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Les responsables de l’association ont décidé de surseoir à la manifestation car elle n’avait pas été autorisée. La police a dispersé les radicaux qui persistaient
La marche prévue hier par l’Union des associations et des coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis (UACADDD) n’a pas eu lieu. Les responsables de l’association ont, en effet, décidé de surseoir à la manifestation car elle n’avait pas été autorisée par les autorités. L’information n’avait certainement pas pu être ventilée à temps car le regroupement des marcheurs a bien eu lieu.

jpg_marche-2.jpgAinsi, hier aux environs de 9 heures et demi, un millier de personnes membres et militants des organisations membres de l’UACADDD étaient réunis dans l’enceinte de la Bourse du travail d’où la marche devait partir pour se diriger à la Primature en passant par le Monument de l’indépendance. Des banderoles et des slogans exprimaient leur colère face à la situation des déguerpis ou expropriés des terres. « C’est une marche pacifique que nous avions décidé de faire pour manifester notre ras-le-bol face à l’indifférence des autorités face à nos problèmes. Tous ceux qui sont là sont des pauvres. Les autorités les ont expropriés de leur terre sans dédommagement », a accusé Massa Koné, secrétaire aux relations extérieures de l’UACADDD.

Les organisations présentes, venaient de toutes les communes de Bamako et de Kati. Il s’agit entre autres des associations des ressortissants de Yirimadio, Daoudabougou, Banco, Sabalibougou Est, des victimes des démolition et de spéculation foncières de Dialakorodji, NTabacoro, des victimes de démolition suite à la construction du stade du 26 Mars, de l’association des jardiniers malades et handicapés de la lèpre de Djicoroni Para.

Il a fallu plus d’une heure de tractations aux responsables de l’union pour faire revenir à la même table les partisans de la marche et ceux qui ont opté pour son annulation, conformément à la demande des autorités. « Nous avons décidé d’annuler la marche car les autorités nous ont informé qu’elle n’était pas autorisée. Nous voulons réclamer nos droits dans la légalité et dans le respect des principes démocratiques », a confié Famory Kamissoko, secrétaire général, chargé des affaires domaniales de l’UACADDD.

Malgré la décision d’annulation de la manifestation, des éléments incontrôlés s’entêtaient à faire la marche. Les policiers, massivement mobilisés aux abords de la Bourse du travail et sur l’itinéraire des marcheurs, ont utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Les domaines litigieux rassemblés par l’UACADDD sont un concentré des errements, de la spéculation et de la fraude qui entourent la question foncière et qui ont été largement évoqués lors des Etats généraux du foncier l’année dernière. D’anciens litiges datant de décennies côtoient des affaires plus récentes, chacun des dossiers étant une histoire particulière à lui seul.

Baye Coulibaly

L’Essor du 10 Mars 2010.

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Marche des expropriés et déguerpis non recasés : Répression policière, 6 blessés, 4 arrestations

A l’appel de l’union des associations et coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis (Uacdddd), des milliers de personnes ont pris d’assaut, hier, la bourse du travail pour une marche pacifique. Sur injonction du ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales à travers le gouvernorat du district de Bamako, la police a réprimé la manifestation, faisant au moins 6 blessés. Quatre autres personnes ont été interpellées.

La mobilisation était de taille où les responsables des manifestants estiment le nombre entre 5.000 et 6.000 personnes. Compte tenu du nombre de manifestants, les autorités n’ont vu d’autre alternative que de réprimer la manifestation. Selon les responsables de l’Uacdddd, la marche réprimée a fait au moins six blessés et quatre personnes ont été arrêtées. Contacté par nos soins, le commissariat du 1er arrondissement s’est refusé de confirmer ou d’infirmer un quelconque chiffre et indiqué que cette marche avait été interdite. «Les policiers ont fait de la marche un affrontement. Nos blessés sont dans un centre de santé» a souligné une responsable de l’Uacdddd.

Pourquoi une telle horreur ?

Le commissaire adjoint du 1er Arrondissement a, pour sa part, expliqué qu’ils ne sont pas venus sur les lieux pour cadrer la marche mais plutôt empêcher la tenue de la présente marche. Les autorités, dira-t-il, les ont placés en alerte maximum pour empêcher ladite marche.

Selon lui, toutes les voies sont ouvertes au dialogue afin de trouver un terrain d’entente. « Nous sommes dans un État de droit, un État Républicain. On marche dans le cadre des normes établies par la loi et non de manière anarchique » a-t-il ajouté.

