Partager

La police qui est censée sécuriser une ville est la première à piétiner la loi à Kita. Comme Cerbère, le gardien des enfers, elle brutalise de paisibles citoyens. La porte d’entrée de Kita n’a plus rien à envier à la porte du Purgatoire.

Dès l’entrée de la ville de Kita, le visiteur se rend compte de la mauvaise image des policiers de cette ville paisible située à environ 160 km de Bamako. Ils s’illustrent par des vérifications intempestives des cartes d’identité dans les véhicules de transports en commun dans le but de soutirer de l’argent aux passagers et sans reçu.

La carte d’identité est leur seule référence. Ils ne prennent en compte ni passeport, ni permis de conduire ou autre ordre de mission. Les populations de Kita sont-elles dans une République à part où ce sont des policiers mal formés et cupides qui font étalage de leur inculture au grand jour ?

« Une fois, j’ai quitté Bamako à 6 h du matin pour Kita. J’étais à moto. A 11 h déjà, j’étais au poste de contrôle de Kita où les policiers m’ont réclamé les pièces de la moto. Je leur ai montré la vignette. Ils m’ont ensuite demandé la carte grise. J’ai été surpris car je n’ai jamais imaginé qu’une moto peut avoir la carte grise » , raconte un autochtone de Kita, résident à Bamako.

Il continue : « ils ont conduit la moto au commissariat. En quittant Bamako, j’avais le plein d’essence. Mais, en embarquant ma moto dans leur véhicule, ils ont versé tout mon carburant. J’ai pu récupérer mon engin grâce à un parent haut placé. Ce dernier leur avait conseillé que ce n’est pas à tout le monde qu’ils doivent s’en prendre ».


Patrouilles hors normes

Dans la ville, les limiers de la Capitale de l’Arachide font pire. Ils procèdent couramment à des rafles dès zéro heure, opérations au cours desquelles ils n’ont que faire du respect des droits de l’Homme. Ils prennent tous ceux qui n’ont pas de carte d’identité, qu’ils soient enfants ou adultes, jusque devant les concessions familiales.

Votre serviteur a eu la malchance de passer la nuit avec un enfant dans la garde-à-vue du commissariat. Selon le garçon, « j’étais en train de prendre le café chez un cafetier à proximité de ma famille. Quand j’ai vu les policiers, j’ai voulu prendre mes jambes à mon cou car je ne possédais aucune pièce. Mais, le vendeur de café m’a dit de rester assis. C’est ainsi qu’ils sont venus me cueillir ». Le jeune n’a recouvré sa liberté que le lendemain aux environs de midi quand ses parents sont venus payer la contravention fixée à 3000 F CFA.

Une personne prise lors des rafles doit seulement, à notre connaissance, passer la nuit dans le « prévenu » et relâchée le lendemain. Mais, à Kita, les personnes prises en rafle passent plus de trois jours au violon alors qu’elles ne sont pas des délinquants.

Le « violon » du commissariat de Kita est un enfer sur terre. Ses « locataires » y sont dans des conditions infra humaines et sont sujets aux effronteries des policiers qui n’ont de loi que la leur. Un inspecteur de police dudit commissariat qui procédait à ma libération a dit ceci : « La loi est comme l’araignée qui ne saisit que les plus faibles ».

Des notabilités de la ville de Kita qui en ont assez de leur police ont encore en mémoire les vives représailles que le commissariat avait subies lors des événements de mars 1991. Un policier devenu handicapé moteur par la suite a été malheureusement brûlé vif dans le saccage de son domicile puisqu’il faisait mal parler de lui. Il est décédé des suites de ses blessures.

Une leçon à méditer normalement.


Sidiki Doumbia

25 Septembre 2008