Partager

D’entrer de jeu, le professeur Moussa Traoré a rappelé que l’association ASRI (action solidarité Responsabilité intégrité) a été créée en septembre 2005, en vu de contribuer à promouvoir authentiquement : un esprit civique, le sens de l’éthique, la responsabilité, l’intégrité, le respect des biens publics, la justice et la solidarité.

Si l’association ASRI est ouverte à tous et convaincue de l’importance de la probité morale et intellectuelle, son président a indiqué qu’elle prêche la tolérance, le respect mutuel et la culture de l’unité.

Cette précision faite, le professeur Moussa Traoré est entré dans le vif du sujet. « Présentement, on peut affirmer sans crainte d’être démenti que certaines de nos valeurs majeures ont perdu leur solidité » a-t-il indiqué.

Selon lui, la famille, cellule de base de notre structure sociale est déstabilisée. « Elle est soumise à une rude épreuve. L’autorité parentale a disjoncté. Le père a perdu la capacité de remplir son rôle, de se faire respecter de ses enfants, de leur transmettre nos valeurs, socle de notre identité culturelle et de la continuité des générations » a-t-il estimé.

Pire, le professeur de médecine a rappelé que gagner le pain quotidien devient une bataille à l’issue incertaine. Selon lui, les citoyens et particulièrement les jeunes sont ballottés entre l’incertitude, la précarité, le doute et l’errance.

« Ils ont perdu confiance en eux-mêmes, leurs repères se sont dissous, emportés par le mic-mac et les tractations douteuses. L’effort n’a plus de signification » a-t-il dénoncé.

Selon le professeur Traoré, le chômage endémique qui les frappe est la conséquence inéluctable d’une sous qualification professionnelle, d’une formation diplomante calamiteuse et inadaptée et d’un niveau d’investissement productif insuffisant.

Le président de l’association ASRI a estimé que le flux et le reflux des vagues de la concussion et de la malfaisance ont inondé notre espace vital et toute velléité de droiture est combattue sans retenue et sans pitié.

Cependant, il a indiqué qu’il ne faut pas désespérer et se résigner. « La résignation brise toute espérance » a-t-il déclaré. Il a annoncé que dans l’association ASRI, les membres pensent qu’ils ont le devoir et peut être l’obligation de rendre justice aux générations à venir, en leur offrant une raison de croire et une autre pour espérer.

Il a estimé qu' »il faut vaincre le scepticisme et ne pas laisser prospérer l’idée selon laquelle, la corruption, ce cancer social est invincible« . Pour cela, le professeur n’a pas fait de doute sur sa conviction que quelque chose de radical et de profond doit être tenté.

Cependant, il refuse la transposition par simple photocopie d’un ordre déjà établi ailleurs et propose de commencer à défricher d’autres chemins, en sachant que la route sera longue, difficile, jalonnée d’obstacles, de chausse trappe et que l’effort sera tout aussi long et permanent.

« La mise en œuvre du processus de transformation nécessaire et inéluctable visant à assécher la marée d’ignorance, à développer l’aptitude à choisir, à préférer et rejeter, exige des reformes, de la patience et de la persévérance » a-t-il indiqué.

Pour tout cela, le professeur a révélé que son association est convaincu que l’éducation civique, la réflexion éthique, l’exemplarité, la justice, la barrière morale et spirituelle constituent des moyens susceptibles de passer d’une vie subie à une vie choisie.

Pour sa part, Abdoulaye Thiam, enseignant à la retraite a estimé que notre société est arrivée à un niveau où il faut sérieusement se poser des questions. « Notre société est malade. Il faut lui administrer un médicament que je nomme : l’éducation » a-t-il suggéré.

Amadou Traoré dit Amadou Djikoroni a indiqué que la détérioration des valeurs sociétales au Mali a commencé le 19 novembre 1968, avec le coup d’Etat de Moussa Traoré.
Selon lui depuis cette date, toutes les composantes de la société malienne ont, successivement, subies les effets pervers du putsch militaire.

Cependant, il a estimé que le cas de la déliquescence des valeurs morales, surtout le non respect des deniers publics, n’est pas désespéré. « Si tous les Maliens se donnent la main, nous pourront créer les conditions de vie meilleure chez nous. Parce que, nous vivons notre misère sur des mines d’or et un sous sol riche d’autres ressources » a-t-il déclaré.

Amadou Djikoroni a indiqué qu’il est persuadé que les associations de la société civile et quelques hommes politiques vont se donner la main pour rendre à la politique ses lettres de noblesse au Mali.

Pour conclure, le professeur Moussa Traoré a proposé de sortir de la « clepto-démocratie » qui n’est rien d’autre que la démocratie qui organise la cleptomanie, pour une véritable démocratie soucieuse des conditions de vie des masses laborieuses.

Assane Koné

21 février 2006.