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Lors de la rentrée politique de son parti, Me Hassane Barry a fait remonter l’origine du consensus au régime du Président Konaré. Faisant incursion sur le terrain glissant de l’histoire politique récente de notre pays, le président de l’UDD évoque en passant sur les raisons pour lesquelles le parti créé par Moussa Balla Coulibaly avait été classé dans le courant de la restauration.

Ce 11 mars 2007, au siège de l’UDD (Union pour la Développement et la Démocratie), le constat n’est pas seulement que l’ombre de Moussa Balla Coulibaly plane sur le parti, mais le « patriarche« , président honoraire du parti était physiquement présent lors de cette cérémonie consacrée à la rentrée politique.

L’UDD, en cette occasion, a organisé une conférence de presse à son siège dont le principal animateur était le président du parti, Me Hassane Barry. Alors qu’on pensait avoir pris de la distance par rapport au parti qu’il a porté sur les fonts baptismaux au lendemain du 26 mars 1991, Moussa Balla Coulibaly affiche sa disponibilité et continue « d’apporter dans la discrétion des concours multiples et multiformes« , selon Me Hassane Barry.

Prenant la parole, le président honoraire a mis l’accent sur le mérite de Me Hassane Barry, les efforts sans relâche de celui-ci dans l’implantation du parti à l’intérieur du pays.

La participation de l’UDD à la gestion consensuelle du pouvoir, le bilan de cette participation et les perspectives, tels sont les sujets abordés par Me Hassane Barry lors de la conférence de presse à l’occasion de cette rentrée politique de l’UDD.

« La gestion consensuelle du pouvoir, contrairement à ce que certains pensent, n’est pas une trouvaille de ATT« . Me Hassane Barry essaie de faire remonter le consensus au régime de l’ancien Président Alpha Oumar Konaré, déjà en 1992.

C’est certainement pour octroyer à ce choix politique du Président ATT, aujourd’hui dénoncé par la classe politique, une certaine légitimité que Me Hassane Barry fait une telle reculade.

Selon le conférencier, « déjà en 1992, Alpha Oumar Konaré s’étant très tôt rendu compte de la fragilité de notre système politique a fait appel pratiquement à certaines forces politiques significatives à l’exception de l’UDD qu’il considère comme un parti de la restauration, exclu de tout dialogue, de toute participation à la vie politique nationale« .


UDD, parti de la restauration ?

Mais Me Barry n’a pas rappelé pourquoi le parti créé par Moussa Balla Coulibaly était considéré comme celui de la restauration.

Après la révolution du 26 mars 1991, les démocrates ont gardé une distance vis-à-vis de tous acteurs politiques qui se sont opposés au changement. C’est justement parce que Moussa Balla Coulibaly a participé en première ligne à la contremarche de l’UDPM le 30 décembre 1990 puis au meeting de soutien au Président Moussa Traoré le 6 janvier 1991, pour s’opposer au mouvement démocratique.

Lorsqu’après la victoire populaire sur le parti unique de tels acteurs politiques se précipitent pour créer un parti afin de profiter du changement auquel ils s’étaient opposés, il y a forcement lieu de craindre les forces de la restauration.

A la recherche de l’origine du consensus, Me Hassane Barry déclare : « en accord avec le Président Alpha, l’UDD conseilla la gestion concertée du pouvoir, qui n’est qu’un mode de gestion politique« .

Selon lui, l’UDD fut largement associée à la conception du programme minimum de gouvernement, dont les grands axes ont été améliorés dans cette même salle (siège de l’UDD) avant son adoption par le Président Alpha.

Le conférencier attribue également à son parti la paternité de la formule des listes communes qu’il proposait à Alpha afin d’éviter la présence de l’Adéma seule à l’hémicycle, face aux menaces de boycott prônés par certains partis aux élections législatives.

Gestion concertée = gestion consensuelle ?

La date marquant le départ de la gestion concertée du pouvoir qu’on pourrait appeler gestion consensuelle, d’après Me Hassane Barry, remonte à la formation du gouvernement en septembre 1997. Un gouvernement composé de l’UDD, l’Adéma, le PDR, la COPP, le MC-CDR et le PARENA, énumère-t-il.

C’est ce qu’aurait compris le Président Amadou Touré qui a appelé au gouvernement « en même temps ses amis et ses adversaires que nous étions pour la plupart« , affirme Me Hassane Barry.

Et « l’expression gestion consensuelle venait de lui être attribuée bien que chacun le sait, la pratique ne date pas d’aujourd’hui. Elle ne constitue qu’un mode de gestion dont les vertus ont permis d’assurer un climat de paix, de stabilité institutionnelle pour mieux s’attaquer aux problèmes du développement« .

Me Barry est bien placé pour le dire, bien motivé peut-on dire, quand on sait que l’UDD a bien tiré son épingle du jeu politique en participant aux différents gouvernements de l’ère ATT.

Le parti de la Colombe était d’abord dans le gouvernement de mission, ensuite à la constitution définitive du gouvernement après la rentrée parlementaire en 2002, où il a occupé le département de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, avant de voir son ministre changer de camp.

L’UDD perdra également son unique député élu à Nioro qui finit par rejoindre l’URD. Le parti compte aujourd’hui 337 conseillers avec 19 maires dont une femme.

Membre fondateur de l’ADP, l’Alliance dont l’objectif est de faire réélire ATT, le président-candidat, l’UDD évalue déjà ses chances aux prochaines législatives au nombre de 8 à 12 députés qui seront élus à Koutiala, Tominian, Koro, Badiangara, Dioïla, Kati, dans le District de Bamako surtout en Communes II, V et VI, Nioro et Diéma.

Le parti de Me Hassane Barry compte sur son groupe parlementaire dans la future Assemblée nationale du Mali.

Boukary Daou

13 mars 2007.