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Dans notre dernière édition (N°077 du jeudi 29 avril 2010), nous titrions à la Une: « Code des Personnes et de la Famille, l’Imam de Kati Coro menacé de mort ». Eh bien! Le jour-même, une réunion extraordinaire a été concoctée à Kati, à 10 heures, pour destituer l’Imam El Hadj Sékou Ahmadou Diallo, qui avait osé émettre un point de vue différent de celui du Haut Conseil Islamique sur le Code des Personnes et de la Famille.

Cette réunion machiavélique, dirigée par deux membres du Haut Conseil Islamique (Aboulass Coulibaly et Moussa Bah) a regroupé tous les imams de Kati. El Hadj Sékou Ahmadou Diallo, qui y était, a été interdit de parole.

Avant d’être évacué de la salle, au prétexte qu’il serait « un ennemi de Dieu ». Les « amis de Dieu » (puisque ce sont eux qui désignent qui l’est!) ont donc continué leur réunion, en l’absence de l’accusé. Au finish, le décret islamique est tombé, sans appel: l’Imam de Kati Coro est destitué.

Au sortir de cette réunion, la nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre. Les uns refusaient d’en croire leurs oreilles, parce que, disaient-ils, le Haut Conseil Islamique n’a aucune prérogative de destitution d’un Imam. Les autres affirmaient que ce serait un précédent dangereux que de laisser la gestion de l’Islam du Mali entre les mains de ces « fanatiques ».

A Kati Coro, la nouvelle a été très mal accueillie. Les habitants du quartier sont allés en grand nombre manifester leur soutien à leur Imam. Le chef de quartier, Koman Koné, Coordinateur des chefs de quartier de Kati et membre de la famille fondatrice de la ville-garnison, n’a pas manqué non plus de lui manifester sa solidarité et son soutien.

Mais, pour des raisons de sécurité et surtout pour l’apaisement des cœurs et des esprits, l’Imam El Hadj Sékou Ahmadou Diallo, qui refuse la décision et dénonce les grandes manœuvres autour de sa vraie fausse destitution, a évité d’aller à la prière du vendredi dernier. Il a préféré rester chez lui, où il est sous haute, et non moins discrète, surveillance policière.

La préfecture de Kati et son ministère de tutelle sont en train de s’employer à voir bien clair dans ce complot tendant à liquider toute personne qui pense autrement que le Haut Conseil Islamique sur le Code des personnes et de la famille.

Joint par téléphone, pour entendre son argumentation quant au bien fondé de la « destitution » de l’Imam de Kati Coro, le Président du Haut Conseil Islamique, l’Imam Mahmoud Dicko, nous confié ceci: « notre organisation n’a mandaté personne pour se réunir à Kati et destituer un Imam.

Nos prérogatives sont très claires. Nous n’avons aucunement le droit de nommer ou de destituer un Imam. Ceux qui nomment l’Imam sont les seuls habilités à le destituer. Il s’agit des populations de son quartier, qui prient derrière lui.

Les membres du Haut Conseil Islamique dont vous parlez sont natifs de Kati. Peut-être qu’ils ont agi entre eux, responsables religieux de Kati. Encore une fois, ils n’étaient pas en mission pour notre organisation. Je n’ai aucune information sur cette rencontre. C’est une cousine de l’Imam de Kati Coro qui vient de me parler de cette suspension. Pour le moment, je n’ai pas été saisi de la question »

Avant d’ajouter: « maintenant, ce que je vous demande c’est de nous aider à gérer cette situation. Il faut la dépassionner et éviter surtout de jeter de l’huile sur le feu. Nous n’avons pas besoin d’un conflit entre musulmans. Nous travaillons pour l’unité et nous cultivons la tolérance et la liberté d’expression ».

A suivre.

Chahana Takiou

Le 22 Septembre du 03 Mai 2010.