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La délégation était composée, entre autres, en plus de Mme la Ministre, de Gouro Dial, conseiller technique au ministère de l’Education nationale chargé du non formel, de Mme Singaré Salouata Maïga, autre conseiller du même département et de Mme Togola Diama Sissouma, directrice de l’Académie d’enseignement de la rive droite de Bamako.

D’entrée de jeu, à Missabougou comme à Lassa, Mme Ba Awa Kéïta a présenté ses excuses, au nom de la délégation qu’elle conduit, à ses hôtes pour le retard accusé. [NDLR : ce retard était dû à la visite du président Amadou Toumani Touré au Libéria].

Au Centre de formation professionnelle de Missabougou, le maire adjoint de la commune VI du District, Amadou Sawadogo, et le chef du quartier, Sidi Sangaré, de même que le directeur du Centre, Karim Sangaré, et Mamary Benkè Coulibaly, président du comité local de gestion du programme « Alphabétisation fonctionnelle et appui aux initiatives de développement des femmes et des jeunes du quartier de Missabougou », ont tous souhaité, aux membres de la délégation, la bienvenue dans leurs murs.

S’adressant à la Ministre après ces trois premiers intervenants, le directeur du Centre d’animation pédagogique (DCAP) de Faladié, Mory Traoré, a rappelé à Mme Awa Kéïta : «L’éducation nécessite une implication de tous, plus particulièrement celle de votre département».

Ensuite, ce fut le tour du directeur du Centre qui a non seulement cité les 14 filières de formation de l’institution qu’il dirige, mais aussi mis l’accent sur l’environnement physique construit sur 4 hectares et « constitué de 10 bâtiments avec un style architectural adapté au climat ». Karim Sangaré ambitionne de « faire du Centre un des chefs-d’œuvre de l’éducation non formelle ».

Pourra-t-il atteindre les objectifs qu’il s’est fixés ? Y a-t-il un suivi des stages pratiques pour éviter l’absentéisme des stagiaires lors des stages pratiques, en dehors du Centre, dans des PME-PMI privées ? Ces stagiaires ne seront-ils pas utilisés à « faire du thé au lieu de suivre leur stage » ? Le Centre sert-il à former uniquement les ressortissants du quartier de Missabougou ? C’étaient là les inquiétudes de la Ministre.

En tout cas, les réponses données à ces interrogations semblent la satisfaire : « Vous m’avez convaincue », a-t-elle dit avec insistance au directeur du Centre national des ressources de l’éducation non formelle (CNR-ENF), M. Nouhoum Diakité qui l’a ainsi rassurée : « Mme la Ministre, pour moi, Missabougou, c’est le Mali. Et c’est le Mali entier qui nous intéresse, pas une couleur, une religion ou une région. Ce centre ne doit pas former de futurs chômeurs. Nous donnons la priorité à la formation professionnelle génératrice d’emplois ».

Après les discours d’usage dans la salle du bloc administratif qui se trouvait être exiguë pour l’occasion, la visite guidée proprement dite a commencé à 11 h 20 minutes précises. En tout, plus de10 ateliers ont été visités dont le premier est celui de l’alphabétisation fonctionnelle en langue bambara où l’une des élèves, âgée de 13 ans, à la demande d’Awa Keïta, a écrit son nom – « Kadi Koné » -, au tableau sans aucune difficulté. Et ce, après 42 jours de formation sur 45.

De salle en salle, la ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle a exhorté les uns et les autres à aller de l’avant et encouragé les élèves.

Les femmes apprenties teinturières, elle les a ainsi rassurées : « Vous connaissez l’importance du basin dans notre comportement vestimentaire, votre métier a ceci de prometteur qu’il s’agit d’un secteur porteur en permanence ».

Au niveau des aires de production de la coopérative des femmes – qui regroupe 200 personnes ayant à leur disposition plus d’1 ha où elles cultivent des tomates, de l’oignon, des laitues, etc. -, la Ministre a offert une enveloppe de 100 000 FCFA pour les encourager.

Elle en donnera d’ailleurs l’équivalent plus tard à ses sœurs du Centre de formation des femmes de Lassa, deuxième étape de la visite guidée où la délégation est arrivée à 11h 45 après une trentaine de minutes de route.

Ici, le cortège a été accueilli par des femmes plus âgées par rapport à celles de Missabougou. Et par le chef de ce village, Koloba Coulibaly, et ses conseillers. D’après Konimba Camara, un des conseillers, qui a demandé que son village soit électrifié, Lassa est « plus ancien que Bamako ». L’on comprend donc l’intérêt que porte le Luxembourg à ces « fondateurs » de la capitale malienne.

Mais l’essentiel a été surtout dit par Ami Thiam, animatrice et formatrice des formatrices qui assure le secrétariat du Centre.

Dans son long discours en bambara, elle n’a cessé de louer la coopération entre le Mali et le Luxembourg. Un pays ami qui leur a permis, après 5 ans de coopération dans le cadre du projet « MLI/00/001-Lassa » (phase 2) de se transformer aujourd’hui en coopérative.

Ami Thiam a relaté l’ensemble des réalisations faites depuis la phase expérimentale du projet « MLI /98/001 » jusqu’à présent (séchoir pour mangues, salle de couture, caisse de crédit, atelier de saponification, boutique, magasin de céréales, etc) et les activités de formation qui continuent après la fin du Programme en 2003.

Quant à Madame Cissé Tenen Diallo, vice-présidente du Centre, elle a invité les femmes rurales du Mali à venir se former à Lassa : « Nous sommes des femmes rurales. Nos maris ne nous donnent pas assez d’argent pour le prix des condiments. C’est pour cela que cette formation nous arrange ». Avant de préciser que la journée de travail est payée à 500 FCFA. Une somme appréciable dans les zones paysannes.

On le voit, les deux centres, fruit de la coopération bilatérale entre le Mali et le Luxembourg, font beaucoup d’heureux. Mais il est déplorable que les effectifs des classes de Missabougou ne soient pas plus nombreux.

Zoubeirou MAIGA

18 janvier 2006.