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Gagny et Seydou, deux spécialistes en vol de motos ont toujours échappé à leurs poursuivants grâce à l’agilité de leurs jambes. La baraka les a lâchés mercredi dernier

Cette affaire qui s’est produite en juillet dernier nous a été rapportée par un collègue de service. Il s’agit d’un différend opposant un chef de village et l’un de ses administrés à propos d’un champ. Selon les recoupements que nous avons eu à faire, la portion de terre appartient à Falani et à Bamako à la famille Zantigui Doumbia.

En avril dernier, les Doumbia ont décidé de transformer les droits de propriété traditionnelle en droits administratifs par l’obtention d’un titre foncier. Pendant qu’ils étaient sur le point d’obtenir le titre provisoire, le chef d’un village voisin vendit dix hectares de la propriété traditionnelle des Doumbia à un cadre de Bamako.

Le fonctionnaire en question entreprit d’officialiser ses droits sur les dix hectares et se heurta très vite au dossier de Zantigui Doumbia et famille. Il retourna chez son vendeur et l’informa des difficultés qu’il rencontrait au niveau de Kati pour l’établissement de son dossier.

Mécontent, le chef de village, sans chercher à comprendre, alla porter plainte à la gendarmerie de Baguinéda. Zantigui et ses enfants se rendirent à la brigade territoriale un mardi du mois de d’août dernier. Après les avoir écoutés, le commandant adjoint de la BT, l’adjudant chef Maïga comprit que le chef de village était criblé de dettes et ne possédait plus le moindre mètre carré à vendre pour honorer ses engagements. L’officier de police judiciaire, ne voulant pas humilier le chef coutumier devant ses administrés venus nombreux, conseilla au plaigant de régler le différend à l’amiable.

«Chef de village, je crois comprendre qu’il n’y a pas assez de problème entre toi et ton frère. Tu as vendu une partie de son champ sans l’aviser et vous devez pouvoir vous entendre au niveau du village au lieu de porter l’affaire devant les autorités que vous représentez au niveau de votre village», expliqua l’adjudant chef Maïga. Puis le gendarme donna rendez-vous aux deux parties le lendemain.

Deux bandits de grand chemin

Mais c’était compter sans la détermination du chef de village d’exproprier Zantigui. Pendant que les pandores de Baguinéda l’attendaient, Zantigui changa de direction pour se rendre au Camp I de gendarmerie de Bamako pour déposer une nouvelle plainte contre la famille Doumbia.

Le père et ses enfants firent une nouvelle fois le déplacement à Bamako où ils seront entendus pendant une semaine avant d’être conduits directement à la prison de Kati où ils passèrent un mois. Âgé de 80 ans, Zantigui décédera en prison, victime d’une crise qu’il a piquée aussitôt après son arrivée dans la maison d’arrêt. Selon ses proches, Zantigui est mort tout simplement parce qu’il ne supportait pas de vivre, comme un vulgaire bandit, avec les nombreux malfrats qui peuplent la prison.

Cette histoire n’a rien à voir avec notre sujet du jour, mais elle donne un avant-gout de la propension des hommes à vivre de plus en plus dans la facilité, advienne que pourra. Même nos parents au village semblent avoir été piqués par le virus. C’est du moins la morale que l’on peut tirer de cette histoire.

Notre affaire du jour concerne deux bandits de grand chemin dont la spécialité est le vol de motos. L’un s’appelle Gagny Sangaré et l’autre Seydou Diané. Tous les deux hommes habitent sur la rive gauche du Niger mais depuis quelques temps ils se font très fréquents sur la rive droite, précisément le quartier de Bacodjicoroni ACI. Plusieurs raisons sont à la base de cette attitude de ces malfrats.

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Gagny et son compère y venaient régulièrement parce qu’ils avaient remarqué que la plupart des jeunes filles du coin (les adolescentes surtout) possèdent des motos Jakarta. Autre caractéristique de Bacodjicoroni, le quartier compte plusieurs maquis très prisés des Bamakois.

Un autre facteur non moins important a incité nos deux malfrats à installer leur Q.G à Bacodjicoroni : la présence dans le quartier d’un certain Idy Traoré, un mécanicien qui passait pour un grand spécialiste de la modification ou plutôt du changement de numéro des motos. Ce trio opérait avec un quatrième larron qui est en cavale et dont on ignore-du moins pour le moment-le rôle exact.

Dans la journée du mercredi dernier, le duo Gagny-Seydou a passé une grande partie de la matinée à prospecter le quartier. Ils ont fini par repérer une moto stationnée dans un coin d’une maison. Ils n’avaient pas remarqué que du dehors des gens étaient de train de suivre leur…Gagny s’approcha de l’engin et le mit en marche sans clé. C’est que Gagny, on ne vous l’a pas dit était un as dans cette technique. Au moment où il voulait prendre son compagnon qui l’attendait à quelques mètres, une foule se forma prestement et encercla les deux hommes.

Ayant compris que le vol était pratiquement impossible à ce moment, les deux hommes abandonnèrent la moto et cherchèrent leur salut dans la fuite. On ne savait par quel miracle ils avaient pu échapper à la foule qui menaçait de leur faire la peau.

Mais ce n’était que partie remise. Quelques minutes, plus tard, un grand cri au voleur traversa le quartier et parvint à la foule qui était toujours sur place en train de commenter l’audace de Gagny et son compagnon.
Gagny et Seydou Diané venaient d’être surpris à nouveau alors qu’ils tentaient de voler deux motos garées sous un arbre, à quelques mètres des propriétaires qui prenaient du thé dans un vestibule.

Pris en chasse par une foule nombreuse, les deux malfrats furent contraints d’abandonner les engins. Mais cette fois ci la chance les abandonna et ils furent arrêtés par leurs poursuivants. Conduits au commissariat du 4è arrondissement, Gagny et Seydou avouèrent avoir volé de la même manière et dans le même secteur pas moins de huit engins à deux roues.

Quatre ont été retrouvés chez le mécanicien Idy Traoré qui cherchait à les écouler à un certain Sory. L’une des motos a été restituée à son propriétaire, tandis que les trois autres étaient toujours garées dans la cour du commissariat du 4è arrondissement en attendant l’identification de leurs propriétaires.

G. A. DICKO

Essor du 24 Novembre 2008