Lueur d’espoir au sein de l’URD? On peut le croire avec la Conférence régionale de Diré, qui avait minutieusement préparée une réconciliation entre Soumaïla Cissé et Oumar Ibrahima Touré, tous deux co-fondateurs de l’URD. Malheureusement, la météo a joué contre ces retrouvailles, en empêchant au premier d’être au rendez-vous de la capitale du blé. Pour autant, l’état piteux de leurs relations devrait-il rester en l’état? Que non! L’URD devra trouver un autre cadre, serein, apaisé et même convivial pour réussir ce que le vent poussiéreux de Tombouctou a gâché.
Soumaïla Cissé et son frère cadet, Oumar Ibrahima Touré, ont aujourd’hui des relations exécrables, il faut le reconnaitre et le dire, lesquelles sont nées des ambitions légitimes du second. En effet, le deuxième Vice-Président de l’URD, qui a mûri et pris de l’épaisseur depuis 2002, a cru bon de bousculer, en avril 2008, le doyen Younoussi Touré, à la présidence du parti.
Soumaïla Cissé s’y est opposé de toutes ses forces, craignant que ce jeune cadre aux dents longues ne lui retire le parti au moment où il en aurait le plus besoin, c’est-à-dire en 2012. Pour ceux qui ne le savent pas, l’URD a été créée pour assouvir les ambitions présidentielles du candidat trahi par les Rouges et Blancs en 2002. Voilà, grosso modo, ce qui oppose Soumaïla Cissé et Oumar Touré. Depuis, les multiples tentatives de rapprochement entre les deux hommes n’ont pas donné les résultats escomptés par le parti.
Et cette détérioration de leurs rapports a été accentuée par des fumistes, des acolytes, des courtisans issus des deux camps. Le tout soutenu par des propos mensongers, diffamatoires, voire méchants. C’est ainsi qu’une réunion extraordinaire a été fomentée, certains diront depuis Ouagadougou, pour sanctionner Oumar Touré, au mépris, s’il vous plait, des textes du parti de la poignée de mains.
La suite est connue. Car la mauvaise mise en scène n’a pas été payante et que l’instance dirigeante de l’URD, sous la pression des sections, s’est vu contrainte d’écourter la punition infligée à Touré.
Réhabilité, Oumar Touré est aussi sorti renforcé de cette épreuve. Résultat: son audience a augmenté au sein des structures du parti, notamment celles avaient invité celui-ci à lever la sanction. Le septième Vice-Président de l’URD, l’ancien député Cheickna Hamallah Bathily, chef de la forte délégation du parti a déclaré, lors de la rencontre de Diré « Oumar Touré est le meilleur ministre URD. Ce qu’Oumar fait pour le parti est très important. Si tous nos ministres faisaient comme lui, l’URD serait encore plus forte ». Qui dit mieux!
Le ministre de la Santé ne gère pas que la section de Goundam. Il s’est mis dans une position d’envergure nationale, ce qui fait, que partout au Mali, il existe des partisans d’Oumar Ibrahima Touré dans les différentes sections ou, à défaut, des comités et clubs de soutien qui portent son nom. Cette situation, consécutive à sa brouille avec son ainé Soumaïla Cissé, est, sans aucun doute, dangereuse pour le parti.
D’où une atmosphère de suspicion, de méfiance et de défiance. Aujourd’hui, que l’on l’admette ou non, Oumar Touré est un baron incontournable pour la bonne marche du parti, pour son unité et, surtout, pour la conquête du pouvoir en 2012.
L’avenir politique de son 2ème Vice-Président se trouve plus dans l’URD que dans une quelconque aventure. Mais, si Soumaïla Cissé, dépeint comme étant le candidat naturel du parti, ne le rassure pas, Oumar Touré sera obligé de prouver sa capacité de nuisance et de jouer sa propre carte jusqu’au bout. Une exigence de real politik.
Soumaïla Cissé est certainement le personnage le plus important de l’URD. Il incarne le parti. Mais, à lui seul, quelles que soient son intelligence, sa fortune, son programme, sans les autres, il ne pourra rien entreprendre de bon.
Il est présenté par l’opinion publique comme un homme qui garde facilement rancune. Il faudrait qu’il détruise cette image négative en réussissant le grand rassemblement de la famille URD autour de lui. Soumaïla Cissé devra tout d’abord prouver aux Maliens qu’il est parvenu à gérer, à regrouper, à unifier son parti, avant de pouvoir prétendre à Koulouba.
S’il échoue dans cette entreprise, la défaite est certaine en 2012. On est loin, pour l’instant, de ce scénario. Mais il est aussi temps que l’opinion publique sache que les nuages se sont dissipés dans le ciel URD et que les hésitants peuvent toujours rejoindre ce parti.
En clair, Soumaïla Cissé et Oumar Touré, sans exclure aucun des autres, sont complémentaires pour une éventuelle victoire du parti de la poignée de mains en 2012. Ils ont tous les deux intérêt à s’entendre. Sinon, ils seront les grands perdants, cibles de la clownerie de leurs adversaires.
La dynamique de réconciliation enclenchée à Diré doit donc se poursuivre, dans l’intérêt du parti, voire même du Mali. En tout cas, les lieutenants des deux camps ont déjà désarmé, avec retrouvailles et excuses mutuelles à Goundam entre Oumar Ibrahima Touré et Madani Traoré, l’ancien DAF de Soumi, qui avait activement participé au processus de suspension du ministre de la Santé.
Idem à Mopti, où l’ancien député Yattassaye, un proche de Oumar a accueilli à bras ouverts Soumaïla Cissé lors de son escale. Maintenant, il faut juste trouver le cadre propice pour que les deux hommes assurent le peuple URD que tout est rentré dans l’ordre et qu’il peut donc se mettre en ordre de bataille pour les échéances à venir.
A suivre.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre du 25 Mars 2010.