Partager

En 1960 le régime socialiste de la première République du Mali, s’est évertué à revaloriser le patrimoine culturel national à travers une politique de rapprochement de toutes les pratiques culturelles.

Cette politique fut axée sur trois domaines en priorité : l’expression culturelle, la formation et l’enseignement d’artistes et la création d’œuvres artistiques capables de renouveler le patrimoine.

Pour favoriser et assurer une formation de qualité aux jeunes, l’Institut National des Arts (INA) fut crée en 1963.

Dans le même temps, des groupes artistiques dénommés « formations nationales » furent montés, avec pour mission de créer des œuvres qui, tout en revalorisant le patrimoine traditionnel, devraient le renouveler.

Enfin, pour montrer l’expression culturelle plurielle du pays, un événement artistique et culturel d’envergure nationale fut initié sous l’appellation de « Biennale artistique et culturelle« .






INA

La première structure d’enseignement envisagée pour les artisans du Mali, s’appelait l’Ecole des Artisans du Mali.
Elle fut créée en 1960 à l’emplacement actuel de la Maison des Artisans.

Pendant ces premières années, cette école a fonctionné plus comme des ateliers de production et de rencontre des artisans que comme une école d’enseignement.

Ainsi en 1963 elle devint Institut National des Arts. Cette nouvelle structure fut chargée de donner un enseignement artistique dans les domaines de la musique, des arts plastiques, des métiers d’arts (forge, maroquinerie, bijouterie, menuiserie-ebénisterie, tissage), des arts du théâtre (comédie et dramaturgie).

Etablissement d’enseignement secondaire et professionnel, l’INA dépend du Ministère de la Culture et constitue pour celui-ci une pépinière d’agents techniques culturels et d’artistes fonctionnaires, dont a besoin la politique d’Etat en matière de culture et d’Art.

Aujourd’hui, l’INA compte cinq sections de formation : les quatre de ses débuts et une d’animation socioculturelle. Cette dernière a été rendu nécessaire par le besoin d’encadrement des jeunes et d’organisation des biennales. Aujourd’hui l’Institut National des Arts abrite un atelier de sérigraphie et un autre de bogolan.






LA BIENNALE ARTISTIQUE ET CULTURELLE

Tout a commencé en 1961, avec l’organisation des premières compétitions sportives des pionniers des différents quartiers de Bamako, sous l’égide de l’inspecteur régional de la jeunesse de l’époque.

Cette manifestation a connu une très grande audience. Aussi, fut-il décidé, d’y adjoindre d’autres activités et de l’étendre à l’ensemble du pays.

En juillet 1962 s’est tenue à Bamako la première semaine artistique et sportive de la jeunesse malienne. Dès lors, au niveau de chaque région administrative (le Mali était divisé à l’époque en 6 régions administratives : Kayes, Bamako, Sikasso, Ségou, Mopti et Gao) les semaines artistiques et sportives de la jeunesse, étaient l’occasion de véritable manifestations compétitives et festives, à la fois sportives et artistiques.

Jusqu’en 1968, la jeunesse malienne de chacune des régions se retrouvait pendant une semaine, une fois par an pour confronter et affermir sa semaine nationacréativité.

En 1970, ces rencontres régionales annuelles donnèrent l’occasion d’organiser une le à Bamako. La biennale artistique et culturelle voit ainsi le jour.

Les nombreuses délégations (entre 150 et 240 sportifs et artistes), se retrouvèrent pour la première fois dans la capitale. Comme son nom ne l’indique pas, la biennale artistique et culturelle comportait toujours un volet sportif.

En 1979, un souci d’allègement des charges financières des biennales a poussé les organisateurs à instituer des rencontres séparées : les biennales artistiques seront organisées les années paires et les sportives les années impaires.

Bamako a toujours abrité la biennale artistique. Quant aux biennales sportives, elles étaient tournantes : en 1979, Ségou accueille la première biennale sportive. Puis ce fut le tour de Mopti en 1981, et la troisième et dernière fut celle de Sikasso en 1983.

En 1986, la biennale redevint mixte et continuera jusqu’en 1988. En 1990, elle fut annulée pour cause de rébellion dans les régions Nord du Mali. Et depuis on ne reparlera plus de biennale.






