Les parlementaires, suite à l’appel de l’association « Dynamique », en concert avec le Haut conseil des Maliens de l’extérieur, ont rencontré les immigrés maliens pour expliquer les raisons de la visite de Sarkozy au Mali. Car les Maliens de Paris étaient confus face à l’attitude de leurs dirigeants qui ont accepté de recevoir l’initiateur du projet de loi sur l’immigration choisie. Cette visite était apparue pour nos compatriotes comme une provocation à l’encontre des étrangers à la veille de l’adoption par l’assemblée de ce projet de loi contesté. Pour mettre fin à toute suspicion sur la position du gouvernement, les deux parlementaires, assistés du directeur de l’INPS, du vice-consul, étaient face à des dizaines de personnes qui n’ont cessé de protester contre bon nombre de pratiques au Mali.
Non seulement les problèmes avec le pays d’accueil ont été évoqués mais les débats seront dominés par les difficultés avec le consulat malien à Paris. Concernant la visite de Sarkozy au Mali, Me Tall démentira l’affirmation qui insinue que d’autre pays ont refusé de recevoir le ministre de l’intérieur français contrairement au Mali. Il a déclaré que le Mali a bien agi en accueillant l’initiateur du projet sur l’immigration dite « jetable », pour démontrer que sa loi est désapprouvée par tout le Mali.
Selon lui, cette visite permettra à Sarkozy de découvrir l’hospitalité légendaire des Maliens, mais de lui montrer la consternation des Maliens face à son projet. Ces explications ont très peu convaincu. Toutefois après avoir exhorté les Maliens au respect des lois du pays d’accueil, il dira que l’immigration est devenue un outil de campagne électorale des politiciens français. « La loi sur l’immigration choisie est un recul il est nécessaire de trouver une solution définitive pour régler ce problème. Pour cela une concertation entre les différents protagonistes que sont le pays de départ, de transit et d’accueil est indispensable« , a dit Me Tall.
Le consulat malien interpellé
La quasi-totalité des intervenants ont déploré le mode de travail des agents du consulat. Le consulat loin de résoudre le problème des Maliens est une véritable machine à torture. A leur avis, cette structure ne fait que collaborer avec la police française pour rapatrier les sans papiers. « Ils nous traitent de la pire manière ; souvent pour avoir une passoire, il faut attendre plusieurs mois. L’obtention des simples documents administratifs tels que la carte d’identité, l’acte de naissance ou le livret de famille constitue un véritable casse-tête car le consulat a reparti des jours de dépôt et de retrait sans tenir compte des réalités de la société française. Le plus facile pour eux reste l’établissement des « laisser-passer » pour le rapatriement des maliens, et ceci moyennant une modique somme de 300 euros par personne« , a déclaré Fodé Diawara un jeune ayant passé 36 jours au centre de rétention des immigrés de Vincennes.
Une assertion confirmée par beaucoup de participants tel que Mody Doucouré immigré en France depuis 42 ans qui dira que contrairement aux autres consulats, l’administration malienne ne fait que coopérer avec les policiers français aux détriments de leurs compatriotes.
Des propos démentis par le vice-consul Sissoko qui affirmera toutefois que l’accueil au consulat n’est pas satisfaisant. Il précisera que ce problème du consulat est lié à l’inadéquation du siège qu’il juge trop minuscule pour recevoir dans les bonnes conditions les Maliens. « Les guichets son très peu ; avec l’arrivée du nouveau consul, nous avons prospecté les lieux en vue de les multiplier mais c’est impossible« , a t- il précisé.
Le vice-consul a par ailleurs fortement démenti la corruption autour de la délivrance des laisser- passer. Ce qui a provoqué de vives protestations de la part des immigrés présents à la rencontre. D’autres ont interpellé l’INPS sur l’allocation aux enfants qu’ils jugent très insuffisants : sur 3450 F CFA, les immigrés ne perçoivent que 1000 FCFA, une somme qu’ils ont du mal à obtenir à Bamako.
Sako Doumbia correspondante à Paris
12 juillet 2006