«Créer un espace de débat et de rencontre scientifique autour du VIH/Sida» ! Voilà l’objectif majeur des Journées de Bamako sur la pandémie initiées en 2004 par la Fondation Gaia et les autorités médicales maliennes.
Comme les deux précédentes éditions, celle de cette année a permis de faire l’état des lieux de la lutte et de l’accès aux traitements, les dernières avancées de la recherche…
C’est donc un cadre de réflexion commune pour optimiser les efforts de chacun. Les journées 2006 ont pris fin mercredi dernier au Centre international des conférences par un point de presse.
Selon le coordinateur du Groupe sectoriel de lutte contre le VIH/Sida, Dr Aliou Sylla, il s’agissait de donner plus d’informations aux journalistes afin de «mieux propager les bonnes pratiques contribuant à la prévention et à la lutte contre la pandémie».
L’occasion pour les confrères de partager leurs préoccupations avec les spécialistes regroupés en panel. Les questions des journalistes ont porté sur la prévention de la transmission mère enfant, les effets secondaires des antirétroviraux (ARV), l’état des cherches sur le vaccin, le type de virus qui prédomine au Mali et en Afrique, la gratuité des soins…
Seule la régularité des femmes aux consultations pré et post natales est efficace pour enrayer la transmission mère-enfant. Elle permet de faire le dépistage et, au cas où la femme serait positive, de prendre des dispositions pour éviter la transmission du virus pendant et après la grossesse grâce surtout à la névirapine.
Le Dr Mamadou Traoré a profité du point de presse pour faire un vibrant plaidoyer sollicitant les médias à les aider à sensibiliser les femmes dans ce sens. A part quelques particularités, le traitement de l’enfant infecté n’est pas différent de celui de l’adulte.
Par rapport toujours aux soins, le Pr. Hamar Traoré de l’Hôpital Gabriel Touré a rappelé que «tous les médicaments efficaces ont un effet secondaire». Mais, «ceux des traitements antirétroviraux sont bénins». Un point de vu partagé par les autres spécialistes du panel.
Au Mali, il est beaucoup question de la gratuité des soins. Et pourtant, à regarder de près, cette gratuité ne concerne que les antirétroviraux.
Une grande partie des personnes vivant avec le VIH/Sida continuent à rencontrer d’énormes problèmes pour se procurer des médicaments contre les infections opportunistes.
Un constat partagé par les spécialistes. Mais, selon le Dr. Aliou Sylla du Groupe sectoriel de lutte contre le VIH/Sida, des efforts sont en cours pour assurer la gratuité de tous les traitements relatifs à l’infection au VIH/Sida.
Pour le Pr. Hamar Traoré du Gabriel Touré, cela ne peut être possible que si le décret instituant la gratuité des soins est rapidement complété par des textes d’application.
Si le virus du Sida ne cesse de se multiplier, il est apparaît que le VIH2 a tendance à disparaître de l’Afrique où prédomine le VIH1.
Le panel pour répondre aux questions de la presse était, entre autres, composé de Dr Annie Degroot (Alliance globale d’immunisation contre le VIH/Sida, GAIA), Pr. Christine Katlama (Fondation SOLTHIS), Pr. Pizarro, Dr Aliou Sylla, les Pr. Baba Koumaré et Hamar Traoré, Dr Mamadou Traoré…
Les Journées VIH/Sida 2006 ont enregistré la participation d’une dizaine de spécialistes internationaux de renom, de l’ensemble des praticiens et chercheurs maliens quotidiennement impliqués dans la lutte contre le Sida, de représentants des huit régions du Mali.
Elles ont ainsi été l’occasion d’échanges autour des derniers travaux menés au Mali ou dans le monde sur le VIH et de confronter les réalités de terrain.
«C’est un moment de partage de leçons apprises et des bonnes pratiques qui ont permis de lever beaucoup d’incompréhensions dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida…», a rappelé Dr Aliou Sylla face aux journalistes.
A défaut d’un vaccin contre la pandémie, une synergie nationale, sous-régionale voire mondiale est en train de se mettre en place pour faire face aux défis en situant mieux les enjeux.
Et les Journées Sida de Bamako, qui ont bénéficié cette année de l’appui de deux nouveaux partenaires que sont Solthis et Esther, contribuent à la mise en place d’une telle réponse concertée et efficace.
Et comme l’a si bien conseillé le Pr. Hamar, en attendant la découverte d’un vaccin, «chacun doit s’interroger sur ses responsabilités et assumer son rôle dans la réussite de ce combat».
Moussa Bolly
24 janvier 2006.