Le manquement grave à la loi N°00-047 du 13 juillet 2000 portant statut des partis politiques de l’opposition en République du Mali, empêche aujourd’hui le Bara de faire dans de bonnes conditions un bilan sérieux des trois ans d’ATT.
Pour autant cette loi dans son article 8 stipule l’obligation des autorités politiques à donner droit à toute requête de l’opposition à la recherche d’information, sans «dérogation aux dispositions relatives au secret professionnel et au secret d’Etat».
Cette violation est déjà là un défaut de la démocratie actuelle au Mali. Mais ce qui frappe d’abord dans l’activité gouvernementale, c’est l’énorme léthargie, certes relatives du gouvernement, je veux dire, des ministres, face à l’activité débordante du Président ATT sur tous les chantiers et sur tous les fronts.
Cela laisse peu de place à l’action cohérente, collégiale et collective du gouvernement censé travailler sur un même programme avec des missions spécifiques. Lutte contre la pauvreté, ATT ; contre les criquets pèlerins, ATT ; insécurité alimentaire, c’est encore ATT qui monte au créneau… Pénurie d’argent ou renforcement de la coopération internationale, c’est ATT en Libye, au Canada, en Italie…
Il y a en outre, un gaspillage énorme des ressources nationales dans des activités non essentielles et non urgentes, telles la construction de maisons de loisirs onéreux ; la création d’institution onéreuses à efficacité douteuses telle le Vérificateur national ; la mobilisation à tout vent et onéreuse des déplacements du Président de la République à l’intérieur et à l’extérieur parfois ; l’entretien onéreux de l’élite minoritaire et bureaucratique de l’Etat ; tout cela au détriment de la construction d’écoles, de centre de santé, de recherche de points d’eau, et de mise en place de politiques en faveur des plus démunis à la campagne, et dans le périmètre urbain.
Ce qu’il y a de négatif au plan politique sur ces trois ans, c’est d’abord la mise en route d’un consensus politique où visiblement tous les protagonistes ne sont pas honnêtes ; c’est de persévérer ensuite alors que l’on sait que le bateau du consensus est fissuré et a pris l’eau de partout.
Mais le Bara s’est longuement et à maintes occasions expliqué sur cette question, inutile d’y revenir. Au jour d’aujourd’hui, malgré les efforts louables déployés par le gouvernement et le président ATT en personne, la pauvreté s’est installée dans notre pays et la misère aussi.
La famine ne frappe plus seulement à notre porte, elle a envahi le pays, prenant à la gorge les plus démunis.
S’il y a un aspect positif de toute cette activité débordante du Président ATT sur tous les fronts, avec à la clef une option libérale renforcée de l’économie malienne, c’est que le Président ATT a compris, mais pas encore suffisamment que le monde a changé, que la marge de manoeuvre qui existait pour les pays du tiers-monde sous la guerre froide, a diminué de façon drastique, et que la domination planétaire économique est capitaliste et ultra-libérale.
Ce qu’il y a de positif encore dans cette activité débordante, c’est la volonté de désenclavement intérieur et extérieur du pays et la recherche d’énergie, sans lesquels il n’y a pas de développement durable.
Mais cette pratique est encore timide à nos yeux car elle va de paire avec le gaspillage énorme de ressources nationales dans des activités non essentielles comme je l’ai souligné plus haut.
Propos recueillis par Boukary Daou
07 juin 2005