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Les acteurs qui ont investi le créneau se frottent les mains. Les sacs d’arachides s’écoulent comme de petits pains au grand bonheur des consommateurs et les vendeurs.

L’arachide est une plante de la famille des légumineuses. Son fruit s’appelle cacahuète ou cacahouète, pois de terre, etc. Cette légumineuse qui inonde aujourd’hui Bamako est très prisée des habitants de la capitale. Portant sur la tête des paniers ou de grandes assiettes remplies de fruits d’arachides, ces vendeuses sont visibles un peu partout à travers la ville des Trois caïmans. Elles vont d’un marché à un autre, d’un quartier à un autre, de services en services en quête de pain quotidien. Certaines tiennent au coin de la rue de petits étals de vente d’arachides fraîches, bouillies, grillées. Où s’approvisionnent-elles ? Arrivent-elles à tirer leur épingle du jeu ? Quid des producteurs ?

Cultivée dans certaines zones notamment à Kita, Kayes et Sikasso, l’arachide contribue à la lutte contre l’insécurité alimentaire, participe à l’autonomisation des femmes. Elle rentre dans la consommation alimentaire. à ce titre, de petites unités la transforment en pâte d’arachide destinée à la préparation de sauce (sauce d’arachides par exemple).

La paille ou les fanes servent d’alimentation pour le bétail. La vente des fanes comme fourrage génère des revenus importants pour les exploitants. «Je peux vendre 20 sacs de 50 kg et 10 sacs de 100 kg d’arachide par jour», confirme Mamadou Diakité, commerçant grossiste.

Attia Dembélé est vendeuse ambulante. Elle fait de bonnes affaires avec une recette journalière estimée à 5.000 Fcfa. La marchande à la sauvette paie généralement le sac de 50 Kg au marché de Ouolofobougou entre 6.000 et 6.500. Souvent, elle achète le sac de 100 kg, dont le coût varie entre 10.000 et 12.500 Fcfa pour le revendre en détail.

«Je ne me plains pas, car j’arrive à subvenir à mes besoins quotidiens grâce à cette activité commerciale», se réjouit Attia Dembélé. également vendeuse de détail d’arachide, Djénéba Coulibaly dit se frotter les mains. Malgré l’abondance de la marchandise sur le marché de Bamako, elle peut vendre un sac d’arachide par jour pour un bénéfice net estimé à 4.000 voire 5.000 Fcfa. Pour elle, il y en a pour toutes les bourses à partir de 50 Fcfa.

Comme elle, plusieurs vendeurs ou revendeurs d’arachide s’approvisionnent au marché de Ouolofobougou ou à la gare de Bougouni communément appelé «Bougouni place». Ces marchés sont par excellence les principaux lieux de ravitaillement des revendeurs. Les ressortissants des pays voisins tels les Sénégalais viennent s’y approvisionner également.

Rencontrée à «Bougouni place», Aminata Coulibaly vient de se ravitailler. Elle spécule : «Cette année, il n’y aura pas de rupture d’arachide, vu le nombre de sacs qui descendent sur le marché chaque jour depuis plus d’un mois.» Pour elle, les prix sont raisonnables, le sac de 50 kg est cédé entre 6.000 et 6.500 Fcfa, contre 10.000 à 12.500 Fcfa pour celui de 100 kg.

Producteur venu de Sikasso pour vendre une partie de sa production, Adama Koné abonde dans le même sens. Il estime que les Maliens ne peuvent pas consommer la quantité d’arachide que se trouve actuellement sur nos marchés. D’où la nécessité, selon lui, d’exporter une partie du produit pour éviter des pertes sur rendement. Surtout que c’est plus bénéfique de vendre aux étrangers, ajoute-t-il, précisant que sa productivité est meilleure cette année comparée à l’année passée.

Malgré l’abondance de l’offre de produits, chacun trouve son compte. «J’arrive à vendre plus de 50 sacs d’arachides. Il en existe des sacs de 100 et de 50 kg, vendus respectivement à 15.000 et 7.000 Fcfa», révèle le grossiste Bourama Niambélé, précisant qu’il préfère vendre uniquement aux Sénégalais qui mettent, selon lui, le prix.

La transformatrice Assétou Koné profite de cet excès pour faire le plein. «C’est le moment propice pour faire la provision», reconnaît-elle. Car, passé cette opportunité les prix grimpent, soutient-elle. Les techniques de conservation à long terme utilisées en la matière pour éviter la putréfaction sont le séchage, le grillage, etc.

Il faut rappeler que les objectifs de production d’arachide pour la campagne agricole 2019 étaient, selon la 9e session du Conseil supérieur de l’agriculture (CSA), estimés à 548.966 tonnes, contre 516.204 tonnes en 2018 soit une hausse de 6 %. Il était prévu une superficie de 552.481 ha pour atteindre cet objectif.

Anne-Marie KEÏTA
L’Essor du 11 Septembre 2020