Il est à retenir que le 12 février 2010, l’union a adressé une déclaration de marche (avec les références de trois responsables) au gouvernorat et la mairie du district, ainsi qu’à la mairie de la commune III, commune où doit se tenir la marche.

Ils ont réaffirmé, le 23 du même mois, à ces structures leur volonté et informé de cette volonté, le 2 mars, les ministères de l’administration territoriale et des collectivités locales, de la justice, du logement, des affaires foncières et de l’urbanisme, de la sécurité intérieure et de la protection civile, ainsi qu’à la Primature.

Et le gouvernorat n’a pris la décision de l’interdiction de la marche que le 8 mars, c’est-à-dire la veille de la marche. Mieux, le secrétaire aux relations extérieures de l’union nous dira qu’ils n’ont eu connaissance de cette interdiction que sur la scène de la marche, par le canal de la police.

Des dizaines de litiges fonciers concernant des cas de déguerpis et d’expropriations dans les différents quartiers de Bamako et du cercle de Kati donnent du fil à retordre aux autorités depuis quelques années. Le gouvernement va devoir faire face à la recrudescence de la tension née de sa politique d’urbanisation.

Les états généraux du foncier viennent de se tenir, il y a quelques mois, mais ces expropriés et déguerpis estiment que leur mise à l’écart rendrait inutile les conclusions de ces assises.

Plus d’une centaine de cas de litiges fonciers sont en instance entre les membres de l’union et l’État. L’Uacdddd est un mouvement qui regroupe 43 associations et coopératives, «dont la majeure partie est frappée d’injustice foncière» précisent les responsables de l’union. Selon les responsables de ce mouvement, Les litiges fonciers sont aujourd’hui un véritable problème national et un marché potentiel de spéculation.

Les plus démunis se sentent de plus en plus lésés par le processus d’urbanisation du pays où, estiment-ils, leurs propriétés foncières sont «injustement» spoliées. Pour faire entendre sa voix, l’union avait décidé de faire savoir sa préoccupation au gouvernement à l’issue d’une marche pacifique, programmée pour ce mardi 9 mars 2010 avec comme itinéraire de la bourse du travail à la Primature.

Seydou Coulibaly

Moussa Dagnoko

Le Républicain du 10 Mars 2010.

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Marche réprimée des victimes d’expropriation foncière : Des personnes âgées gazées et molestés !

Bien qu’ayant gros sur le cœur, les victimes d’expropriation foncière du Mali doivent encore patienter. La marche choisie pour exprimer leur amertume à qui de droit n’a pas été une aubaine. Interceptées, entre la bourse du travail et la Primature, par des forces de maintien d’ordre, elles ont vécu hier une des pires formes d’humiliation.

Suite à une expropriation foncière dont ils ont été victimes à différents endroits du pays, ils avaient pris d’assaut le Boulevard de l’Indépendance, ce mardi 9 mars 2010, pour exprimer leur désagrément aux autorités du pays à travers une marche pacifique. Ils, ce sont ces nombreux citoyens qui ont perdu leurs parcelles face à des particuliers plus forts qu’eux ou face à la toute-puissance étatique. Comptant sur leur nombre (43 associations ou de coopératives venant des différents quartiers, villages) ces victimes d’expropriation foncières ont voulu se faire entendre lors de leur marche pacifique du mardi 9 mas dernier.

Mal leur en a pris car elles avaient en face des forces de maintien d’ordre déterminés à les en empêcher. Qui n’ont pas hésité à utiliser la méthode forte pour les disperser au motif qu’elles ne disposaient pas d’autorisation. Pourtant, une demande d’autorisation de marche a avait été bien adressée au ministère de l’administration et des collectivités locales, se défendent les marcheurs.

Mais selon le commissaire adjoint du 1er arrondissement, Abou Sidibé, qui menait la troupe hier mardi, « les autorités avaient opposé une fin de non recevoir à la demande des marcheurs. Cela aurait été notifié au secrétaire général de l’Union des associations et des coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis (UACDDDD).»

Selon toujours M. Sidibé, il aurait prévenu le secrétaire général de l’UACDDDD, Famory Konaté, de ne pas faire sortir les gens sans autorisation.

