Partager

Le président de l’URD,Younoussi Touré, dont la formation est arrivée en deuxième position selon les résultats provisoires des législatives avec 35 sièges loin derrière l’ADEMA, était l’invité, hier matin de RFI. Avec notre confrère, Christophe Boisbouvier, l’ancien premier a analysé les résultats de ce scrutin, évoqué la question de la candidature de Soumaila Cissé en 2012, et surtout l’avenir de la mouvance présidentielle constitue autour du président ATT. Il ressort de ses propos qu’une bataille pour le perchoir est possible entre l’URD et l’ADEMA. Enfin, Younoussi Touré a clairement indiqué que sa formation politique présentera un candidat à la présidence de l’Assemblée Nationale.


RFI : Younoussi Touré bonjour

Younoussi Touré :
Bonjour


RFI: Votre parti n’a que quatre ans d’existence et pourtant vous avez été deuxième aux dernières législatives. Comment l’expliquez-vous ?

Y.T:
Je l’explique par la nature de notre démarche. Dès notre création, nous avons dis que la classe politique malienne est émiettée. Et notre parti est un parti fédérateur. Donc beaucoup de partis politiques d’envergure moyenne ou petite ont accepté de nous rejoindre. Ces partis se sont dissous et puis se sont fondus dans l’URD. Je crois que les dirigeants de notre parti jouissent d’une certaine crédibilité auprès des populations de notre pays.

RFI : Alors ce qu’il faut dire Younoussi Touré, c’est que vous n’avez toujours pas été pour ATT. En 2002, vous avez soutenu la candidature de Soumaila Cissé contre celle d’ATT. Comme cette année, Soumaila Cissé, président de la Commission de l’UEMOA n’a pas été candidat, vous avez soutenu le candidat ATT. Votre soutien est-il sans réserve ou est-il critique?

Y.T :
Notre soutien a toujours été critique. Nous n’avons jamais été un parti politique qui s’aligne sur tous les aspects de la gestion de ATT. Nous avons toujours été critiques. L’URD n’est pas un parti de laudateurs, il ne le sera pas.

RFI : Quels seront les deux ou trois points de la politique gouvernementale sur lesquels vous allez être vigilants dans les mois qui viennent ?

Y.T :
Nous allons être vigilants d’abord sur la stabilité politique au niveau national. Nous estimons que la question du nord doit être réglée au bénéfice de l’ensemble des Maliens. Nous estimons également que sur le plan économique, des efforts doivent être faits pour que le niveau de vie des Maliens puisse augmenter fortement.

RFI : En 2002, vous avez très mal vécu le fait que plusieurs personnalités de votre parti, ADEMA aient lâché Soumaïla Cissé et soutenir l’adversaire ATT. C’est pourquoi, vous avez fait scission pour créer l’URD. Les résultats des législatives n’ont-ils pas aujourd’hui un parfum de revanche ?

Y.T :
Nous disons aujourd’hui qu’une bonne partie des militants nous ont donné raison, nous font confiance. Ce qui explique les résultats que nous avons obtenus.


RFI : Est-ce un message à des anciens de l’ADEMA comme Marimanthia Diarra ou Seydou Traoré qui avaient lâché Soumaila Cissé pour ATT en 2002?

Y.T :
Nous ne jetons l’anathème sur personne. Nous estimons que tout Malien qui accepte notre projet de société peut venir travailler avec nous pour le renforcement de notre formation politique qui est ouverte.

RFI : A priori, l’ADEMA et votre parti URD vont se partager les postes du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale, comment va se faire le partage.

Y.T :
Le poste du Premier ministre est une prérogative du Chef de l’Etat.
En ce qui concerne l’Assemblée nationale, nous allons présenter un candidat à la présidence. Sans (l’ADP, NDLR) exclure que notre groupement peut présenter un candidat.

RFI : L’ADEMA présentera-t-elle un candidat ?

Y.T :
Ah ! Je crois bien qu’elle va présenter un candidat à la tête de l’Assemblée nationale.


RFI : Donc, il y aura une compétition entre les deux principaux partis de la mouvance présidentielle ?

Y.T :
C’est bien possible ?

RFI : Qui sera le candidat de votre parti ?

Y.T :
C’est notre parti qui le désignera

RFI: Soumaïla Cissé sera-t-il disponible pour la primature ?

Y. T :
Je ne suis pas en mesure de répondre à une telle question


RFI : Vous savez que c’est une rumeur à Bamako ?

Y.T :
Oui vous savez que si vous suivez les rumeurs de Bamako, vous ferez déjà le gouvernement …


RFI : En 2012, Amadou Toumani Touré ne peut pas se présenter une troisième fois, Soumaila Cissé, le fondateur de votre parti sera-t-il candidat?

Y.T :
Je ne peux pas répondre à une telle question actuellement. Nous sommes un parti politique. Donc notre ambition est bien d’être en mesure d’assumer les plus hautes fonctions de responsabilité du pays.


RFI : Aujourd’hui, Soumaïla Cissé est absent du pays, il est à Ouagadougou à la tête de l’UEMOA. S’il reste trop long temps au Burkina Faso, ne court-il pas le risque de se faire oublier par ses compatriotes ?

Y.T :
Mais l’évolution de son parti et les résultats obtenus par son parti montrent bien qu’il n’est pas oublié par ses compatriotes.

RFI : On peut bien imaginer que son parti ait gagné sans lui ?

Y.T :
Pas du tout. Il est très lié à son parti, aux dirigeants de son parti.

RFI : Mais Younoussi Touré, vous savez que les absents ont tort, est-ce que Soumaila Cissé ne prend pas un grand risque ?

Y. T :
Je ne vois pas le risque qu’il prend. Soumaila Cissé a ici les hommes de confiance au sein de son parti. Il ne rompt pas le contact avec la direction de son parti, avec les militants de son parti.

RFI : Donc en clair, il sera candidat de votre parti en 2012 ?
Le parti décidera

Y. T :
En tout cas, vous semblez le souhaiter ?
Ben je le souhaite


RFI : Vous savez que dans la mouvance présidentielle d’autres personnes entendent se présenter comme Dioncounda Traoré, Mountaga Tall, Choguel Maïga. La mouvance présidentielle ne va-t-elle pas exploser ?

Y. T :
Il est difficile de répondre à cette question, 2012 est encore loin.


RFI : Est-ce que logiquement la bataille pour la succession d’ATT ne va pas éclater la mouvance présidentielle ?

Y. T :
Je ne vois pas pourquoi.

RFI : Mais vous n’arrivez pas à vous entendre pour le poste du président de l’Assemblée nationale ?

Y. T :
Vous ne pouvez pas dire que nous n’allons pas nous entendre sur le poste du président de l’Assemblée nationale puisque la compétition n’est pas encore ouverte. Tout reste possible.

Youssouf CAMARA

1er août 2007.