Partager

Présentement en visite en Chine dans le cadre du 5e Séminaire des Officiels de presse africains, notre collaborateur s’est rendu dans la province du Sichuan où avait eu lieu un tragique tremblement de terre le 12 mai 2008. Ce grave séisme, d’une magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter, avait tué au moins 50 000 personnes. Les dégâts économiques ont été évalués par les autorités chinoises à environ 100 milliards de yuans (1 yuan = 65 F CFA). Voici le reportage de notre envoyé spécial.

Ce lundi 12 mai 2008, la vie s’est arrêtée dans le district de Hangwang (Province du Sichuan, municipalité du Deyang) à 14h 28 comme l’indique une horloge située en plein cœur de ce qui était le centre commercial de la localité.

En 80 secondes, la terre s’est éffondré sous les pieds et le ciel est tombé sur la tête des populations locales.

Le district de Hangwang (une ville de 70 000 habitants avant le séisme) a payé le prix fort, car il était en fait l’épicentre du violent séisme. On voit encore des maisons englouties par la chaîne montagneuse qui s’est avancée de plus de cent mètres sur la ville maintenant abandonnée.

C’est un décor lugubre de chaos qui accueille le visiteur dans cette cité plongée dans l’horreur depuis le 12 mai dernier.

Le silence macabre et sinistre est de temps en temps perturbé par le bruit des marteaux piqueurs ou des grues qui sont en train de démolir les maisons fissurées.

De la société de fabrication de turbine électrique, il ne reste que quelques pylônes, des poutres de charpente et un amas de ferraille. On perçoit encore une grande émotion et une naturelle désolation dans la voie des responsables administratives de la municipalité quand ils évoquent cette tragédie.

Le séisme, dont l’épicentre se trouvait dans une région montagneuse (près des frontières entre le Sichuan, le Tibet et la province de Qinghai), a été d’une intensité de 7,9 sur l’échelle de Richter (certaines sources parlent de 8 sur la même échelle) et fut senti aussi loin qu’à Bangkok, la capitale thaïlandaise, située pourtant à 1900 kilomètres au sud.


La détresse humaine

« Ce séisme est le plus destructeur qui ait frappé la Chine depuis 1949 » , avait déclaré le Premier ministre chinois, M. Wen, cité par les médias officiels.

Les pertes en vies humaines avaient été évaluées par le gouvernement chinois à au moins 50.000 morts dont une grande partie ensevelie sous des décombres des maisons écrasées par la montagne qui a avancé sur la localité de Hangwang de plus de 100m à cause du glissement de terrain.

La mort les avait surpris dans les activités quotidiennes au foyer, au bureau, dans les marchés, dans les usines, les écoles et garderies d’enfants, dans le sommeil…

Maisons d’habitation, ponts, édifices publics, boutiques, usines… Rien n’a résisté à cette tragique catastrophe naturelle. Une hécatombe qui avait plongé les populations dans une détresse humaine. « Des années de dur labeur se sont détruites en quelques poignées de seconde », déplore un paysan. « En un clin d’œil, nous avons tout perdu, y compris ceux qui nous étaient chers », souligne une commerçante rencontrée dans l’une des zones de recasement.

Et à cet élève de renchérir, « nous nous sommes réveillés heureux dans la chaleur familiale pour ne retrouver, avant la fin de la journée, orphelins ».

Cinq mois après ce tremblement de terre, des chaussures, des matelas, des ustensiles de cuisine, des jouets d’enfants, des enseignes… gisent ici et là dans ce décor apocalyptique. Surtout que parmi les victimes se trouvaient de nombreux enfants. Ce sont une vingtaine d’écoles qui ont été détruites par ce séisme.


La vie a repris ses droits

A quelques mètres, notamment à Mianzhu, la vie a repris son cours normal. Le gouvernement chinois a fourni d’immenses efforts pour reloger les victimes et leur donner de quoi reprendre leurs activités socioéconomiques. Contrairement à ce que les médias occidentaux ont véhiculé, la grande majorité des populations pensent que le gouvernement a fait de son mieux.

