Il s’agissait pour le ministre de l’Agriculture de se rassurer que des dispositions ont été prises dans cette région dans le cadre de la lutte contre les criquets pèlerins et de s’enquérir de l’état des cultures.
ll s’agissait aussi pour lui de voir comment concevoir un développement participatif intégré de la région de Kidal. Toute chose qui explique la présence des chercheurs dans la délégation ministérielle.
Kidal est une zone de production et de grégarisation par excellence de criquets pèlerins. Comme à Mopti, des mesures urgentes ont été prises par le service de la protection des végétaux en vue de la lutte contre l’invasion acridienne. Le dispositif mis en place est impressionnant et rassurant.
Pour se rassurer qu’il n’y a pas menace de criquet et éviter toute surprise désagréable, le ministre de l’Agriculture, en compagnie du gouverneur de Kidal et du coordinateur national de l’unité de lutte contre les criquets pèlerins, s’est rendu dans le grand désert de Tamasna dans le cercle de Tin-Essako.
Auparavant, Fakaba Diakité, coordinateur national de cette unité s’est entretenu avec la presse. Selon ce dernier, Kidal est une zone stratégique de premier ordre pour contrecarrer toute tentative de production et de grégarisation des criquets.
En effet, des zones comme l’Adrar des Iforas, le Tamasna et Timétrine, dans le cercle de Tessalit, constituent des portes d’entrée pour les criquets dans notre pays. Et c’est dans ces zones que toutes les conditions de reproduction et de grégarisation sont réunies.
Pour étouffer le poussin dans l’oeuf c’est à dire empêcher toute entrée de criquet dans le territoire malien, Fakaba Diakité fera savoir deux scénarios possibles de prévention. Le premier consiste à positionner préalablement des équipes de prospection dans l’Adrar des Iforas-Est, Ouest et Centre, à Timétrine dans le cercle de Tessalit et dans le désert de Tamasma dans le cercle de Tine-Essako. Ce qui est déjà fait, selon lui, il y a trois semaines.
En effet, 5 équipes de prospection, composées d’Algériens et de Maliens veillent 24 heures sur 24 sur ces zones avec des véhicules de prospection équipés de pompes pulvérisatrices. Le deuxième scénario ne sera nécessaire que si les choses évoluent autrement.
Voilà toute la difficulté dans la lutte contre les criquets tant ces déprédateurs sont imprévisibles. Donc aujourd’hui, toutes les dispositions sont prises pour minimiser sinon réduire au néant toute action nuisible de criquets pèlerins sur toute l’étendue du territoire national.
Le lendemain (jeudi 28 juillet), la délégation ministérielle, avec la même vigueur, s’est rendue à AG-ELHOK situé à environ 180 km de Kidal et à plus de 1900 km de Bamako.
C’est dans cette zone, située aux confins du désert dans le cercle de Tessalit, qu’est basée l’équipe algérienne forte de 59 personnes, de 28 véhicules équipés dont 11 camions équipés d’appareils pulvérisateurs, de 8 Pick-up, de 9 INUMOGS, tous équipés.
Cette équipe algérienne est sur place depuis le 15 juillet et a commencé à travailler le 17 juillet dernier. Elle dispose, en réserve, de 7000 litres de pesticides. Ces produits sont à retourner en cas de non usage.
Le ministre Seydou Traoré a exprimé toute la reconnaissance des autorités maliennes envers la République soeur d’Algérie fortement engagée aux côtés du Mali dans la lutte contre le criquet pèlerin.
En réponse, le chef de la délégation algérienne, M. Sadaou Lagdar, malien comme il l’a dit lui-même, a renvoyé l’ascenseur aux autorités maliennes qui ne ménagent aucun effort pour circonscrire ce fléau.
M. Lagdar, tout en reconnaissant que les conditions sont favorables à la grégarisation, a rassuré qu’il n’y a aucune présence de criquets pèlerins sur le territoire malien.
Quant au ministre de l’Agriculture, il n’a pas caché sa satisfaction. “Espérons qu’il n’y ait aucun criquet cette année au Mali”, a t-il laissé entendre.
Pour le coordinateur national de l’unité de lutte contre les criquets pèlerins, M. Fakaba Diakité, l’Algérie a toujours été à côté du Mali dans la lutte contre les criquets.
Les perspectives pour la région de Kidal
Par rapport au développement de Kidal, le projet “Palmier dattier”, exprimé par la région depuis le 1er forum paysan de Koutiala a été révisé. Il s’agit, à travers ce projet, de développer la production sur place de palmiers dattiers.
Le projet initial, estimé à 16 milliards de Fcfa, est réactualisé et rebudgétisé pour un coût de 2 milliards de Fcfa disponibles.
D’autres projets comme “s’équiper en reboisant” et la construction de barrages de retenue d’eau ont été aussi privilégiés par le ministre Seydou Traoré.
Et des chercheurs sont restés sur place pour étudier à fond ces questions. Certains sites sont déjà explorés par le ministre comme celui d’AKHAL. “ll faut qu’on fasse de Kidal une zone sécurisée” a dit le ministre de l’Agriculture.
“Tout cela est possible”, a ajouté le gouverneur de Kidal. Et la présence de 4 ministres en deux mois dans la région traduit l’engouement des autorités pour la région.
C’est un ministre visiblement satisfait qui a quitté Kidal pour Gao, 3e et dernière étape de sa visite dans le septentrion malien.
Adama S. Diallo, Envoyé spécial
03 août 2005