L’architecture en terre tombe, malgré ses avantages énormes, en désuétude avec les nouvelles techniques de construction en béton. Face à cette problématique inquiétante, Fisa-Mali vient d’initier un projet de dynamisation des architectures de terre.
Cet ambitieux projet, soutenu par Fisa International et le ministère de la Culture du Mali, a pour objectifs de dégager l’architecture de terre de sa dépréciation actuelle, faire connaître les forces et la recherche de l’architecture africaine, appuyer les recherches appliquées sur les matériaux locaux et sensibiliser les politiques et les financiers à la promotion d’un habitat issu des forces sociales et culturelles régionales.
Le projet comporte deux phases. La première, qui a été mise en œuvre le jeudi dernier, porte sur une exposition internationale itinérante d’un mois au Mémorial Modibo Kéita et la publication d’un ouvrage didactique à destination des bibliothèques scolaires et municipales.
L’exposition, inaugurée par le ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko, comporte 33 toiles de grand format sur l’architecture de terre qui mettent en exergue la richesse du patrimoine de l’empire du Mali. Les tableaux portent essentiellement sur les images de certaines mosquées en terre du Mali, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Le visiteur remarquera le ton vivant de cette exposition qui est une première du genre dans notre pays, a dit le délégué de Fisa-Mali, Abdoulaye Deyoko.
La phase 2 du projet, plus innovante, porte sur la création d’une école de maîtres-maçons à Pèlengana dans le cercle de Ségou pour la transmission des savoirs et savoir-faire traditionnels ainsi que des acquis des techniques nouvelles. Il s’agit, à travers ce projet, de donner à la terre toute sa valeur et toute sa portée car « au niveau de l’architecture de terre, le Mali dispose d’un atout immense qu’il méconnaît et qu’il faudra revaloriser », a expliqué le président de Fisa Internationale, Jak Vauthrin.
La terre crée et cultive notre espace à la fois social et mental. Elle façonne la glaise par de multiples apports symboliques. La vision architecturale renvoie intentionnellement à la volupté sculpturale tantôt naturaliste tantôt sensuelle d’un art profondément enraciné dans l’histoire de traditions des us et coutumes. La terre joue de la magie. D’où le slogan du ministre de la Culture à l’ouverture de l’exposition « Magies en terre et l’empire du Mali » : « pas de béton, pas de ciment, pas de tôles ».
L’architecture de la terre, dira-t-il, est devenue une préoccupation pour le gouvernement du Mali depuis la consécration en 1988 de deux villes du Mali, patrimoine mondial à cause de leurs mosquées en terre. Le ministre a salué l’initiative de Fisa avant d’inviter les uns et les autres à revaloriser la terre.
En plus de ces projets, Fisa-Mali va mettre en place un programme de création d’équipements urbains soutenables à Bamako soit 2 centres d’alphabétisation et de formation par l’informatique, un atelier communautaire féminin de poterie et céramique, un centre de formation à l’entreprise informelle et formelle pour jeunes sans emploi.
Les maires de Pelengana et de la Commune IV, le directeur du Mémorial Modibo Kéita, le représentant du maire de Séville (Espagne), les représentants de Urbatec et Soleil d’Afrique, Mme Kéita Marie-Ange Herrera etaient présents à l’inauguration de cette exposition « Magies en terre et l’empire du Mali ».
Sidiki Y. Dembélé
21 mars 2006.