Plus pressé M. Konaté n’aurait pas entendu de cette oreille et n’a passé l’information aux autres marcheurs. « C’est donc pour cette raison que nous sommes venus ici depuis 6 heures du matin pour éviter tout trouble à l’ordre public. C’est malheureux qu’on ait eu à faire à nos mamans et papas dans une telle situation, mais que peut-on lorsque les gens ne veulent pas chercher à comprendre », a regretté le commissaire adjoint.

En tout cas, trouble à l’ordre, il n’y en a pas eu hier mardi. Lorsque vers 8h30mn les marcheurs se sont regroupés à l’endroit indiqué (ndlr la bourse du travail), certaines voix se sont levé pour demander le sursis du projet en lieu et place d’une assemblée générale d’information.

On n’en serait pas là si ces voix avaient entendues. Mais sans compter avec la détermination des extrémistes qui ont exclu toute idée de repli d’autant plus que certains marcheurs sont venus des régions, d’autres des cercles lointains. Sous leur pression, a eu lieu la marche dont l’objectif était de remettre au chef du gouvernement, Modibo Sidibé un communiqué.

Un objectif qui n’a pas été atteint car les policiers n’ont pas hésité à faire usage de gaz lacrymogène et de matraques pour les disperser. C’est ainsi que des mamies et papi n’ont pu être épargnés dans l’intervention policière. Forte dose de gaz, coups de matraques et bousculades étaient de la partie.

Ils venaient, selon eux-mêmes, d’essuyer leur deuxième humiliation après avoir été expropriés de leurs biens fonciers.

Il faut rappeler que les doléances qui ont motivé l’UACDDDD à marcher sont aussi diverses et variées : il s’agit entre autres de sa participation à la résolution des problèmes fonciers ; le recasement des déguerpis en priorité ; le maintien des habitants à leur place en cas d’annulation des projets, la création d’une commission nationale de recasement composée du ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales, de la municipalité de la commune concernée, des représentants de la localité concernée (associations et chefs de village) ; et d’une commission d’arbitrage dirigée par la juridiction de la localité concernée.

S’agissant des litiges fonciers qui constituent actuellement un véritable problème national et un marché potentiel de spéculation foncière, l’union exige pour les parcelles à usage d’habitation : la révision des plans déjà approuvés pour conformité au niveau de l’IGM ; la prise en compte de l’ancienneté des titres ; la comparution des maires chargés des affaires domaniales devant les juges pour clarification ; la création d’une commission nationale pour la révision et la délivrance des titres ; la poursuite des auteurs de la production de faux documents devenue monnaie courante, ainsi que le dédommagement des victimes des malversations foncières.

Pour les concessions rurales, considérant le cas spécifique de N’Tabacoro, Gouana, Diatoula, Niamakoro où l’État a exproprié les habitants de centaines d’hectares avec titres ; vu que les procédures d’expropriation n’ont pas été respectées conformément au code domanial, l’UACDDDD exige que le gouvernement du Mali révise sa position et maintienne les propriétaires dans leurs titres. Idem dans la gestion des cas similaires à travers le Mali.

En ce qui concerne les expropriés de champs pour les besoins d’intérêt public, l’UACDDDD exige : une réforme agraire conformément à l’article 78 ; la définition d’un programme de politique agricole ; la conservation de certains espaces pour l’agropastorale ; le respect du droit coutumier ; la création d’une commission d’identification des propriétaires de champs à l’office du Niger ; le respect des décisions de la justice par les élus municipaux.

Abdoulaye Diakité

L’Indicateur du Renouveau du 10 Mars 2010.

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Litiges fonciers : La marche pacifique de l’U.A.C.D.D.D.D réprimée violemment par des policiers

La tension était vive ce mardi 09 mars 2010 devant la Bourse du travail entre policiers et Union des associations et des coordinations des associations pour le développement et la défense des droits des démunis (U.A.C.D.D.D.D). Cette dernière avait prévu une marche pacifique qui devrait commencer à partir de la Bourse du travail pour « processionner » jusqu’au niveau de la Primature. Mais les forces de l’ordre ont empêché les organisateurs de poursuivre leur marche. S’en est suivi un affrontement au cours duquel 6 personnes ont été battues et arrêtées par la police.

Ils étaient tous venus, jeunes et vieux, victimes de l’expropriation foncière dans différents quartiers de Bamako pour prendre part à la marche pacifique organisée par l’union des associations et des coordinations des associations pour le développement et la défense des droits des démunis (U.A.C.D.D.D.D).

