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Le torchon brûle entre Niamey et AREVA du nom de ce groupe nucléaire français qui, depuis 40 ans, exploite l’uranium du pays de Diori Hamani. En effet, le 12 octobre dernier, quelque 5 000 personnes, à l’appel d’une coalition de la société civile, ont battu le macadam à Arlit, pour, dit-on, « soutenir le gouvernement dans ses prochaines négociations avec AREVA ». Des sources concordantes indiquent que des élus locaux et membres de la société civile nigérienne se sont joints aux populations pour dénoncer l’attitude du groupe nucléaire français qu’ils accusent de « pomper gratuitement 20 millions de mètres cubes d’eau par an alors que les habitants meurent de soif ». C’est tout dire.

L’uranium nigérien profite plus aux Français qu’aux populations nigériennes

Et cette manifestation témoigne d’une prise de conscience des populations et des gouvernants nigériens face à l’attitude des Occidentaux qui ne voient que leurs propres intérêts. La preuve, cela fait plus de 40 ans que AREVA exploite l’uranium nigérien, mais le pays de Mahamadou Issoufou a toujours été dans les profondeurs du classement du PNUD en matière de développement humain durable.

C’est dire que l’uranium nigérien profite plus aux Français qu’aux populations nigériennes qui, malheureusement, subissent les affres de l’exploitation minière que sont l’assèchement des terres et la pollution de l’environnement. Il y a donc lieu de revoir ces contrats déséquilibrés pour que les populations africaines puissent profiter des ressources de leur pays.

En vérité, en dehors de l’Algérie qui exploite judicieusement son pétrole, on a l’impression que les ressources minières sont une source de malédiction pour bien des pays d’Afrique noire et cela, parce que les Occidentaux le veulent ainsi. Il suffit qu’un dirigeant africain menace de revoir les contrats miniers ou de redéfinir les accords de partenariats pour qu’illico presto, des rebellions surgissent dans son pays, si parfois on ne va pas jusqu’à attenter à la vie du chef de l’Etat lui-même.

Le président Alpha Condé de la Guinée n’a-t-il pas vu son fauteuil menacé pour avoir voulu réviser ses contrats miniers avec la France ?

Ils préfèrent être dans les bonnes grâces des Occidentaux plutôt que de prendre fait et cause pour leur peuple

En tout cas, il faut bien que l’Afrique se réveille et qu’elle sache dire non. Ses dirigeants en particulier, doivent faire le choix entre le confort douillet du fauteuil présidentiel et l’épanouissement de leur peuple qui, parfois, ne demandent que le pain quotidien. Ils doivent savoir faire preuve de caractère, fût-ce parfois au prix de leur vie.

Car, si Sékou Touré de la Guinée était craint des Occidentaux, c’est parce qu’il avait su mettre les ressources de son pays à l’abri des prédateurs et s’ériger contre l’injustice.

Certes, même n’ayant pas la technologie nécessaire pour une exploitation judicieuse de leurs ressources minières, les dirigeants africains peuvent, pendant la signature des contrats, exiger plus des Occidentaux ou à tout le moins se montrer moins condescendants. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Ils préfèrent être dans les bonnes grâces des Occidentaux plutôt que de prendre fait et cause pour leur peuple.

Le président angolais Edouardo Dos Santos, qui était l’un des communistes purs et durs du continent, est devenu aujourd’hui le chouchou de Washington pour avoir accepté de signer des contrats qui favorisent les Américains dans l’exploitation du pétrole de son pays. Mahamadou Issoufou en fera-t-il autant avec les Français ? On ne dira pas qu’il est dos au mur puisque Niamey brandit la menace de se tourner vers Pékin. En tout cas, le dernier mot lui revient puisque que lui-même est un ingénieur des mines. Il est mieux placé pour arracher de bons contrats pour son pays.

Boundi OUOBA

Publié le mardi 15 octobre 2013

Source : lepays.bf