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Beaucoup de jeunes filles en âge de se marier optent de plus en plus pour le regime polygamique. L’évolution des mentalités altère souvent certains phénomènes sociaux dans l’air du temps. La monogamie ou la polygamie se situe à ce niveau. L’option pour l’un ou l’autre de ces régimes matrimoniaux n’a jamais cessé, depuis plusieurs décennies, d’alimenter les discussions. Les débats sont parfois vifs entre les fiancés ou entre les parents des futurs conjoints.

jpg_couple3-2.jpgIls se terminent dans la plupart des cas sur des prises de positions tranchées entre les futurs conjoints. Le consensus est obtenu après plusieurs séances de négociation. La monogamie n’a jamais eu les faveurs dans notre société. La polygamie par contre ulcéré la majorité des jeunes générations. Il semble aujourd’hui que cette dualité des options matrimoniales se dissipe. Les fiancées se prononcent de plus en plus en faveur du régime polygamique.

Longtemps considérée dans certaines coutumes de notre pays comme le régime matrimonial le plus prisé par les hommes, la polygamie est le régime de mariage le plus répandu dans notre société. Ses adeptes ne manquent pas d’arguments pour expliquer leur choix. Dans la société traditionnelle, les garçons se mariaient entre 17 et 18 ans ; les filles entre 13 et 15 ans. À cause de la maternité, des travaux champêtres et ménagers, la femme est très vite affaiblie physiquement. À 40 ans déjà, les petits problèmes de santé sont nombreux. En plus de la ménopause, les femmes ont du mal à bien remplir les devoirs conjugaux. L’homme se trouve donc dans l’obligation de prendre d’autres épouses. Ainsi, l’homme monogame était mal vu dans la société.

Mais toute société évolue et se modernise. Depuis une vingtaine d’années, surtout depuis d’accession des femmes aux postes de responsabilités, les mentalités également ont beaucoup évolué. Ainsi, depuis le début des années 80, la monogamie s’est vulgarisée. Certaines filles imposaient le choix de la monogamie à leurs futurs époux. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Certaines coutumes, comme la polygamie, continuent de prospérer, surtout celles dont la survivance arrange bien les affaires des hommes. La polygamie est aujourd’hui en pleine expansion, surtout au niveau des jeunes.

Avec le consentement de l’épouse

La monogamie est le régime juridique autorisant un homme à épouser une seule femme et une femme un seul homme. La monogamie a pris depuis peu de nouvelles nuances dans notre pays. La plupart des femmes ayant opté pour la monogamie ont un jour ou un autre regretté ce choix. Les exemples de couples monogamiques sont lésion aujourd’hui qui vivent dans la mésentente perpétuelle.

C’est le cas de Mme Mounira Cissé est épatant. Mariée depuis 23 ans sous le régime monogamique, elle est aujourd’hui en instance de divorce. « Après nos études il y a 24 ans, nous avons décidé d’un choix commun de nous marier sous le régime de la monogamie. Mais, il y a 13 ans, mon mari a rencontré une autre femme, qu’il voulait épouser. Je me suis catégoriquement opposée. Malgré mon refus de changer de régime mon époux a construit une maison cette dernière avec qui il eut 4 enfants. Aujourd’hui encore, mon mari partage ses nuits entre moi et cette dernière », développe notre interlocuteur qui avait fini par accepter sa situation.

« Mais, depuis un an, mon époux a décidé de régulariser sa situation avec sa concubine. Il a donc demandé le divorce, au début j’ai refusé parce que j’aime toujours mon mari, tôt au tard, le divorce sera prononcé car il est décidé à se débarrasser de moi », a lancé avec tristesse Mme Cissé.

Comme, Mme Mounira Cissé, des centaines de femmes dans notre pays vivent le calvaire pour avoir choisi la monogamie. Il y aurait des volumes entiers à écrire sur la monogamie et sur les troubles qu’elle provoque au sein des foyers. À l’origine de ces soubresauts sont les relations amicales innocentes de l’époux avec une autre femme en dehors du foyer. Ce contact assidu se transforme vite en concubinage suivi plus tard d

u mariage religieux. La coépouse illégale affiche alors sa détermination à être officiellement reconnue comme deuxième épouse. Les textes qui autorisent la monogamie insistent sur le fait que l’homme ayant opté pour le mariage monogamique aura la faculté de réviser son contrat “mais” avec le consentement de l’épouse.

