Partager

L’invasion des criquets pèlerins et l’arrêt précoce des pluies, l’année dernière, ont occasionné une très mauvaise campagne agricole, remettant en cause la sécurité alimentaire de tous les Maliens.

Le déficit céréalier se chiffre à plus de 340 000 tonnes, toutes céréales confondues. C’est pourquoi le gouvernement de Ousmane Issoufi Maïga s’est fixé comme objectif de mettre à la disposition des populations des céréales à prix abordable, soit par la suppression des taxes, soit par des distributions gratuites ou encore des ventes à un prix social.

Il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire des populations en cette période de soudure, c’est-à-dire de juillet à octobre. C’est généralement à cette période que les prix des céréales sont élevés, à cause de la persistance des incertitudes chez les acteurs principaux que sont les producteurs et les commerçants

Le gouvernement a autorisé, courant juin dernier, l’importation sans TVA de 50 000 tonnes de riz et de 100 000 tonnes de maïs. L’autorisation a été attribuée à trois opérateurs économiques connus dans tout le pays. Il s’agit de Bakoré Sylla (Grand Grenier du Bonheur), Amadou Djigué (Djigué SA) et Modibo Kéïta (Grand Distributeur Céréalier du Mali).

Cette décision du gouvernement commence à montrer ses effets. Puisque le prix des céréales, plus particulièrement du riz importé, a baissé sur le marché depuis le 18 juillet dernier. Par exemple, le PDG de GGB, Bakoré Sylla cède, désormais, le kilo de riz importé à 260 FCFA aux détaillants qui le revendent à 275 FCFA aux consommateurs, soit un bénéfice de 15 FCFA par kilo.

L’importateur s’est engagé, dans la limite de ses stocks, à mettre sur le marché 5 tonnes par semaine. Ce geste a été fort apprécié par les nombreux chefs de famille, qui n’en croyaient pas leurs yeux.

Une semaine après le début de l’opération, nous nous sommes rendus dans certains marchés de la capitale. Au marché de Banconi, nous nous sommes entretenus avec un commerçant du nom de Madou Coulibaly.

Ce dernier estime que « la flambée des prix des céréales est une préoccupation, dans la mesure où nous savons la précarité des conditions de vie de la majeure partie de nos compatriotes, qui vivent dans la pauvreté. Comme tout le monde le sait, c’est le prix du riz importé, plus connu sous le nom de Malo jalani qui a changé. Nous le vendons maintenant aux consommateurs à 275 FCFA le kilo. Nous donnons le sac de 50 kilos à 13 000 FCFA et celui de 100 kilos à 26 000 FCFA. Le riz Gambiaka est vendu à 350 FCFA le kilo. Là, ça n’a pas changé. Il faut que les gens comprennent que quand on parle de baisse du prix du riz, il s’agit du riz importé« .

Modibo Tembély, commerçant au marché de l’Hippodrome pense que « ce sont les consommateurs qui bénéficient de cette baisse. Pour la bonne et simple raison que la plupart des consommateurs achètent maintenant ce riz. Parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter le riz de l’Office du Niger qui coûte trop cher pour eux. Ce riz est vendu à 350 ou 375 FCFA le kilo« .

Au marché de Médine, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Abdoulaye Kéïta, vendeur de riz. Il pense que « les gens sont en train de confondre le prix du riz Gambiaka à celui de l’Office du Niger et du riz importé. Beaucoup de femmes pensent que c’est le prix de toutes les variétés de riz qui a baissé. Chez nous, il n’y a que le prix du riz importé qui a connu une baisse. Au lieu que nous le vendions à 300 ou 325 FCFA, nous sommes condamnés à le vendre à 275 FCFA parce que nous l’achetons à 260 FCFA au grossiste« .

En tout cas, la première femme que nous avons rencontrée au marché de Médine nous confie que « c’est le riz Gambiaka que j’achète souvent. Auparavant, j’achetais trois kilos de Gambiaka tous les jours pour ma famille. Aujourd’hui, avec deux kilos de riz importé, on mange bien et on garde le reste pour la nuit. Nous avons besoin de la quantité et non de la qualité. C’est le moins cher que nous préférons. L’essentiel c’est de manger« .

En tout cas, pour le moment l’initiative de la campagne est à saluer. C’est un soulagement pour les nombreux chefs de famille qui n’ont même pas les moyens d’acheter le riz Gambiaka ou RM 40.

Ils se contentent donc du riz importé par nos opérateurs spécialisés dans les céréales.

Alou B HAIDARA

25 juillet 2005