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Depuis la reprise de la gestion de l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma) par le Groupe Tomota en juin 2005, celui-ci n’est pas parvenu à instaurer un climat de confiance et de quiétude avec ses employés.

Après une première crise suite au licenciement du personnel saisonnier ayant entraîné l’arrêt de la production, suivi d’une descente sur le terrain du ministre de l’Industrie et du Commerce, Choguel Kokala Maïga, voila que le climat se détériore davantage entre Aliou Tomota et ses travailleurs.

A la base de cette nouvelle discorde, la décision du repreneur d’effectuer un redéploiement du personnel. Tout est parti d’une notre de service datée du 3 janvier dans laquelle Aliou Tomota instruit aux directeurs centraux de “bien vouloir procéder au redéploiement des agents anciens et nouveaux en conformité avec leur qualification respective en tenant exclusivement compte des seuls critères de compétence, de probité, d’intégrité et de moralité“.

Voilà une correspondance qui, par son esprit, est on ne peut plus claire et qui va même plus loin en stipulant que la responsabilité des directeurs sera pleine et entière en cas de substitution des critères, ce qui serait contraire à l’intérêt du service.

Ainsi, sur la base de cette note, la direction régionale de Kita a proposé un projet de plan de redéploiement du personnel.

Cependant, son tort, pour la direction générale, a été de ne pas déployer les 16 nouveaux agents recrutés pour les substituer aux anciens travailleurs à des postes où ils n’ont aucune compétence, voire souvent en dessous de leur qualification.

Le redéploiement effectué sur cette base par la direction générale, le 17 février, est révélateur. Le comité du syndicat national de la production (SYNAPRO) de Kita juge “ce redéploiement illégal avec des violations flagrantes de l’éthique de la bonne gestion“.

Ainsi, un détenteur de CAP en électricité fut nommé aide conducteur, un poste qu’il occupait il y a dix ans de cela. Un détenteur de BT en électromécanique nouvellement recruté devient aide conducteur cave à vis, un poste dévolu aux sans qualification. Des chefs d’atelier à la presserie doivent en même temps conduire des machines.

Au delà de la non affectation de certains anciens agents constatée dans la plan de redéploiement, le Groupe Tomota a exigé que les employés travaillent le dimanche qui est le seul jour de repos. Cela, est justifié, selon Tomota, par un “souci de productivité et de progrès social pour son personnel“.

Pour les responsables du comité syndical “le défi de la productivité ne peut être atteint sans une bonne organisation du travail en mettant les hommes qu’il faut à la place qu’il faut d’une part, et d’autre part, en procédant à la révision normale des usines “.

Malheureusement, les responsables de l’usine attendent toujours les pièces de rechange promis par le repreneur depuis belle lurette. Le redéploiement ainsi opéré, aux dires des syndicalistes, est contraire aux dispositions de l’accord d’établissement, du code de travail, voire de l’esprit de la note de service du 3 janvier 2006 signée par le PDG lui-même.

C’est pourquoi, ils ont demandé à Aliou Tomota de “reconsidérer sa position et de tenir compte des propositions du syndicat et de la direction de l’usine de Kita“.

Tomota n’ayant pas accepté d’accéder à cette demande, le personnel, de son côté, fait la sourde oreille sur le planning de redéploiement, malgré une lettre de mise en garde en date du 20 février.

Avec cette nouvelle donne, force est de reconnaître que l’atmosphère est loin d’être paisible à Huicoma car, en plus de cette situation de discorde avec le personnel de Kita, Aliou Tomota sera demain en procès contre son ancienne directrice générale adjointe, Mme Sidibé Oumou Diallo qui l’a attaqué devant le tribunal du travail pour rupture abusive du contrat de travail.

Cela, après avoir perdu un premier procès au tribunal du commerce pour l’annulation de la décision de sa relève par le conseil d’administration de Huicoma, lors de sa session du 23 décembre 2005.

Youssouf CAMARA

27 février 2006.