En plus, on a assisté ces temps-ci à la multiplication de critiques de la gestion du pouvoir. Le terme le plus usité ces temps-ci est la banalisation du pouvoir, contre laquelle d’ailleurs on propose peu d’alternatives crédibles. Or, nous sommes à une étape du processus démocratique où la gestion du pouvoir s’est compliquée, notamment avec la conjugaison de multiples facteurs naturels que sont l’invasion acridienne et son corollaire d’insécurité alimentaire, ainsi que la crise du secteur coton, culture qui représentait un pilier de l’économie malienne frappé par l’effet dévastateur des subventions des pays du Nord avec la baisse des prix au producteur.
A cela s’ajoute naturellement la crise ivoirienne représentant un handicap économique majeur. Et, comme si cela ne suffisait pas, le sport s’en est mêlé, avec à l’issue du match Mali-Togo, un vandalisme sans précédent des supporters manifestant leur colère à l’issue de la défaite . Il faut préciser que les dégâts matériels enregistrés ont été importants. L’Etat, ainsi que des privés ont subi des pertes énormes. Mais au-delà de l’aspect matériel, l’autorité de l’Etat a été mise à rude épreuve, et l’incivisme s’est étalé au grand jour.
Autres conséquences, c’est l’insécurité dans laquelle des citoyens se sont retrouvés au coeur même du District qui renvoie à un laxysme coupable qui, si on ne prend des mesures énergiques, est en passe d’entamer la confiance des citoyens vis-à-vis des pouvoirs publics. Or, cela n’est pas du tout souhaitable à un moment où certains acteurs politiques se livrent à des jeux de cache-cache interminables.
C’est d’ailleurs dans cette mouvance que certains tentent de faire une exploitation politicienne du vandalisme de la nuit du 27 au 28 mars derniers. Comme il n’est un secret pour personne, les adversaires politiques, il en existe toujours, profitent des moindres situations pour tenter de tirer leur épingle du jeu politique. En effet, on a vite fait de crier au scandale, à l’absence d’autorité de l’Etat dans une situation aussi délicate que la foule en délire dans les rues.
ERREUR STRATEGIQUE
Au regard de l’ampleur des dégâts matériels causés, on estime que les forces de sécurité n’ont pas joué leur rôle de protection des personnes et des biens, pour n’avoir pas songé à prévenir une telle situation explosive aux conséquences incalculables. Le Président de la République a vu juste en ayant une réaction rapide avec la prise de sanctions à l’encontre de certains responsables chargés de la sécurité des personnes et des biens, en l’occurrence les Directeurs généraux de la police, de la gendarmerie et de la sécurité d’Etat. S’il n’avait pas agi ainsi, on aurait conclu à une indifférence de sa part face à une situation aussi révoltante. C’est là qu’on dit que lesdites sanctions viennent à point nommé quand on sait que la sécurité des personnes et des biens n’a pas de prix. Qu’à cela ne tienne, on estime, au sein de l’opinion publique nationale, que seul un pas a été franchi avec ces sanctions. C’est pourquoi on espère que d’autres ne tarderont pas à payer pour leur indifférence ou leur négligence.
NECESSAIRE REVISION DE L’ADMINISTRATION DU FOOTBALL
Au-delà de l’aspect sanctions, il y a lieu de s’attaquer aux racines du mal du football malien pour que plus jamais de tels incidents ne se produisent sur fond de football. A bien analyser la situation, on se rend compte que le football malien traverse depuis quelques mois une profonde crise., qui du reste, n’a pu être convénablement gérée. Loin de nous la prétention de justifier le comportement des vandales, mais il est temps de revoir la gestion de notre football qui ne saurait se développer dans un climat de tensions et de suspicions interminables. A ce niveau, ce sont toutes les parties impliquées qui doivent être diagnostiquées afin de trouver des thérapies adéquates aux multiples maux qui gangrènent le football.
Moussa SOW
5 Avril 2005