C’est ainsi qu’après avoir souhaité la bienvenue aux participants, Monsieur Abdoulaye Idrissa Maïga, chef du Département « Etudes et Surveillance des Milieux », a indiqué que l’objectif de cet atelier « est de donner une vue d’ensemble sur les interventions, les pratiques, les usages et les modes de gestion des ressources du bassin du fleuve Niger ». Monsieur Maïga a ajouté que « c’est aussi un moyen d’évaluer la coordination entre les parties prenantes du bassin du fleuve Niger et de présenter la vision partagée autour du bassin, les enjeux et les moyens idoines pour relever les défis ».
L’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN) a été créée par l’Etat malien le 29 mars 2002 avec pour mission la sauvegarde du fleuve Niger, de ses affluents et de leurs bassins sur le territoire de la République du Mali et la gestion intégrée de ses ressources.
Le bassin du fleuve Niger compte 570 000 km2, qui renferme une partie essentielle des richesses du Mali. Du sud au nord, il se comporte comme une artère nourricière qui entretient les conditions de vie pour l’homme et abrite une faune et une flore riches en espèces et écosystèmes.
Long de 1.750 km, le fleuve Niger est le principal pourvoyeur en eau d’irrigation du Mali, notamment à travers les prélèvements des grands offices au premier rang desquels l’Office du Niger. Il est partagé par le Mali avec huit autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Aussi l’Agence du Bassin du Fleuve Niger a-t-elle pour vocation de participer à la coopération avec ces différents pays au sein de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN). Cette coopération sera particulièrement développée avec les deux pays situés en amont et en aval du Mali : la Guinée et le Niger.
Pour réaliser sa mission de sauvegarde du fleuve Niger, des objectifs spécifiques ont été assignés à l’Agence. Il s’agit du renforcement des capacités de gestion des ressources du fleuve, de ses affluents et de leurs bassins versants ; promouvoir l’amélioration et la rationalisation de la gestion des ressources en eau pour les différents usages ; contribuer à la prévention des risques naturels (inondation, érosion, sécheresse) la lutte contre la pollution et les nuisances et le maintien de la navigabilité du fleuve ; entretenir des relations de coopération avec les organismes techniques similaires des pays riverains concernés ; concevoir et gérer un mécanisme financier de perception de redevances auprès des organismes préleveurs et pollueurs d’eau et d’utilisation de ces redevances.
Mais de quels moyens dispose l’ABFN pour réaliser des objectifs aussi grandioses ? Selon El Mehdi, le communicateur en chef de l’Agence, l’Etat ne les a pas dotés de fonds propres à cet effet. Il assure tout juste l’entretien du personnel tout en dotant le service d’un fonds de roulement.
D’où la nécessité de la recherche de financement extérieur par la coopération avec des partenaires stratégiques. En effet, le gouvernement malien n’a pas les moyens de faire face à l’immensité des problèmes environnementaux. Aussi, l’élaboration d’un plan d’action était-elle devenue nécessaire pour se lancer à l’assaut des maux qui rongent le fleuve Niger.
Ces maux, selon Akhimy Maïga, président de l’ONG « Action pour le Fleuve Niger », ont pour nom pollution, ensablement, prolifération de la jacinthe d’eau etc. Aujourd’hui, a dit Akhimy Maïga, « le fleuve Niger est menacé, il est en péril. En trente ans, le volume d’eau s’est considérablement réduit. En raison de l’ensablement, le désert avance sur des milliers d’hectares par an ».
Il urge donc de prendre des mesures pour sauvegarder le fleuve Niger. Pour cela et compte tenu des moyens disponibles, il faut avant tout mener des campagnes d’information et de sensibilisation à l’endroit des populations riveraines pour la simple raison que ceux qui continuent de dégrader le fleuve, le font par ignorance des méfaits de leurs actes. Avant toute autre action, il revient à l’ABFN en particulier de mettre l’accent sur l’éducation pour un changement de comportement. Ainsi, on espère qu’une fois les populations sensibilisées et leur adhésion acquise, une solution sera trouvée à la problématique de la protection des berges, de la lutte contre l’ensablement, la pollution, la prolifération des plantes nuisibles.
L’ABFN et les ONG partenaires, de concert avec les populations pourront alors poser des actes concrets, à savoir l’aménagement d’espaces appropriés pour les teinturières loin du fleuve ; amener les industriels à traiter les déchets liquides avant de les déverser dans le fleuve ; former les populations riveraines aux techniques du vétiver, des cordons pierreux et des billons de niveau etc. Et si tout cela ne suffisait pas, peut être, qu’après, les pollueurs doivent-ils payer ? En tout cas, le nouveau plan d’action a été validé hier par Abdoulaye Idrissa Maïga à l’unanimité des participants à l’atelier.
Ce plan d’action, a-t-il dit « est un précieux outil pour conduire les actions de coordination à même de favoriser une bonne régulation des efforts fournis au niveau de chacun des sous bassins. Il facilitera également l’élaboration d’un plan de financement dont la mise en œuvre consistera d’abord à rechercher les fonds nécessaires au développement des axes d’intervention que vous aurez précisés à l’issue de vos travaux ».
Mohamed Lamine Doumbia
26 avril 2005