Les efforts de lutte contre le terrorisme et le développement au Mali exigent une région stable et sûre dans le Nord. Se glisser dans le Nord du Mali dans l’agitation et la rébellion va sérieusement affecter notre capacité à faire progresser la paix et les objectifs clés de sécurité. C’est du moins l’analyse faite par l’ambassade américaine en date du 18 juin 2008 et que rapporte WikiLeaks.
» Nous voyons la nécessité d’utiliser nos bons offices en Algérie et au Mali afin d’encourager une meilleure compréhension et la confiance entre les Algériens et les Maliens en même temps que nous encourageons l’accélération de l’application des Accords d’Alger. Parce qu’il existe des moyens, pour les Etats-Unis, de travailler dans le cadre des Accords d’Alger sans remettre en cause le rôle de l’Algérie en tant que médiateur primaire dans la crise du Nord au Mali.
Il est important que les Algériens comprennent que l’insurrection touarègue représente une menace pour la sécurité et la stabilité d’un allié démocratique et régional modéré, et que le développement que nous souhaitons tous pour le Nord du Mali est en danger à cause des actes de rébellion en cours et le banditisme.
En outre, l’armée malienne a la responsabilité et l’obligation de sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali, de protéger les populations civiles dans le Nord (dont la plupart reconnaissent que les actes de rébellion entravent le développement). Bien que la confiance du Mali dans la capacité de l’Algérie pour contrôler les rebelles touaregs soit sans doute exagérée, l’Algérie a une certaine influence auprès des chefs rebelles touaregs.
Nous avons besoin de l’Algérie pour utiliser cette influence pour, à tout le moins, obtenir un cessez-le-feu. Le Mali ne sera en mesure d’examiner ses obligations concernant le retour à la pré-2006 dans le Nord qu’une fois que les combats auront cessé les hostilités et que Bahanga et l’ADC auront libéré les prisonniers qu’ils détiennent.
Côté malien, nous devons convaincre le président Touré de la nécessité de lever les unités spéciales malgré les risques inhérents qu’elles font peser sur l’armée malienne. Il y a suffisamment de Touaregs loyalistes et de soldats arabes au sein de l’armée malienne pour prendre en charge une ou deux de ces unités et de contrebalancer les moins dignes de confiance des anciens éléments de la rébellion touarègue.
» Aversion pour la confrontation »
Si les Maliens acceptent de lever une ou deux de ces unités, on pourrait les intégrer dans les événements JCET. Nous faisons également pression sur le président Touré pour qu’il formule une stratégie de relations publiques pour le Nord afin de retrouver le champ de bataille rhétorique d’Ibrahim Bahanga et d’assurer les populations du Nord que le gouvernement malien est en train de trouver la façon de répondre.
Jean-David Levitte, conseiller militaire de Sarkozy, l’amiral Edouard Guillaud et d’autres des Etats-Unis ont informé le commandant d’Africom, le général William E. Ward, le 5 janvier, sur les questions de sécurité dans le Sahel. Les Français souhaitent une coordination (assistance militaire, partage du renseignement et projets de développement) pour aider les pays à faire face à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Selon la France, la Mauritanie pourrait être le « fer de lance » contre AQMI. Le Niger, analyse-t-elle, surprend par son engagement militaire ces dernières années, mais elle pense que le Mali a « une aversion pour la confrontation ».
Le commandant de l’Africom, le général E. Ward, a été invité à Paris pour des consultations les 5 et 6 janvier 2008. Il a discuté de la menace d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) sur le Sahel avec le conseiller du président français Jean-David Levitte, l’amiral Edouard Guillaud, Eric Bucquet et Remi Maréchaux.
Plus tard lors d’un dîner organisé par Guillaud auquel Levitte n’a pas assisté, le groupe a continué à discuter d’un large éventail de la sécurité en Afrique. Le général Ward a été rejoint par BG Haas et Polad M. Brown, le personnel de DAO… Le 6 janvier, le général Ward a participé à des événements médiatiques et plus tard, il a tenu des réunions avec les services secrets français.
Au cours de la première réunion, Guillaud, Levitte, et Maréchaux ont fourni une évaluation de la France d’AQMI (en se concentrant sur le Mali, la Mauritanie, et le Niger), qui a été très similaire de l’évaluation faite par les Etats-Unis. La France voit AQMI comme une menace limitée, mais active et dangereuse, comme en témoignent les récents enlèvements d’otages occidentaux, qui ont été rapidement déplacés vers des zones de confort d’AQMI au nord du Mali.
Guillaud a affirmé que AQMI représente pour la France le plus grand souci de sécurité, et qu’il est vital que le groupe n’ait ni la légitimité ni plus d’espace opérationnel. Le Tchad, le Nord du Nigeria, le Burkina Faso, le Sénégal, la Libye et même la Tunisie seront sous le risque d’influence d’AQMI si le Mali ne le contient pas – avec l’assistance des Etats-Unis et de la France.
Il a évalué la Mauritanie comme le plus efficace des trois pays à faire face à AQMI et devrait être considérée comme le « fer de lance ». Dans le même temps, Guillaud était « surpris » par les tactiques agressives utilisées récemment par l’armée du Niger.
Guillaud et Levitte ont exprimé leur satisfaction pour l’amélioration de la coordination entre les États-Unis et la France ».
14 Décembre 2010.