LE BOGOLAN

Dans le domaine de la peinture sur tissus, une seule de ses formes est parvenue jusqu’à notre époque : le bogolan (de bogo, l’argile et de lan, avec) est une technique de peinture entièrement végétale.

Pratiqué essentiellement par les femmes (en pays bambara, à Markala et dans le pays dogon), le bogolan est la peinture de signes symboliques (idéogrammes) ou de dessins destinés à personnaliser les vêtements et à différencier leur utilisation : le bogolan des chasseurs est en ocre sombre ou plus rarement marron.

Le pagne de la mariée dogon est d’un bleu foncé, presque noir sans motifs. Les habits de cérémonie ocres ou noirs sont décorés d’idéogrammes ou d’autres motifs géométriques.

Les motifs noirs du bogolan sont obtenus grâce à l’application de l’argile et les couleurs de base proviennent de décorations de plantes (« npekuba » : lannea microcarpa et très souvent du « n’galama » : anogeissus leiocarpus).

Cette peinture moderne dite peinture sur panneau a commencé avec la création des premières institutions culturelles du Mali indépendant.






LA DANSE DU DIDADI

Le didadi est né d’une danse originaire du wassoulou appelée « Djagoua bari ». C’est une danse à l’honneur d’un jeune paysan qui, lors des compétitions de labour de tous les membres de son « ton » (association), a fini de labourer sa parcelle le premier. Le didadi est une danse populaire.






LE GOMBA

Le Gomba est une danse traditionnelle de Djitoumou (arrondissement de Ouélésébougou). « Gon » signifie en bambara le chimpanzé et « ba » grand.

Le Gomba est une danse de rejouissance populaire, qu’exécutent les jeunes en imitant le chimpanzé. Cette danse a lieu surtout après les récoltes. Lorsque décède un vieux sage du village, ou quand une jeune mariée doit rejoindre son mari, on organise une danse de Gomba.






LES DANSES DOGON

Le peuple dogon a une seule forme de danse. Les mouvements et les gestes sont souvent les mêmes dans toutes les situations de danse. Seuls, changent les masques que portent les danseurs.

Le danseur dogon a toujours les bras tendus en avant et frappe fort le sol avec ses pieds alternativement. Si le danseur porte le masque « Kanaga », la danse exprime une prière adressée au Dieu « Amma » créateur de l’univers selon la cosmogonie dogon.

Parfois, le danseur dogon se contente d’une démarche balancée en montant sur des « sin » (des échasses faites en bois de rônier).






LE KOTEBA

Le Kotéba veut dire littéralement le « grand escargot » (du Bambara koté = escargot et ba = grand).

Le Kotéba désigne un jeu théâtral bamanan qui se déroule en rond, dont le point de départ est le meneur de jeu. Les musiciens en file indienne derrière celui-ci, sont suivis des kotédens (les enfants de koté c’est à dire les acteurs).

Les spectateurs arrivés sur la place où se tient le jeu, se mettent à leur tour dans la file. Le meneur de jeu anime toute cette foule en tournant en rond décrivant un premier cercle, avec derrière lui tous les musiciens.

Un deuxième cercle est formé par les kotédens. Puis un, deux ou trois cercles peuvent se former selon le nombre des spectateurs. Ces trois corps (musiciens, kotédens, spectateurs) s’installent et déroulent le jeu.

La première règle est l’improvisation permanente : « le kotéden provoque le spectateur, qui, à son tour, aiguillonne le comédien ».

Tout le jeu dramatique est soutenu par des chants et des danses.






LES GRIOTS

Les griots sont les maîtres de la parole et les gardiens de la tradition orale et musicale dans la société malienne.

Ces griots ou « jelis » portent des noms de familles comme Kouyaté, Diabaté et même Tounkara. Les griots Diabaté sont liés au Keïta leurs maîtres de toujours.

Les griots sont liés à d’autres familles aristocrates malinkés. La tradition musicale des griots est très ancienne. Virtuose de la kora et du balafon, les griots ont toujours animé la vie sociale malienne.

