Je suis canadien et je suis à Bamako depuis près d’un mois. Je suis aussi architecte et préoccupé par la question de l’environnement. Je profite de cette opportunité pour communiquer mes premières impressions maliennes, pour partager ma vision nouvelle de l’environnement bamakois, votre réalité de tous les jours…
Tout d’abord, ce qui frappe un nord-américain qui débarque à Bamako, c’est le désordre et la saleté de la ville. En effet, cet énoncé peut vous paraître choquant, insultant, il n’en demeure pas moins vrai. Habitué à des normes d’hygiène, d’ordre et de propreté très élevées, je dois avouer que Bamako me choque. Les rues sont jonchées de déchets divers, la circulation dans les rues est cahotique, désagréable et, par-dessus tout, dangereuse. Que dire de l’état délabré des batiments en général et de l’enfer des chaussées défoncées???
Personnellement, je crois que l’environnement physique influt énormément sur l’état psychique des gens qui doivent y vivre. J’imagine donc, d’après ce que je vois de leur environnement, que les bamakois sont découragés et démotivés.
C’est aussi une question de respect et de fierté. C’est se respecter soi-même et respecter les autres que de maintenir les lieux que l’on fréquente propres et ordonnés, agréables. A quoi sert de balayer la maison si c’est pour ensuite jeter les déchets dans la rue? N’habite-t-on pas toute la ville?
Depuis mon arrivée, un paradoxe ne cesse de s’imposer à mes yeux. Les maliens et les maliennes sont beaux, élégants et très acceuillants. Pourtant, ces qualités intrinsèques ne se reflètent pas dans les lieux où ils vivent. Pourquoi s’habiller de somptueux boubous quand on doit marcher dans la boue et les déchets? L’acceuil commence dans la rue, pas sur le pas de la porte…
Les amis maliens avec qui j’ai partagé ces premières impressions m’ont tous rétorqué, comme vous le faites probablement maintenant, que le problème est surtout économique. Je leurs ai alors demandé combien coûtait le geste de jeter la pelure de banane dans une poubelle plutôt que dans la rue? Je me demande encore qu’elle part de ce problème est économique et quelle part en est une de mauvaise habitude. Si chaque citoyen faisait un petit effort, chaque jour, Bamako serait rapidement aussi belle et acceuillant que les bamakois et bamakoises…
28/02/2003
Jean-François Hallé, s/c M. Fofana Cheich Abd El Kader, architecte
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