Selon nos informations, dans sa lettre adressée au ministre de la Fonction Publique, de la Réforme de l’Etat et des Relations avec les Institutions, Siaka Diakité aurait tenu à faire une mise au point.
En effet, le secrétaire général de l’UNTM rappelle l’accord du 14 octobre qui mettait fin au conflit qui l’a opposé au CNPM et au gouvernement. Si cet accord fut bien salué, force est de reconnaître que les arguments qui l’ont fondé attestent éloquemment de la pertinence des revendications.
Cependant, regrette-t-on à la Bourse du Travail siège de l’UNTM, du 14 octobre 2005 à aujourd’hui, l’inquiétude du Bureau Exécutif de la puissante centrale syndicale ne fait que croître par rapport à la mise en oeuvre du protocole d’accord.
La raison : “Les commissions qui ont été constituées ne sont pas actives. Certaines d’entre elles n’ont tenu aucune réunion. Dans l’ensemble, un jour avare distille par endroits des propositions dont le niveau dérisoire n’enchante pas”, souligne l’expéditeur avant d’indiquer : “Nous ne devons pas rompre le charme de la paix que nous avons conclu”.
Alors déçu, Siaka Diakité avertit Badi Ould Ganfoud : “pour commencer, nous nous sentons obligés de rendre compte à nos mandants et d’informer correctement notre opinion publique nationale”.
Mais avant, le Secrétaire général a adressé une copie de sa lettre au Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga pour information et une autre au président de la République, Amadou Toumani Touré pour arbitrage.
En tout état de cause, que l’UNTM soit sur pied de guerre ne surprend pas si l’on sait que la signature du protocole d’accord du 14 octobre 2005 avait donné lieu à toutes sortes de supputations de la part des militants.
Certains parmi eux n’avaient pas manqué de se demander si Siaka Diakité et camarades du Bureau Exécutif ne les avaient pas vendus au gouvernement et au CNPM. Mais soucieux de consolider davantage le dialogue social, l’UNTM avait voulu faire confiance à nos gouvernants.
Malheureusement, la montagne semble avoir accouché d’une souris puisque le gouvernement est en train d’apporter la preuve de sa mauvaise foi, déplore-t-on.
Aujourd’hui, du côté de la Bourse du travail, on est convaincu que le gouvernement et le patronat ont l’air de devenir des boulangers déterminés à rouler les travailleurs dans la farine.
Car en vue d’assurer la mise en oeuvre du protocole d’accord, le ministre Ganfoud s’était engagé à installer une commission de suivi courant octobre. Si la commission est effective, elle n’est vraisemblablement pas opérationnelle.
Là où on ne croit pas à la bonne foi du gouvernement, c’est quand certains engagements sont pris sans délai. A propos du point revendicatif “faire prendre en compte le point de vue des syndicats de travailleurs et des retraités sur la réforme des caisses de sécurité sociale”, le protocole d’accord indique qu’une commission examinera les textes législatifs pour réforme et dégagera les pistes permettant la participation de l’UNTM au conseil d’Administration de la caisse des Retraites du Mali, au même titre que le gouvernement.
Par ailleurs, même quand le gouvernement a accepté un délai, il n’est pas évident que cela soit respecté dans la mesure où “les commissions qui ont été constituées ne sont pas actives”.
Il peut en être ainsi de la révision de la grille des catégories B1 et B2 du statut général des fonctionnaires. Le gouvernement a promis de soumettre le projet à l’Assemblée nationale au cours de sa session d’octobre 2005.
A cet effet, il sera mis en place un comité d’experts dont le chronogramme de travail sera élaboré par les parties. C’est vraisemblablement le cas aussi de la révision à la hausse de la valeur du point d’indice. Or le gouvernement avait promis de faire une proposition acceptable par rapport à ce point revendicatif.
Les deux parties se rencontreront à partir du 25 octobre 2005 au sein d’une commission ad hoc pour discuter du niveau d’augmentation de la valeur du point d’indice ainsi que de la date d’effet. Rappelons que la valeur indiciaire au Mali est de 292,5Fcfa; or le coût de la vie ne cesse de s’augmenter.
Comme on le voit, il faudrait s’attendre à des prises de position dures de la part de l’UNTM qui pense que le gouvernement ne serait plus prêt à respecter l’engagement pris le 14 octobre 2005.
Si l’on n’y prend garde, on risque d’assister au dépôt d’un préavis de grève sur la table du gouvernement et du patronat. Et ce serait bonjour à la troisième grève de l’ère ATT après celles d’octobre 2003 et de septembre 2005. Et s’il y a grève, c’est le ministre Badi Ould Ganfoud qui risque d’en prendre la responsabilité.
Dans tous les cas, beaucoup de cadres sont d’accord que ce ministre a montré ses limites à son poste. Comme quoi l’UNTM est sur pied de guerre.
Oumar SIDIBE
22 novembre 2005.