La marche qui était initialement prévue à 10 heures avec comme itinéraire le trajet Bourse du travail-Primature, a été empêchée par les policiers. Les organisateurs visiblement décidés à faire cette marche, pour exprimer leur mécontentement par rapport à l’expropriation foncière dont ils sont victimes, ont alors croisé sur leur chemin des policiers fouettards.

Séance de matraquage et de « gazage »

Il n’en fallait pas plus pour goûter à la fâcheuse tendance meurtrière des agents des forces de l’ordre ici déployés. Les policiers (visiblement préparés à la répression sauvage) ont ainsi lancé des gaz lacrymogènes sur les mécontents expropriés fonciers. La scène ressemblait à s’y méprendre à un véritable champ de bataille. Ils (les policiers) ont même violé les franchises de la Bourse du travail pour y pourchasser les marcheurs. En riposte à la réaction des policiers, déterminés et surexcités qu’ils étaient, les manifestants pouvaient s’adonner à une intifada.

Les choses se compliquent. 6 personnes du côté des manifestants ont été battues et arrêtées par les forces de l’ordre, qui étaient décidés à empêcher coûte que coûte cette marche. Commencent alors des scènes obscures. Les marcheurs, après avoir épuisé toutes leurs forces sans avoir jamais eu gain de cause, 4 femmes se sont mises à nu pour se diriger devant les policiers. Elles ont lancé invectives et malédictions à l’endroit des policiers et aux plus hautes autorités, qui seraient selon elles, à la base de leur infortune.

La demande d’organisation de la marche pacifique a été adressée aux autorités

A en croire le secrétaire chargé des relations avec l’extérieur de l’U.A.C.D.D.D.D, Mansa Koné, la demande d’organisation de la marche pacifique a été adressée à la Primature, au ministre du Logement, ceux de la Justice, de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, au gouvernorat du district de Bamako et à la Mairie de la Commune III dans le délai et avec accusé de réception. « Je ne comprends pas cette décision de nous empêcher de marcher », a déclaré Mansa Koné. Sinamory Camara, un vieux de 70 ans, résidant à Djicoroni-Para, pense que les autorités de ce pays sont pourries jusqu’au dernier degré, d’autant plus qu’elles savent tout, mais ne disent jamais rien.

Et Sina Fomba, domicilié à Lafiabougou Bougoudani, d’exprimer son désarroi. « Nous sommes fatigués des morcellements de nos quartiers. Chez nous à Bougoudani, ils ont tous détruit. Les pauvres ont beaucoup souffert. Moussa Mara qui était venu pour mettre l’ordre dans tout ça a été enlevé. Au Mali, on n’aime pas les travailleurs. Les pauvres n’ont pas de droits au Mali. On s’en remet à Dieu. »

Pour le président du Mouvement des Sans voix du Mali, Tahirou Bah, cet acte montre le vrai visage du PDES et du gouvernement. Selon lui, nos autorités sont capables d’investir des milliards dans l’organisation du cinquantenaire, mais incapables de trouver la solution aux problèmes auxquels les pauvres sont confrontés. Si c’était une marche de soutien à ATT, ça ne se serait pas passé comme ça, ajoute-t-il. « Nous sommes en démocratie, on a le droit de marcher », a déclaré Tahirou Bah.

Qui sont les manifestants

Il faut rappeler que l’Union des associations et des coordinations des associations pour le développement et la défense des droits des démunis regroupe 43 associations, coopératives, quartiers et villages dont la majeure partie est frappée par une expropriation foncière. Dans la déclaration de la marche, l’union exige sa participation à la résolution des problèmes fonciers. Sans ignorer la nécessité d’une urbanisation saine sur toute l’étendue de la République et la viabilisation des parcelles, l’Union exige qu’on tienne compte de l’aspect social dans les des déguerpissements.

Et demande par ailleurs le recasement des déguerpis en priorité, le maintien des habitants à leur place en cas d’annulation des projets. Concernant les litiges fonciers, qui constituent actuellement un véritable problème national et un marché potentiel de spéculation foncière, l’union exige : pour les parcelles à usage d’habitation, la révision des plans déjà approuvés pour conformité au niveau de l’IGM ; la prise en compte de l’ancienneté des titres ; la comparution des maires chargés des affaires domaniales devant les juges pour clarification ; le dédommagement des victimes des malversations foncières et la création d’une commission nationale pour la révision et la délivrance des titres.


Diango Coulibaly

L’Indépendant du 10 Mars 2010.