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En plus de la création d’emplois, cela a été l’occasion de réduire progressivement le volume des importations de certains produits. Toute chose qui a favorisé un relatif épanouissement des populations.

Mais la situation économique est en continuelle évolution. En effet, sous le deuxième République il y a eu d’abord la poursuite des efforts d’industrialisation avant que la gestion des différentes sociétés et entreprises d’Etat devienne des plus calamiteuses. Alors les sociétés d’Etat devenaient de plus en plus une charge pour l’Etat.

Ainsi, en raison des partenariats pour le développement socio-économique, la mise en oeuvre des programmes d’ajustement structurel a imposé aux autorités la privatisation ou l’ouverture du capital des sociétés.

Les conséquences ont été des licenciements parfois abusifs des travailleurs, la faillite de certaines sociétés avant leur liquidation ou leur privatisation avec les conséquences sociales pour les travailleurs qui sont nombreux à ne pouvoir se reconvertir.

C’est pour cette raison que les privatisations des sociétés sont très mal accueillies au Mali, surtout que les mesures d’accompagnement n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes à cause de la modicité des droits mais aussi du retard dans leur payement. D’où la création de différentes associations pour la revendication des droits. A ce sujet aujourd’hui encore, les compressés de l’ancienne SOMIEX courent derrière leurs droits.

PRIVATISATION ET DIFFICULTES SOCIO-ECONOMIQUES
Ainsi, si la privatisation est généralement considérée par les autorités successives comme une nécessité, elle pose toujours des problèmes sociaux. Aujourd’hui, les populations riveraines des rails ne cessent de se plaindre des conséquences drastiques de la concession de la Régie du chemin de fer du Mali sur leurs activités socio-économiques, donc sur leurs conditions de vie.

Il en est de même de la concession d’EDM-SA à cause de laquelle il est difficile pour les autorités actuelles d’obtenir des réductions de tarifs d’eau et d’électricité. Ainsi, l’Etat cesse d’être la vache laitière pour les responsables de ces sociétés qui les gèrent autrement. Mais voilà que les avantages d’un tel changement sont mitigés;

En effet, l’Etat cesse d’engloutir des sommes faramineuses dans les différentes sociétés, conformément aux différents programmes d’ajustement structurel qui visaient l’objectif de la réduction de son train de vie. Mais en démocratie la situation se révèle complexe, étant donné que la gestion du cas des compressés pose depuis longtemps des problèmes à un moment où les revendications socio-économiques sont intenses.

Le problème, est posé depuis la deuxième République. C’est donc dire qu’elle n’a pu le résoudre. Il en a été de même pour le pouvoir Adema pendant sa décennie de gestion. Alors, tous ont-ils négligé le problème, ou ont-ils été incapables de le faire? La réponse à la seconde hypothèse semble plus convaincante. S’inscrivant toutes dans le cadre de ce qu’on appelle la demande sociale que tout pouvoir a l’obligation de gérer à la mesure de ses possibilités, les revendications socio-économiques deviennent alors des casse-tête.

En effet, les autorités actuelles ont à faire face à des revendications ponctuelles, de même que celles qui existaient sous le pouvoir qui les a précédées, en raison de la continuité de l’Etat. C’est à ce niveau que la tâche se complique pour le pouvoir actuel qui a l’obligation de tout prendre en charge.

FAUT-IL RENEGOCIER CERTAINS CONTRATS?
Or, dans le contexte actuel, il est difficile de donner satisfaction au plus grand nombre de la population sans revoir plusieurs situations. Et les relations du Mali et de ses autorités avec les partenaires au développement sont telles qu’il est illusoire de croire qu’on pourra revenir sur les contrats déjà passés dans le cadre de la concession des sociétés. A défaut donc de cela, le moins qu’on puisse faire, c’est de tout mettre en oeuvre pour éviter que le processus de privatisation se poursuive.

Avec l’engagement personnel d’ATT, les autorités actuelles ont bien fait de retarder la privatisation de la CMDT en la renvoyant à 2008. Peut-on espérer que d’ici là elles pourront trouver les moyens et les arguments d’arrêter un tel processus, ne serait-ce que pendant quelques années?

Rien n’est moins sûr quand on sait que les partenaires techniques et financiers du Mali sont généralement campés sur leur position. Ils veillent à ce que leurs fonds soient judicieusement utilisés conformément aux priorités qu’ils ont dégagées de commun accord avec les autorités maliennes.

Dans ces conditions, il faudra que les autorités poursuivent les efforts d’augmentation des ressources intérieures, à travers notamment les exploitations minières. Peut-être avec des ressources additionnelles intérieures, il y a possibilité de faire face à beaucoup d’obligations représentant des cas sociaux et rejetées par les partenaires au développement du Mali.

Moussa SOW

15 Mars 2005