Les griots chantent les louanges en retraçant l’arbre généalogique de leurs « jatigui » (leur maître), ou de généreux nobles (Horon), qui leur auraient fait un cadeau ou une faveur quelconque.

Les chants sont accompagnés de musique instrumentale, qui s’articule toujours autour de deux instruments principaux : la kora et le balafon. Ces deux instruments peuvent être accompagnés à leur tour, par un tambour d’aisselle (n’tama) ou tout autre tambour.

Le n’goni (la guitare traditionnelle à quatre cordes) est aussi un instrument d’accompagnement des narrations et des louanges que font les griots.

Le balafon, instrument à percussion mélodique joue très souvent en duo avec la kora. En général, les griots sont joueurs d’instruments et les griottes chanteuses. Cette musique jadis réservée aux cours royales est devenue populaire.

Elle célèbre tous les mariages et tous les baptêmes. Des émissions de télévision spéciales, lui sont réservées : « Rencontre avec les artistes », « Top étoiles » etc.

Ami Koïta, Kandia Kouyaté, Babani Koné ou Naïni Diabaté, sont des vedettes de la musique griotte. Feu Sidiki Diabaté était l’un des plus grands maîtres de la kora.






INSTRUMENTS DE MUSIQUE

LE BALAFON

Plusieurs versions existent à propos de l’origine du balafon.

Toutes les versions lui donnent une origine mythique liée à des légendes. Selon certaines thèses, le balafon aurait été donné aux hommes par les génies, selon d’autres thèses coloniales portugaises, il serait venu d’Europe.

Il semblerait que l’ancêtre de tous les balafons est le « sosso-bala » c’est à dire « l’instrument sosso ». « bala » désigne l’instrument de musique dans la langue manding.

Le sosso-bala est l’instrument personnel du roi sorcier soumangourou Kanté du royaume sosso, qui succéda à l’immense Empire du Ghana qui s’ecroula à la fin du XIIè siècle.

Soumangourou était un redoutable chef de guerre et un excellent musicien. Selon la légende, un jour qu’il se promenait seul en brousse, les génies, dont il était l’ami, lui montrèrent un instrument qu’il n’avait encore jamais vu.

Il observa l’instrument et la manière dont jouaient ses amis. Revenu chez lui, il se mit au travail et fabriqua un instrument bien ressemblant à celui qu’il avait vu la veille.

Le « sosso-bala » est le nom de ce premier instrument fabriqué par Soumangourou et dont il jouera seul. Personne n’avait le droit de jouer l’instrument du roi. Pourtant un jour, qu’il était en pleine partie de chasse, Soumangourou entendit le son de son « sosso-bala ».

Il arrêta immédiatement sa partie de chasse et rentra au palais, afin de châtier, celui qui osait transgresser son interdiction.

Lorsque soumangourou arriva devant le joueur qui n’était autre que le griot Diakouma Doua, il fut impressionné par le talent et la beauté du chant, que celui-ci improvisa pour le louer.

Lorsque le griot s’arrêta de jouer, le roi lui dit : « bala fo sa ké », « joue donc l’instrument ». C’est de là que vient le nom connu « balafon » (de bala = instrument et fon = jouer).

Par ailleurs le griot Diakouma Doua, se fit appeler dès lors « Balafaseké » Kouyaté.






LE TAM-TAM CYLINDRIQUE BI FACE (N’GONI)

Les deux faces sont de circonférences égales. Les deux faces sont couvertes de peau de chèvre. La forme de ce tam-tam imite le tombeau. Et il symbolise la mort et la résurrection du fait, que ces deux faces sont jouées.

Ce tam-tam appelé couramment « gongoni » se joue à l’aide d’un batonnet.






LE DOZO N’GONI

Selon une légende du wassoulou ce serait un chasseur du nom de Boliba qui aurait inventé un instrument à trois cordes, auquel il donna le nom de « n’guirina ».

Les trois cordes sont tirées parallèlement au corps de l’instrument. En évoluant le « n’guirina » donna un autre instrument semblable, mais à six cordes et fut appelé « Dangoni » ou « Dan ». Cet instrument voyagea hors du wassoulou.