Cette disposition du code du mariage est aujourd’hui allègrement bafouée par les hommes. Ils veulent s’attacher par le lien le plus solide la femme qu’ils convoitent. La plupart du temps, l’époux ne demande même pas l’avis de sa première femme à plus forte raison son consentement. L’époux est donc obligé de prendre une maison en location pour abriter sa concubine en attentant le divorce de l’épouse légale. La concubine devient donc la préférée.

Elle peut se permettre toutes les exigences et tous les caprices. Elle accède au titre tant recherché de “baara muso” attribué par les visiteurs bien informés. La première épouse est obligée de céder du terrain. Elle finit par se retrouver reléguée dans la case des regrets. Elle est placée ainsi devant une sorte de “mur des lamentations”. Elle est obligée de changer de régime ou divorcer. De nos jours blessés dans leur orgueil des centaines d’épouses incapables d’accepter de partager leur mari demandent la dissolution des liens du mariage.


Dignité bafouée

En effet, l’épouse légale moins bien traitée qu’une autre se sent aussitôt rabaissée et se lance dans un combat sans relâche pour rétablir sa dignité bafouée. Elle n’aura de cesse que le jour où elle estimera avoir retrouvé son rang face à sa rivale. Mais entre-temps, la maison se sera transformée en un véritable enfer.

Paradoxalement, le duel est encore plus féroce lorsqu’il oppose deux femmes intellectuelles et professionnellement actives. Car elles ont aussi une image extérieure à défendre vis-à-vis de leurs collègues et de leurs relations sociales. Aucune d’elles ne cédera le moindre pouce de terrain et l’affrontement, qui se fait à coups d’injures, de moqueries, de commentaires perfides, de médisances et parfois de coups, peut s’inspirer des motifs les plus bizarres.

Conscientes de ces nombreuses dérives qui découlent de la monogamie, beaucoup de jeunes filles en âge de se marier se sont résolument tournées vers la polygamie. Selon un élu communal, sur 100 mariages célébrés, 98 % optent pour la polygamie. “Avant les femmes se battait pour la monogamie, mais aujourd’hui elles choisissent toutes pour la polygamie. Il nous arrive quelques, d’interrompre la célébration du mariage parce que l’homme veut pour la monogamie et la femme pour la polygamie. On leur met dans une pièce pour leur permettre de se mettre d’accord. La plupart du temps, c’est le choix de la femme qui est définitif” a développé l’élite.

Fatoumata Diarra est étudiante à la Flash. Marié depuis 6 mois sous le régime polygamique, elle explique les raisons de son choix. « Pour moi, la polygamie, est le meilleur choix. Il n’y a ni effet de surprise, ni menace de tractations judiciaires quand mon mari voudra prendre une autre femme. L’homme est ce qu’il est. Aujourd’hui, c’est moi qu’il aime. Demain son cœur pourra basculer vers une autre. Pour être à l’abri de toute surprise, j’ai insisté auprès de mon mari pour choisir la polygamie », a affirmé la jeune Fatoumata faisant preuve de sagesse précoce.

Le sociologue Abdoul Karim Sacko explique que « la monogamie est une importation européenne ». Il ajoute que « le Malien est traditionnellement polygame, même si après une expérience de mariage très réussis, certains hommes décident de ne plus prendre une deuxième femme ». Selon le sociologue, la culture est le mode de vie d’un peuple avec ses expériences propres. Elle plante toujours ses racines dans un passé plus ou moins lointain et qui le caractérise. Elle n’est pas une chose statique, elle est appelée à évoluer, à se parf

aire avec le temps et les nouvelles expériences faites par cette société.
Le chercheur Abdoul Karim ajoute que le contact avec une culture étrangère a toujours été de manière souvent inconscient, un moment d’échange, ou mieux, de copie et d’intégration mutuelle de certaines valeurs de l’autre, absentes ou moins en exergue dans l’une.

