Partager

Au lendemain de l’invasion par des bandits armés des trois régions du Nord du Mali, l’Unesco a sonné l’alerte de la nécessité de protéger les quelque 100 000 manuscrits (aux mains des familles de Tombouctou).

Un chercheur malien, qui a été chargé de cataloguer, d’étudier et de numériser une partie des manuscrits à l’Institut Ahmed Baba a fui Tombouctou. Depuis qu’il a quitté la ville, il ne sait pas ce que sont devenus les précieux documents. Les manuscrits du Centre Ahmed Baba sont sous bonne garde, assure un archiviste.

Les familles n’ont pas attendu l’appel de l’agence onusienne pour prendre des dispositions nécessaires pour la protection des manuscrits. Selon un personnel de l’Institut Ahmed Baba que nous avons rencontré à Tombouctou, les manuscrits sont aujourd’hui gardés en lieux sûrs. « Nous les avons enlevés de leurs sites habituels. C’est ce qui explique l’absence des manuscrits aux yeux du public« .

Trésor de l’humanité, les manuscrits de Tombouctou, transmis de génération en génération, étaient gardés jalousement dans des bibliothèques familiales. Dans un passé récent, certains ouvrages, soustraits des yeux et des pillages des étrangers durant la colonisation, seraient encore enfouis sous le sable.

Du contenu de ces manuscrits, on sait finalement assez peu de chose. Si la plupart relèvent de l’étude du Coran et des sciences islamiques, d’autres traitent de médecine traditionnelle, de mathématiques, d’astronomie, de droit, de commerce, de physique, d’histoire, de poésie, de musique, de pratiques ésotériques ou même de la résolution des conflits communautaires et interethniques.

« Les manuscrits allaient connaître d’autre sort si la ville venait à tomber entre les mains des éléments incontrôlés pour qui leur valeur marchande de plusieurs centaines d’euros à plusieurs milliers d’euros pourrait intéresser« . Surtout quand on sait que certaines familles pauvres en mal d’argent vendent leurs manuscrits pour quelques euros ou dollars.

A. S.

Les Echos du 28 Juin 2012