Ainsi on le rencontre chez les bambara et même chez les peulhs du Macina. Partout il accompagne les chants d’aventure et les contes chantés…

Le Dangoni va à son tour donné le « dozo n’goni ». Celui-ci a six cordes comme le « Dan », mais en deux rangées de trois cordes chacune : trois pour la main gauche et trois pour la main droite.

Plus tard, on retrouvera le dozo n’goni dans le pays mandé à kita avec une septième corde « dozo » en bambara veut dire chasseur et n’goni instrument à corde.

Le dozo n’goni est l’ancêtre du Kamelen n’goni qui est apparu dans les années soixante dix et qui tient aujourd’hui une place importante dans la musique de tout le wassoulou. Son inventeur est un musicien du village de Filadougou dans le wassoulou.






LE N’JARKA

Les peuples sonraï utilisent un instrument que l’on ne rencontre que dans le nord du Mali. Le n’jarka a été introduit dans cette région du Mali par les musulmans andalous.

Cet instrument était joué essentiellement par les femmes aristocrates et cultivées qui égayaient leur mari ou les courtisans, en jouant pour accompagner des récits épiques ou des poèmes déclamés.

Plus tard, le n’jarka devint l’instrument rituel dans les danses de possédés sonraï. A cette occasion le joueur appelé « gojé » utilise un bruiteur fait d’une feuille de métal de petits anneaux en fer.






LES TAMBOURS

Le premier instrument à percussions en pays malinké est une sorte de tam-tam sans peau en forme d’arc confectionné à partir du bois de l’arbre appelé « wo ».

Il se jouait à l’aide d’une branchette de « néré ». Un jour, les malinkés reçurent la visite de deux frères à Koumbi saleh, la capitale de l’Empire du Ghana.

Pour honorer leurs visiteurs, les autochtones leur offrirent des noix de karité. Contents de leur régal, les deux étrangers demandèrent à voir l’arbre qui donne de si bons fruits. Le griot Koukouba les conduisit dans la brousse et leur montra l’arbre du karité.

Du tronc de cet arbre, les deux frères sortirent le bois d’un tam-tam qu’il couvrirent d’une peau de chèvre. En remerciant leurs hôtes de l’accueil chaleureux, les deux frères leur remirent le tam-tam en disant dans un mauvais malinké « alu jè bè » au lieu de « alu be jè » c’est à dire : »il est à vous tous ». En souvenir de cette rencontre, les malinké gardèrent l’expression « jè bè » pour désigner le tam-tam. « jè bè » a donné par déformation « jen – bè ».

Le djembé peut avoir des oreilles dressées autour de la partie en peau de chèvre. Ces oreilles en métal, sont munies de petits anneaux en fer. L’ensemble forme un bruiteur, que le joueur de djembé sollicite de temps en temps, lorsqu’il joue.






LA KORA

La kora est un instrument spécifiquement manding.
Selon la légende mandingue, la kora fut découverte par un grand chef de guerre Tira Maghan, qui la donna à un de ses compagnons griots Djelimaly Oulé Diabaté.

elon la même légende, la première kora est l’instrument personnel d’une femme-génie ,qui vivait dans les grottes de Kansala en république actuelle de Gambie.

Tira Maghan impressionné et ému par la musique de l’instrument décida d’en déposséder la femme-génie. Aidé de ses compagnons de chasse Waly Kelendjan et Djelimaly Oulé Diabaté, il récupéra l’instrument qui donna à Djelimaly le titre de griot du groupe.

Djelimaly la transmit à son fils Kamba. Et ainsi elle passa de père en fils, jusqu’à Tilimaghan Diabaté qui introduisit la Kora au Mali. La Kora est un instrument majestueux qui se joue de face.

Elle a 21 cordes dont une plus grosse que les autres appelée « Bajourou » (la mère corde). La caisse de résonance de la Kora est une grande calebasse recouverte de peau.






LE TAMANI OU N’TAMA

C’est le griot mandingue Ba Tamba fils de Koukouba, qui inventa le tamani.

C’est un petit instrument que son joueur tient sous l’aisselle en frappant alternativement sur la peau avec les doigts et une baguette au bout recourbé.

Les joueurs de tamani enduisent l’extrémité de cette baguette de miel avant de jouer. C’est ce qui explique l’excellence des sonorités du tamani.