A l’instar du reste de la communauté internationale, notre pays a célébré mardi la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants. « La récolte du futur, une agriculture sans travail des enfants« , tel était le thème retenu cette année pour célébrer l’événement.
Cette journée a été l’occasion pour les responsables du Bureau international du travail au Mali, d’organiser une conférence de presse au Grand hôtel sur les conditions de travail des enfants en milieu rural. Les débats étaient animés par le conseiller technique principal et « point focal » du BIT-Mali, Michel Grégoire et l’administrateur national IPEC/Mali, Moulaye Hassan Tall.
Évoquant le thème de la Journée, Michel Grégoire a indiqué que 70 % du phénomène se passe dans le secteur agricole. Plus de 132 millions de garçons et filles âgés de 5 à 14 ans travaillent dans des fermes et des plantations. Ils sèment, moissonnent les récoltes, pulvérisent avec les pesticides et gardent le bétail.
Selon le conférencier, les filles sont les plus exposées puisqu’elles s’occupent très souvent des tâches ménagères avant ou après avoir travaillé dans les champs.
Les enfants qui travaillent dans l’agriculture, assure Michel Grégoire, sont souvent exposés à de nombreux risques et dangers. Ils manipulent des pesticides toxiques, utilisent des outils tranchants et donc dangereux, et travaillent souvent sous des températures extrêmes. On les fait manipuler des machines agricoles puissantes et lourdes.
Le conférencier a par ailleurs souligné que les enfants passent de longues journées aux champs. Ce qui les empêche d’acquérir une éducation et une formation professionnelle leur permettant de sortir de la pauvreté.
Cependant, a temporisé Michel Grégoire, toutes les tâches effectuées par les enfants dans l’agriculture ne sont pas forcément nocives pour eux. Les tâches adaptées à l’âge de l’enfant et qui n’interfèrent pas sur sa scolarité et ses loisirs peuvent être considérées comme faisant partie de son environnement normal en milieu rural.
Selon lui, l’agriculture devrait devenir tant pour les jeunes travailleurs que pour les adultes, un secteur plus attractif en leur offrant des possibilités d’emploi, des revenus et des salaires décents. Cela permettra d’éradiquer l’une des principales causes du travail des enfants, à savoir la pauvreté.
Après Michel Grégoire, l’administrateur national de IPEC-Mali, Moulaye H. Tall a insisté sur le rôle des médias dans la diffusion de l’information et la sensibilisation pour circonscrire le phénomène à défaut de pouvoir l’éliminer totalement. « L’information et la sensibilisation sont prioritaires pour extirper les enfants de ce calvaire« , a-t-il dit.
Citant les résultats d’une enquête de la direction nationale de la statistique et de l’informatique (DSNI), le conférencier a fait savoir que les 2/3 des enfants âgés de 4 à 17 ans contribuent au développent du secteur agricole. Une autre enquête de l’Institut d’économie rurale (IER), révèle que 25 % des enfants considèrent le travail comme une obligation alors que 17 % pensent que c’est un droit.
Le conférencier a rappelé que notre pays a ratifié de nombreuses conventions internationales pour l’abolition du travail des enfants. Cependant l’application de ces conventions dans le contexte malien pose souvent problème, malgré les progrès enregistrés dans la lutte contre le phénomène.
Il faut dire que chez nous, la notion de travail des enfants n’a rien de comparable avec ce qui se passe dans d’autres parties du monde. En effet, la situation d’un enfant qui accompagne ses parents au champ n’a rien à voir avec celle de son camarade utilisé dans des plantations ou des mines en Amérique Latine. Encore moins avec celle des enfants pratiquement réduits à l’esclavage dans des usines en Asie. C’est pour cette raison qu’ici, on parle plutôt de socialisation de l’enfant.
Les journalistes ont demandé si des mesures alternatives ont été arrêtées pour mettre fin au travail des enfants dans les champs. Michel Grégoire a répondu qu’il faut offrir à ces enfants la possibilité d’aller à l’école. Il a insisté sur le rôle de la presse pour l’information et la sensibilisation des populations.
L’Essor
14 juin 2007.