Partager


C’est le samedi dernier que la Cour Constitutionnelle du Mali a proclamé les résultats complets définitifs du scrutin présidentiel du 29 Avril 2007. Prévue pour 17heures, la cérémonie a finalement commencé deux heures après. Cette longue attente a augmenté les craintes d’une part, et les supputations de l’autre. Mais les neuf sages, par l’intermédiaire de leur président, M. Salif Kanouté, proclamera les résultats pour le bonheur des uns et le désarroi des autres.

Dans la salle, certains disaient même que le verdict de la Cour Constitutionnelle serait si surprenant que les neuf sages ne sauraient pas comment affronter le peuple. D’autres qui étaient loin des lieux et qui attendaient tout bonnement la retransmission de la cérémonie à la télévision nationale, ont simplement conclu que l’ORTM était dans une incapacité manifeste de faire le direct. L’atmosphère devenait même électrique par endroit.

Mais il n’en n’était rien. Les neuf sages n’avaient, en réalité pas fini de statuer sur toutes les requêtes enregistrées à leur greffe. Et de source proche de l’institution, les neuf conseillers n’avaient pas plus de trois heures de repos depuis qu’ils ont commencé à travailler sur les multiples requêtes formulées.

Composée de neuf conseillers dont trois femmes et six hommes, la Cour Constitutionnelle, cinquième des huit institutions de la République du Mali, a comme mission principale de statuer sur les irrégularités de nature à entacher la sincérité d’un scrutin. Les membres de la Cour Constitutionnelle sont désignés ainsi que suit : trois par le Président de la République, trois par le Président de l’Assemblée nationale et enfin trois par le Conseil Supérieur de la Magistrature.

La particularité de la Cour Constitutionnelle c’est que non seulement ses décisions s’imposent à tous mais elles sont également sans appel.

C’est donc cette institution qui, après plusieurs jours de huis clos consacrés au décorticage des plaintes, a rendu son verdict. Les requêtes formulées étaient relatives aux cas de fraude évoqués par les quatre candidats composant le FDR.

Ils ont dénoncé selon eux, les cas de fraude généralisée à savoir le tripatouillage du fichier électoral, l’utilisation des moyens de l’Etat, des journalistes et des caméras de l’Etat, du carburant. Les griefs des candidats du FDR ont également porté sur ce qu’ils ont qualifié de campagne précoce et forcenée du MC et de la Fondation pour l’Enfance à travers les dons de moulins, de charrettes, de bouilloires et de vivres relayée par l’ORTM.

Pour les candidats du FDR, le slogan « un Mali qui gagne », l’utilisation abusive des procurations dans les casernes, l’octroi de primes aux gouverneurs, préfets et sous-préfets à quelques jours du scrutin, ont permis au Président Touré d’obtenir ce score qu’ils ont qualifié de diabolique par le truchement du bourrage des urnes.

Les intérêts de IBK, de Tiébilé Dramé, de SBM et de Mamadou Bakary Sangaré étaient soutenus dans les différentes requêtes par Me Hamidou Diabaté, Me Gakou, Me Cheick Cissé etc.

Le camp présidentiel s’est offert les services de Me Magatte Seye, Me Alou Diarra etc. semble avoir bien ficelé son dossier car la victoire a été au rendez-vous.
_C’est ainsi que sur les 6.884.352 électeurs inscrits, 2.494.846 électeurs ont voté alors que198.518 bulletins nuls étaient dénombrés. La Cour Constitutionnelle après avoir statué, a invalidé 30.845 suffrages et validé 2.265.483 autres soit 36,24%.

Et puisque la majorité absolue est de 1.132.742 voix, le candidat Amadou Toumani Touré ayant obtenu 1.612.912 voix soit 71,20%, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 29 Avril 2007 dès le premier tour.

De l’analyse de la sentence de la Cour Constitutionnelle, il apparaît que les avocats des candidats du FDR ont fait preuve d’amateurisme. Ils ont surtout évoqué des cas de fraude sans pour autant apporté la moindre preuve. Une chose est de dénoncer mais une autre est de produire des pièces à conviction. Ainsi marche la justice au Mali comme partout ailleurs.

Le Président ATT aura quelques jours pour savourer sa victoire avec ses partenaires d’ici le 08 Juin prochain, date de son investiture. Surtout que les mauvaises langues n’en profitent plus pour dire qu’il est évacué sur le Maroc, la France ou Guadalajara.

Bonne chance Président pour le second mandat !

Diakaridia YOSSI

14 mai 2007.