Le 2e tour de la campagne de vaccination contre la polio a été lancé samedi 24 avril 2010 dans la région de Sikasso au centre de santé communautaire du quartier de Sanoubougou I par les autorités administratives et politiques avec le soutien du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). Toutefois elle butte à l’hostilité de Wahhabite.
La campagne espère vacciner tous les enfants de moins de 5 ans des 17 pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’objectif visé est de toucher chaque enfant, des zones rurales les plus reculées aux zones urbaines les plus peuplées, avec à la clé un coup d’arrêt à l’épidémie de polio. En initiant des campagnes simultanées dans plusieurs pays, le risque de ne pas vacciner des enfants est amoindri.
Lors de la réunion du comité régional de pilotage, il a été fait état du bilan du 1er tour et les dispositions à prendre pour le 2e tour. Le directeur régional de la santé, Dr. Sodouyougo Témé, a rappelé que « la poliomyélite touche surtout les enfants de moins de 5 ans. Une infection sur 200 entraîne des paralysies irréversibles, le plus souvent des membres inférieurs. Parmi ces personnes paralysées, 5 à 10 % décèdent de paralysie respiratoire. Il n’y a pas de traitement pour soigner la polio mais elle peut être prévenue par la vaccination ».
Au cours de cette rencontre, des difficultés ont été évoquées pendant l’opération du 1er passage : des cas de refus et de réticence ont été constatés en milieux urbain et rural, malgré la grande sensibilisation par les medias et les personnes ressources. Des membres du comité de pilotage, par communication interpersonnelle, ont pu résoudre des cas de réticence.
Des rebelles ?
Mais, le cas de refus manifeste concerne les populations du hameau de Darahidjila dans la Commune rurale de Nonkon-Souala, située à 80 km à l’est de Sikasso. Un fort contingent de forces de sécurité et d’équipe de vaccinateurs a été mobilisé par les autorités régionales pour aller vacciner les 35 enfants âgés de 0 à 5 ans dans la localité.
Ces populations installées à l’insu des autorités communales, il y a 2 ans, sont des paysans qui vivent d’agriculture au flanc d’une colline. Leurs conditions de vie sont précaires (manque d’eau potable, pas de structure de santé).
Elles appartiennent à la secte islamiste des Wahhabites par leur comportement social. Elles ont été chassées des cercles de Koro et Bankass au Mali et dans certaines provinces du Burkina Faso avant de se retrouver à Darahidjila.
On ne le dira jamais assez : cette communauté tire ses idées des textes islamiques, elle est contre toutes formes de vaccination et de traitement sanitaire moderne. Pis encore, il est difficile de lui poser des questions de compréhension a fortiori de modernité. Les femmes sont voilées et refusent de communiquer en dehors de la communauté. C’est dans ce contexte qu’a démarré le 2e tour de la campagne de vaccination contre la polio à Sikasso.
B. Y. Cissé
(correspondant régional)
27 Avril 2010.