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Souvenons-nous, 1960 fut l’année qui enregistra le plus grand nombre des indépendances. L’année électorale qui s’achèvera bientôt sous nos yeux nous aura rempli de consolation pour tout ce qui s’est passé avant, de courage pour le présent et surtout d’espérance pour l’avenir… Sur la vaste scène de notre espace communautaire, on votait donc et nous en étions à partager les angoisses de nos voisins, sûrs que la seule humanité s’intéresse à la mauvaise ou la bonne fortune de ceux-ci…Nous y travaillons avec la même sollicitude commune pour l’intérêt commun de notre espace UEMOA et nous n’avons de différends ou de problèmes les uns pour les autres que ceux qu’une amitié de tous les jours fait naître. Trois pays cinquantenaires carburaient donc au vote. Il aura fallu tout un jeu de patience pour en arriver aux résultats des urnes en passant par une montée en passion… Trois pays au sortir d’une élection qui n’a pas manqué de surjouer nos peurs car elle aura donné lieu à un vote de double mémoire.

D’abord ces élections dans ces 3 pays nous intéressent parce que nous avons avec chacun d’eux des liens historiques. Nous avons comme qui dirait un avis de manifestation d’intérêt pour au moins deux de ces élections (la Côte d’Ivoire et la Guinée) et on en était réduit à tout attendre d’un appel à sélection avec le Burkina Faso de Blaise Compaoré. Tous ces 3 présidents élus viennent de rencontrer un destin et qui pourra prédire la nouvelle carte politique de notre sous-région dans tous les détails ? Sommes-nous en face d’une direction de sens car ces 3 pouvoirs résument à eux seuls toutes les ambiguïtés de notre croissance sous-régionale ? Qui a dit que l’alphabet n’est pas démocratique ? De tous ces 3 pays sur les 17 qui ont fêté cette année leur cinquantenaire, le Burkina Faso fait bander. Si l’on peut parler d’année zéro pour les deux autres arrivants au pouvoir, Blaise Compaoré, lui reste le plus ancien dans le grade le plus élevé qu’est la présidence d’une République.

Le 24 Novembre 2010 il a été réinstallé dans un fauteuil avec à son avantage un taux de participation à ce scrutin. A quel nouveau test pourra t-il s’employer lui qui a été réélu par ses concitoyens à la mesure de la stabilité du pays ? Parce que la rhétorique officielle a achevé de convaincre. Blaise Comparé au palais de Kosyan sait pourtant à l’entame de son 4è mandat que l’Afrique de nos jours a besoin d’une nouvelle génération d’hommes politiques et qui doivent pour ainsi dire avoir des principes par rapport à leur (propre) exemple…

Sera-t-il cet homme qui continuera de marquer de sa présence ou de son dessein notre sous-région ? Plus qu’aucun politicien ne l’a fait avant lui si ce n’est l’ombre des pères fondateurs…Il commence un autre mandat avec le titre envié de faiseur de la paix et il aura promis un observatoire de la gouvernance. Quelle autre offre politique pourra t-il se donner en sachant que les couloirs de migrations les plus actifs de la sous-région passent par son pays. Blaise Compaoré n’est-il pas devenu un témoin objectif de notre sous-région ? A qui pourrait-il prêter ses services et qu’on en vienne à juger cela importun ? Un pays enfin qui avait su changer de nom pour montrer le courage des hommes et pour qui il n’y a pas de fatalité. Alpha Condé est un président qui arrive ce 2 décembre 2010 et pour qui les Maliens auront toujours un intérêt renouvelé.

La Guinée-Conakry est à la cause nationaliste ce que la Côte d’Ivoire est à la croissance sous-régionale. Alpha et ADO (certainement, plaise à Dieu) sont arrivés au pouvoir avec la dramatisation de la vie publique et qui leur a donné un profil. De ces 2 présidents, les Maliens attendent du souffle. Et le tandem ADO-Blaise serait ouvert à tous les vents. En venant aux affaires, ils auront à se dire que la politique n’étant plus une question de personnes, elle devient plutôt une question de bilan…

Condé avait su montrer sa personnalité, va-t-il être une dynamique ?

Son pays avait devancé les autres aux titres des indépendances. C’est une marque de respect dû. Alpha Condé quant à lui, il a pu nous donner la preuve de sa constance et sera-t-il un homme neuf pour l’un des plus vieux pays de la sous-région et qui manquait de tout jusqu’à hier ? Sa coalisation Arc-en- ciel lui fait reprendre 26 points de retard sur son adversaire grâce à une campagne qui le fait revenir de loin. L’opposant est désormais à Sékoutoureya ………. devant un large éventail des attentes de ses concitoyens.

Si on ne donne pas dans l’indignation sélective devant les travaux d’hercule qui l’attendent, nous demandons à savoir jusqu’où ira l’espoir suscité. Le symbole qu’il est, tel un miroir déformant peut restituer différemment la lumière (sans jeu de mots) aux Guinéens…… Le pays est en attente de preneurs ….. et le président qui arrive ne pourra faire n’importe quoi. Sait-il seulement ici qu’il y a eu une large traîne de conjurations contre le pouvoir en place ? Comment dans son pays nous fera t-il revivre autrement le nationalisme africain ?

Enfin le 28 Novembre 2010, la Côte d’Ivoire a voté et est resté depuis sous les feux de l’actualité. On en parle et on en reparlera de ce second tour des présidentielles.

L’exhortation n’y suffit pas et la chronique des faits mais de tous les faits reprend la corde. C’est une présidence nouvelle qui se dessine et qui ignorera que c’est un injonctif qui ira à l’actuel locataire du palais. La bouche de Laurent Gbagbo avait demandé un débat, il l’a eu et on les a entendu tous les deux sur le plateau télévisé. La Côte d’Ivoire augure t-elle les lendemains dont nous aurons à prendre la mesure ? Le président sortant ne se renie pas et il ne semble renoncer à aucune des facettes de sa personnalité. Pour ce qui est de la bataille de l’image, il en a pris un coup. Lui qui ne veut ni rompre ni plier.

Ado, lui vit certainement les heures les plus dramatiques de sa carrière politique. Il se retrouve une fois de plus au centre de toutes les passions, comme hier encore. Les épreuves l’ont enrichi semble t-il mais quid du viatique de l’exclusion ? Il a voulu revenir pour revaloriser après Houphouet Boigny l’arrivée de toutes ces populations dans cette cité de la reine Pokou. Le Nil est-il arrivé au Caire pour lui … ?

Son histoire devient désormais inséparable de cette de la Côte d’Ivoire. Son premier défi sera politique. Quel manifeste va t-il proposer à ses concitoyens ? Dans quel ordre des préséances sera t-il demain la Côte d’Ivoire de notre nouveau cinquantenaire dans ce golfe de Guinée de toutes les envies de brut (de l’or noir) ? Que Dieu garde la main sur notre pays avait dit l’autre jour l’un des prétendants lors du débat télévisé. Ce beau pays de l’hospitalité ne peut retourner au silence des forêts primitives.

Aux Ivoiriens de ménager ces moments de transport de la victoire du nouveau président … Qui a dit que le pire n’est jamais certain ?

Salif Koné

03 décembre 2010