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Les pratiques anormales sur les axes routiers étaient, vendredi dernier, au centre d’une conférence débats à la Maison du partenariat. Organisée par la Coalition des alternatives africaines dette et développement (CAD/Mali), la conférence avait pour objectif de sensibiliser l’opinion publique sur les pratiques anormales sur les axes routiers inter-Etat dans l’espace Uémoa.

La libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cédéao et Uémoa est loin d’être une réalité. Sur les axes routiers inter-Etat dans l’espace Uémoa, des usagers subissent couramment des prélèvements illicites, l’érection de barrières physiques et de nombreuses tracasseries qui occasionnent des retards et des délais d’attente préjudiciables aux activités économiques et à la libre circulation des personnes et des biens. Notre pays reste en tête.
Selon Sékou Diarra, le président de la CAD/Mali, le 12e rapport de l’Observatoire des pratiques anormales (Opa) qui couvre la période du 1er avril au 30 juin 2010 en témoigne éloquemment. « On note que le corridor Ouagadougou-Bamako demeure le plus dense avec 3 arrêts aux 100 km, soit 30 arrêts par voyage. Cette situation est imputable à la partie malienne du fait du nombre élevé de contrôles sur son tronçon qui, à lui seul, enregistre 5 arrêts aux 100 km, soit 21 contrôles par voyage contre 9 côté burkinabé ».

Le rapport de l’Opa indique que la Côte d’Ivoire est en tête des pays où la densité des contrôles aux 100 km est très élevée. Le Sénégal vient en seconde position suivi du Mali, du Ghana puis du Burkina Faso et du Togo. Selon M. Diarra, s’agissant du niveau des perceptions illicites par voyage et par Etat traversé, le corridor Ouagadougou-Bamako se repositionne à nouveau en tête des corridors à fort taux de racket aux 100 km avec 5412 F CFA rackettés tous les 100 km, soit un lourd tribut de 49 792 F CFA à payer par voyage.

 » Le Mali est en grande partie responsable de cette situation avec 37 140 F CFA extorqués par voyage contre 12 652 F CFA au Burkina Faso. Le corridor Lomé-Ouagadougou enregistre les niveaux de racket les plus bas avec 1932 F CFA rackettés tous les 100 km, soit 19 711 F CFA par voyage », a fait remarquer M. Diarra, préconisant qu’il faut travailler sans relâche avec tous les acteurs impliqués dans la problématique de la gouvernance routière pour inverser la tendance.

Selon Me Mamadou Camara, avocat à la Cour, plusieurs pratiques interdites par la décision de l’Opa, sont malheureusement en cours dans notre pays. « Il faut une synergie d’action pour freiner les tracasseries routières », a proposé Me Camara.

Pour mettre un frein aux tracasseries routières, l’Uémoa et la Cédéao travaillent avec l’appui financier de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), du Programme des politiques de transport en Afrique subsaharienne. D’autres intervenants comme la Banque mondiale en partenariat technique avec le Centre ouest-africain pour le commerce (West Africa Trade Hub, WATH) basé au Ghana, ont mis en place l’Opa sur les axes routiers inter-Etat dans l’espace Uémoa.

Sidiki Doumbia

02.11?10