (hôte en sonrhaï), c’est le maire de Tonka, Amadou Abba, qui a souhaité la bienvenue au ministre Oumar Ibrahim Touré et à la délégation qui l’accompagnait.

Cette forte présence, a-t-il dit « rassure de l’estime et l’engouement qui anime le gouvernement pour le développement socio-économique et culturel durable, la lutte contre la pauvreté des couches vulnérables de la commune rurale de Tonka ».

Avec environ 3580 km², Tonka compte 27 934 âmes qui ont pour activités principales l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat et le commerce. Le riz, le mil, le sorgho, le gombo sont les denrées les plus cultivées dans les lacs Horo et Fati.

Les agro-pasteurs élèvent les bovins, ovins, caprins, asins, équins, camelins et la volaille locale. La pisciculture procure au Tonkalais des carpes, capitaines, silures et tilapia.

Des ressources qui, à en croire le maire Amadou Abba, « couvrent environs 48% de l’économie de la commune ».

On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Un vieux dicton qu’a confirmé Amadou Abba en déclarant que « l’exercice de ces différente activités dans les lacs Horo et Fati dont les pâturages ont été dégradés a amené les pasteurs à adopter tous les modes d’élevage ».

Et c’est fort logiquement qu’il demandera « la mise en œuvre et la reprise des activités de la culture du bourgou dans les lacs Horo et Fati ».

200 tonnes d’aliment bétail nécessaires pour Tonka

Aussi, le maire de Tonka a déploré la suspension du projet d’appui à l’amélioration des conditions de vie des pauvres et des couches vulnérables anciennement appelé UNSO sur le lac Fati. Un abandon, selon lui, qui se matérialise par « le départ de 80% du cheptel de cette zone vers le lac Horo ».

Notons que le Lac Horo est envahi par le voscia cuspidata, une herbe, selon les spécialistes, très moins nutritive pour le cheptel bovin, ovin et caprin. De plus, le bétail est ici sous la menace de la plus redoutable pathologie parasitaire, à savoir la distomatose.

Généralement à Tonka, la période de soudure s’étend d’avril à juillet, voire, en août. Pour « prévenir la sécurisation alimentaire du cheptel », Amadou Abba a souhaité recevoir 200 tonnes d’aliment bétail pour sa commune. Une quantité nécessaire pour les laitières et les animaux âgés restés sur le territoire communal et qu’on nomme benti.

A quelques mètres de la place publique, dans un enclos, une lourde poussière s’élève. Il y a de l’agitation dans l’air. Des jeunes courent de gauche à droite. Des cris font penser aux dresseurs d’ânes ou de chevaux. Vous ne vous êtes pas du tout trompés.

Bienvenue au projet de protection des animaux (SPANA). Ici, l’âne est roi ou plutôt choyé. C’est certainement pourquoi le ministre de l’Elevage et de la Pêche, Oumar Ibrahim Touré, a décidé de lancer la campagne de vaccination des ânes.

Plus tard, il justifiera son geste par ces mots : « Ici, l’âne est le principal moyen de transport. Cet animal doit pour cela être en bonne santé. C’est pourquoi nous avons procédé ce matin à la campagne de vaccination. Je formule le vœu que la santé de cet animal soit perpétuelle ».

A Kossia la délégation ministérielle a visité la tannerie réhabilitée où la présidente de l’association des femmes des lieux, Siata Sidi, a reçu des mains du ministre Oumar Ibrahim Touré les clés.

Le Sosso, c’est 167 ha de bourgou

167 hectares de bourgou aménagés grâce au projet UNSO depuis 1983 à perte de vue. L’herbe craque sous vos pieds. L’odeur fraîche de cette denrée si importante pour le bétail se mêle à celle de la bouse de vache. Le vent qui souffle ici est celui d’un microclimat. On ne sent presque plus la chaleur torride qui règne.

Avant dernière étape de cette matinée marathon, la bourgoutière du Sosso. Pour la mise en valeur de cet espace, quatre villages, notamment Arabé, Tomba, Tendé et Tonka ont conjugué leurs efforts.

Selon les explications du chef de projet, Dalilo Coulibaly, l’exploitation de la bourgoutière par pâture est réservée aux laitières et aux veaux. La coopérative qui gère l’espace détermine chaque année le quota que chaque village est habilité à utiliser la bourgoutière. Par ailleurs, l’accès à la bourgoutière est conditionné au paiement d’une taxe symbolique de 100 FCFA par tête et par campagne.

Les superficies aménagées permettent d’entretenir près de 3 000 laitières pendant cinq mois, produisant en moyenne 2 litres de lait par vache. Des performances que le ministre de l’Elevage et de la pêche, Oumar Ibrahim Touré, a qualifié de « précieuses » lors de la cérémonie de la rentrée des animaux.

Abondant dans le même sens, le président de la coopérative agro-pastorale du Sosso, Abdoulaye Cissé, a reconnu que « le travail fait par l’ONG a contribué à l’équilibre alimentaire des populations ».

M. Cissé terminera en lançant ce SOS : « La fin du financement du PNUD intervenue en 2003 a considérablement réduit le volume des activités du projet…A cet effet, je me fais le devoir d’être l’interlocuteur de tous les éleveurs de la zone et vous prie de vous impliquer dans la recherche de financement du projet ».

Le financement du projet en vue

Des inquiétudes qui seront apaisées par le ministre Oumar Ibrahim Touré : « le gouvernement a décidé de préparer une nouvelle phase qui sera, cette fois-ci, basée sur l’aménagement des pâturages, la capitalisation des acquis et l’amélioration des revenus des populations à travers les filières d’élevage.

Mon département prendra les dispositions nécessaires pour la mise en œuvre de cette phase. Et, cela, pour le bien-être des populations ».

Il est important de souligner que le gouvernement du Mali est en pourparlers avec le Royaume de Norvège et le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) pour obtenir le financement d’une nouvelle phase du projet.

La matinée a été bouclée par la visite de la boucherie de Tonka.

Paul Mben Envoyé spécial à Tonka

30 Mars 2005