« La réaction des gouvernements national et provincial a été spontanée. Tout comme celle de la municipalité pourtant touchée en plein cœur. Grâce aux médias locaux et nationaux, ils ont vite mobilisé la nation et les gens sont accourus de tout le pays et de l’extérieur pour venir secourir les sinistrés. Cela a permis de considérablement réduire le nombre de victimes » , indique une sinistrée.

Ici et là, des cités de maisons préfabriquées s’étalent dans des plaines très fertiles. Le bloc d’habitations de l’Avenue de « Belle vue » de Mianzhu, abrite près de 10 000 recasés. Selon les autorités, elles vont y rester pendant deux ans, le temps nécessaire à la construction des maisons aux normes sismiques pour tous les sinistrés. Dans ce bloc, l’activité commerciale est florissante et un lycée y a été construit pour que les élèves n’aient pas leur scolarité perturbée par cette catastrophe.

« Cette tragédie nous a beaucoup marqué car nous avons perdu beaucoup de parents et de camarades. Mais, nous sommes conscients que nous devons la surmonter et nous battre pour reconstruire notre ville et notre municipalité » , déclare aux officiels de presse africains un jeune lycéen sous les applaudissements des autorités et de ses camarades.

Certes, la vie a repris ses droits à quelques kilomètres de l’épicentre du séisme, mais on ne pourra jamais faire comme si rien ne s’était passé de ce 12 mai 2008. Un lundi noir qui restera à jamais gravé dans la mémoire collective chinoise.

La solidarité malienne citée en exemple


Le séisme dans la province du Sichuan avait suscité l’émoi et des mouvements de solidarité un peu partout dans le monde. Les autorités chinoises ont été surtout très sensibles aux réactions spontanées des gouvernements et des peuples africains, notamment du Mali.

En effet, à tous les niveaux de la province, les officiels africains de la presse n’ont rencontré aucune autorité qui n’a fait référence à cela comme le signe de la fraternité entre les Africains et les Chinois. « Durant cette dure épreuve, nous avons été touchés par les soutiens venus de l’Afrique. Des Chefs d’Etat, dont celui du Mali, s’est déplacé jusqu’à notre ambassade pour signer le livre de condoléances et témoigner du soutien de leurs peuples aux populations sinistrées du Sichuan », a déclaré l’un des hauts responsables politiques de la dite province.

En dehors de la signature du cahier des condoléances, le président Amadou Toumani Touré avait remis à l’ambassadeur de Chine à Bamako un chèque de 50 millions de F CFA. C’était lors d’une audience au Palais de Koulouba. Cette contribution était destinée « à aider les sinistrés du séisme à renouveler au peuple chinois l’amitié des Maliens ».

Très ému par ce geste d’amitié, l’ambassadeur Zhang Guonqing a remercié « du fond du cœur » le peuple et les institutions du Mali.

Il avait ensuite promis que cet argent servirait à « soigner les blessés, reconstruire leurs maisons et leur fournir à boire et à manger ». Ce qui a été fait puisque les autorités politiques et administratives de la province et des districts concernés le mentionnent dans toutes leurs interventions. « Cette somme peut paraître dérisoire pour certains. Mais, elle a été d’un apport inestimable pour nous. Elle nous a permis de faire face à beaucoup de besoins essentiels pendant ce moment dramatique », témoigne l’une d’elles.

Quarante-huit heures auparavant, le président de la République s’était rendu à l’ambassade de Chine à Bamako pour exprimer sa compassion et celle du peuple malien au peuple ami et frère de Chine. A l’annonce du séisme, l’ambassade de Chine à Bamako avait reçu de nombreux messages de condoléances, de compassion ainsi que des dons en liquide faits spontanément par des citoyens, des associations ainsi que des entreprises de notre pays.

Aujourd’hui, le Mali est tellement dans le cœur des populations de cette région que l’un des hauts responsables de la municipalité de Deyang envisage de nouer des liens de jumelage avec une commune du Mali.


Alphaly

17 Octobre 2008