La société Transrail est actuellement minée par des querelles de légitimité au niveau des travailleurs. Et la grève des 14, 15 et 16 juin derniers est venue servir de détonateur à cette crise qui couvait.
Une analyse de la situation fait ressortir une certaine division des travailleurs entre d’une part le syndicat des travailleurs du rail (Sytrail) et de l’autre le collectif Abdoulaye Sago qui serait l’instigateur du débrayage des 14, 15 et 16 juin derniers.
Un tel collectif, selon la section nationale de Sytrail, n’a pas une existence légale et le préavis de grève déposé en son temps était également sans base juridique.
Selon la section nationale, Sytrail étant le seul regroupement qui représente actuellement les travailleurs, le collectif Abdoulaye Sago qui est parti d’une pétition essentiellement corporatiste et tronquée ne saurait avoir une quelconque valeur syndicale et n’a fait qu’usurper le sigle Sytrail pour sa grève.
Rappelant qu’en matière syndicale ni une pétition, encore moins le populisme ne sont des conditions suffisantes pour renouveler un bureau syndical légitimement mis en place, la section Nationale de Sytrail estime que les revendications mises en avant par le collectif sont sans objet.
Ce d’autant plus qu’en ce qui concerne la grille, la section nationale était même en discussion avec la Direction autour d’une grille consensuelle et unique. Cette grille proposée par la Direction n’a d’ailleurs jamais été rejetée, selon le raisonnement de la section.
Pour elle, la grille proposée était juste assortie de quelques recommandations. Des requêtes sur lesquelles la Direction serait d’ailleurs en train de travailler présentement afin de corriger les omissions et erreurs.
D’autres part, en ce qui concerne le mémorandum des cadres, la section estime que le document produit ne saurait nullement engager les partenaires sociaux. De même qu’il est aussi hors de question de reconnaître un tel collectif comme faisant partie de Sytrail.
Pour M. Abdoulaye Berthé, Secrétaire général de la section Nationale Sytrail, l’objectif d’une telle grève n’est qu’une moyen utilisé par les initiateurs pour mesurer leur popularité.
Aussi, a-t-il indiqué, leur initiative a échoué car ces jours toutes les gares, de Bamako à Diboli, avaient travaillé. De même que les ateliers centraux de Korofina, à part la division matériel moteur.
Pour sa part, dans une note d’information qu’elle vient d’adresser au personnel, la Direction Générale s’est dite incompétente pour trancher cette querelle de légitimité.
Aussi, a-t-elle regretté que la conciliation et l’écoute initiée aussitôt après la grève ait abouti à un échec cuisant.
Pour la Direction générale, il est hors de question de compromettre l’avenir de tous les travailleurs pour une querelle syndicale qui n’a même pas pour objectif de défendre indubitablement les intérêts des travailleurs.
C’est pourquoi elle estime que la tentative de rejeter un accord d’établissement en vigueur, d’une grille de salaire unique issue de deux années de négociations, ne peuvent être que des alibis à une grève dont la vraie motivation consiste à organiser la fragilisation de Transrail face à la concurrence tout en lui faisant subir des pertes.
La Direction de Transrail réaffirme avec fermeté qu’il est hors de question pour elle de renégocier ce qui a déjà été mis en place.
Aussi, tout en se disant prête à aller de l’avant avec ceux qui sont pour la pérennisation de la société, la “Direction s’est engagée à assumer toutes ses responsabilités face aux perturbateurs qui n’ont jamais eu le courage de révéler leurs vraies motivations”.
Oumar Diamoye
23 juin 2006.