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Laurent Fabius viendra à partir du 27 juin échanger avec les Maliens ses visions sur la mondialisation et sans doute sur l’immigration qui est un thème auquel aucun homme politique français ne peut se soustraire.

Au cours de sa visite, M. Fabius rencontrera les autorités maliennes, la société civile, certains partis politiques comme l’Adéma et le RPM, animera une conférence-débats, ira à la rencontre des notabilités de Bamako, visitera la CMDT, etc.

L’homme que notre pays accueille est aux antipodes de son devancier Sarkozy. Autant celui-ci est agité, nerveux, excité, autant Fabius est pondéré, posé et réfléchi. Autant l’autre est « chaud » et court toujours au-devant de l’actualité, autant Fabius est « froid » et évite les familiarités.

Le n°2 du PS qui ambitionne de conduire la gauche à la victoire en 2007 ne paraît pas son âge, 60 ans. Il paraît éternellement jeune. Cette impression tire certainement sa source de l’année où il a été nommé à Matignon par François Mitterrand comme Premier ministre. En effet, à 36 ans, il devenait le plus jeune Premier ministre de la France. Cela vous marque un homme, surtout un homme politique français.

« J’ai été Premier ministre de 1984 à 1986, à l’âge, comme on l’a souvent dit, où beaucoup commencent leur carrière politique », déclare-t-il.

Pour Matignon, il faut certes la confiance du président de la République mais également de la compétence. C’est le cas de Fabius qui jouissait de la confiance de Mitterrand rencontré en 1974.

De son propre aveu, il a appris à ses côtés à rédiger les discours, à organiser les déplacements, à faire l’articulation entre la politique et l’administration, à convertir les idées en propositions, les propositions en actions, à acquérir l’art du temps.


Aux antipodes de Sarkozy

Pour avoir gagné trop tôt du temps et pour avoir su dompter le temps, il présente le parcours d’un vieux combattant à seulement 60 ans.

Elu pour la première fois, 1er adjoint au maire de Grand-Quevilly, puis comme député de Seine-Maritime en 1978, c’est en 1981 qu’il accède aux responsabilités gouvernementales comme ministre du Budget, à la faveur de la victoire de la gauche. Poste qui requérait de la compétence dans un pays qui avait besoin de reforme.

Après deux ans de combat contre les fraudes fiscales, pour moins de privilèges, Fabius atterrit au ministère de l’Industrie et de la Recherche en 1983. Après la parenthèse de la première cohabitation, Fabius revient au-devant de la scène comme président de l’Assemblée nationale suite aux élections de 1988 jusqu’en 1992, puis de 1997 à 2000.

Dans l’intervalle, l’Européen convaincu qu’il est a été député européen. En 2000, Lionel Jospin alors Premier ministre lui fait appel pour occuper le poste de ministre de l’Economie et des Finances.

Les Africains retiendront certainement de lui son engagement contre les lois de Sarkozy sur l’immigration dont la dernière portant sur l’immigration choisie n’a pas fini de faire couler encre et salive.

Rien que pour cela, on peut parier qu’il aura un accueil chaleureux, en tout cas aux antipodes de celui réservé à Sarkozy. Ayant dédié son action à combattre les inégalités, en France et ailleurs, Fabius se bat pour que la gauche revienne au pouvoir pour la grandeur et l’humanité de la France.

« Je veux que notre pays retrouve non seulement sa fierté en lui-même, mais qu’il apporte, de nouveau, à d’autres dans le monde, et d’abord aux plus pauvres, des réponses, des valeurs, des espoirs. Avec notre victoire en 2007, la France peut redevenir forte, écoutée, respectée. Solide parce que solidaire », affirme Fabius avec conviction et détermination.

El hadj TBM

22 juin 2006.