De l’avis de nombreux bureaux de transfert d’argent informels, le projet de loi sur l’immigration « choisie » aura des conséquences sur l’exercice normal de la profession qui, de plus en plus participe à l’édification de notre économie.
En vue de faciliter les transferts de fonds des Maliens de la diaspora, certains ont entrepris de créer des bureaux de changes qui sont généralement gérés par des émigrés. Les fonds transférés servent à assurer le quotidien des familles restées sur place (riz, médicament, frais de scolarisation, factures d’eau et d’électricité), mais aussi et surtout cet argent sert à financer des projets collectifs comme les châteaux d’eau, des coopératives alimentaires et autres projets de développement local et national.
Ces bureaux de transfert d’argent bien qu’informels font bonne affaire. « Nous avons un chiffre d’affaires qui nous permet de faire face à n’importe quel transfert d’argent dans un délai record. La rapidité et la confiance est notre créneau ».
Mamadou Gakou, responsable du bureau de changes à Bamako affirme que les transferts sont importants. « Ils varient entre 500 000 et 4 millions de F CFA », avoue-t-il. Pour lui, la loi sur l’immigration « choisie » va négativement jouer sur les transferts de fonds qui pourtant créent de l’emploi pour les jeunes déscolarisés ou diplômés sans emploi et de la valeur ajoutée pour l’économie nationale. « Parce que les devises rentrent ».
Pour lui, les autorités françaises n’ont qu’un seul objectif : maintenir les pays du tiers-monde dans la pauvreté. « Sinon au lieu d’inventer tous les jours des lois ségrégationnistes ou entretenir un racisme qui ne dit pas son nom, la France doit aider les pays africains qui lui ont tout donné jusqu’à l’ultime sacrifice », dit-il ajoutant que pendant les deux guerres mondiales, la France sous le joug de l’Allemagne nazie ne pensait pas à une loi qui devait empêcher les Africains à se rendre chez eux. « Parce qu’elle avait besoin des Africains pour sa liberté et seul Dieu sait ce que cela a coûté à l’Afrique », s’indigne-t-il.
« Nous sommes convaincus que même après cette loi, les Français trouveront d’autres prétextes pour nous dire merde. La venue de Sarkozy est une insulte à l’égard du peuple malien,» a-t-il conclu.
Amadou Sidibé et Idrissa Sako
17 mai 2006.