Il cite la monogamie. Elle a été mal copiée par les Africains sans en mesurer les conséquences sociologiques. Aujourd’hui la nouvelle génération plus évoluée commence à comprendre que la monogamie telle que copiée par mimétisme n’est pas une solution pour eux. Cette prise de conscience a suscité aujourd’hui la réticence de beaucoup de jeunes face au choix de la monogamie.


Trafic de drogues : Quand les femmes s’y mettent

Elles sont nombreuses à avoir succombées à la tentation de l’argent facile

Depuis quelques années, notre pays subit les assauts répétés des réseaux internationaux de trafiquants de drogues. Ils sont déterminés à faire du Mali, un lieu de prédilection de leurs activités délictueuses. Mais c’est sans compter avec la perspicacité des forces de répression, comme les Douanes, très présentes aux frontières. Les saisies de cocaïne se sont notablement accrues aux frontières, surtout au poste d’entrée Mali-Guinée.

Les narcotrafiquants utilisent des astuces insoupçonnées pour tromper la vigilance des douaniers. Ils avalent des boulettes de cocaïne, ou utilisent des valises à triple-fond. Ils transportent des produits illicites sous une forme liquide. L’efficacité des limiers maliens a lourdement frappé ces hommes qui introduisent les drogues chez nous. Ces esprits malins ont chassé leur fusil d’épaule.

Ils ont maintenant recours à des brigades féminines de dealers. De plus en plus les trafiquants internationaux de drogue se tournent vers des femmes pour faire passer les produits illicites entre les mailles des services de répression. Elles sont nombreuses à avoir succombé à la tentation de l’argent facile. Elle ont accepté le compromis de risqué de perdre la liberté et d’aller en prison car le jeu en vaut la chandelle.

« Dans notre pays, la femme est très respectée. Certaines, âpres au gain profitent cette considération pour servir de passeurs aux réseaux de trafics de stupéfiants. Elles transportent de 5 à 10 kilos sous leurs vêtements sous forme de ceinture autour de la taille et du buste.

Elles cachent des dizaines de boulettes ou de briquettes dans leurs sacs à mains et parfois dans leurs parties intimes ou dans des glacières truquées. Ces aventurières reçoivent une somme considérable pour acheminer les produits prohibés. “Les audacieuses sont convaincues qu’elles ont toutes les chances de passer inaperçues car elles ne passent que des petites quantités”, explique Ibrahim Condé, chef de bureau de la Douane de Kourémalé.

Ce douanier très vigilant a enregistré des résultats exceptionnels en matière de lutte contre la fraude. Il révèle que 90 % des marchandises de contrefaçons et des produits prohibés (cigarettes, médicaments et drogues) sont transportés par les femmes de diverses nationalités. La drogue (chanvre indien, cocaïne, héroïne et autres substances psychotropes) est le dada des Nigérianes, ghanéennes, gambiennes ou libériennes. Quelques Guinéennes occupent ce créneau.

Les médicaments, cigarettes, pagnes et autres produits de contrefaçons, sont illégalement introduits par des guinéennes, des Sénégalaises et des maliennes. La drogue est une affaire de gros sous. Elle rime très souvent avec corruption et blanchiment d’argent. Les trafiquantes usent parfois de leurs charmes ou de la corruption pour passer l’ensemble des barrières.

Le Mali est considéré comme un pays de transit privilégié. La conjoncture économique difficile et la recherche de l’argent facile poussent de plus en plus de maliennes dans les bras des réseaux mafieux sans se faire trop prier. La saisie, le mois dernier, d’une valise contenant des centaines de millions montre à suffisance que nos sœurs participent également au blanchiment d’argent. En effet, les narcotrafiquants font transiter des sommes faramineuses d’argent d’origine douteuse. Ils usent d’astuces d’une ingéniosité inouïe.


Doussou DJIRÉ

Essor du 05 Décembre 2008