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A l’exercice militaire Flintlock 2010 qui a cours dans les pays du Sahel participent l’Allemagne, la France, l’Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Si cet appui européen semble quelque peu tardif, il demeure un tournant important dans la formation des armées des pays de l’espace transsaharien contre le terrorisme.

Dans l’espace compris entre le Sahel et le Sahara, des groupes de prédation s’implantent, affectent l’image des pays riverains et compromettent leurs actions de développement. «L’espace concerné est si étendu, (près de 8 millions de Km2, de la Mauritanie au Soudan), qu’aucun de nos pays ne peut à lui seul circonscrire le problème.

C’est cette prise de conscience collective qui a suscité depuis un certain temps, l’intérêt et l’accompagnement de partenaires stratégiques sous l’impulsion des Etats-Unis d’Amérique », a déclaré le colonel Béguélé Sioro, chef d’état major général adjoint des armées du Mali, au lancement de l’exercice militaire Flintlock 2010, le 3 mai à Bamako.

Cet exercice regroupe les pays du partenariat stratégique contre le terrorisme comme le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, le Burkina-Faso, le Nigeria, le Niger, et le Tchad avec l’accompagnement déterminant des Etats-Unis. Mais la particularité de l’évènement est la participation de plusieurs pays de l’Union européenne à savoir l’Allemagne, la France, l’Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Ce partenariat exemplaire offre aux forces armées et de sécurité des pays de la sous-région, l’opportunité d’évoluer aux côtés d’armées aguerries, cumulant de solides expériences dans la lutte contre les organisations criminelles, et d’accroître ainsi leur aptitude opérationnelle.

L’exercice proprement dit est précédé d’une phase de formation théorique, couvrant un large spectre de modules pour atteindre des objectifs opératifs et tactiques.

L’opération militaire en cours est la suite d’une longue histoire. Les Européens, qui sont le plus souvent pris en otages dans la région, sont restés longtemps en marge. Il y a eu d’abord l’Initiative Pan Sahel (IPS), lancée dès 2002 sous l’égide de l’armée américaine.

L’objectif était de renforcer le professionnalisme des forces armées et de sécurité des pays de l’espace par une formation de base, la conduite de patrouilles conjointes ou simultanées pour mieux protéger les frontières, suivre les mouvements des populations, combattre le terrorisme et améliorer la coopération et la stabilité régionale.

Le Mali, point focal des opérations

Puis est né le programme «Trans Sahara Counterterrorism Initiative (TSCTI) au début de l’année 2005 avec l’exercice Flintlook-2005. Il fut élargi aux pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) et à certains pays de l’Afrique sub-saharienne : Nigeria, Burkina-Faso. Son objectif est de renforcer les capacités régionales de lutte contre le terrorisme, améliorer et institutionnaliser la coopération entre les forces de sécurité, et promouvoir la bonne gouvernance. A terme, l’objectif visé est d’avoir des systèmes inter opérables avec une réelle volonté de regrouper les ressources nationales pour faire face aux préoccupations communes de sécurité.

Le Centre de coordination multinational (MCC) de l’exercice en cours est installé à Ouagadougou au Burkina-Faso. Cinq des officiers supérieurs maliens y sont déployés. Au niveau national, le Mali est le point focal de l’exercice: l’essentiel des actions de mise en situation se fait ici.
A Bamako, le 33ème Régiment de compagnie para regroupe des éléments des USA, d’Allemagne, du Royaume-Uni, d’Espagne et une section d’infanterie du Sénégal.

Sénou (un quartier périphérique de Bamako) est le site de formation des opérations spéciales (vol et soutien logistique).
A Banankoro (Ségou) sont regroupés des éléments des USA, des Pays-Bas et de la France. Une section du Burkina y est déployée du 1er au 25 Mai.

A Gao sont déployées des équipes des USA, des Pays-Bas et d’Allemagne, avec une section du Nigeria depuis le 1er Mai.
Un poste de commandement et de contrôle, animé par les USA, le Mali, le Sénégal, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, est installé à l’Ecole de Gendarmerie de Faladié à Bamako.

Des actions civiles et militaires sont aussi prévues. Ainsi, deux hélicoptères français participeront aux soins médicaux en faveur des populations locales. Ces actions seront menées de concert avec les leaders d’association dans les localités ciblées.

Soumaïla T. Diarra

06 Mai 2010.