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«Devenir citoyen de Tombouctou, contribuer à son rayonnement culturel et enrichir l’universel» ! Voilà certainement l’essence de «Tombouctou 2006». Un évènement majeur de la Uma (Oumma) Islamique qui confirme l’inscription de la «Cité des 333 Saints» sur la liste du patrimoine mondial depuis 1988.

Cette candidature heureuse de «Tombouctou la Mystérieuse» est la suite logique d’une résolution de la 3è Conférence islamique des ministres de la Culture qui a eu lieu à Doha (Emirats arabes unis) en 2001.

Pour le ministre de la Culture, M. Cheick Oumar Sissoko, il s’agit de «restituer le rôle et la place de la grande cité par sa présence, ses manuscrits et son appropriation par l’Humanité». Autant de symboles qui font que «Tombouctou est l’une des rares villes les plus connues du monde».

Depuis quelques mois, un comité national d’organisation, présidé par M. Oumar Soumaré, et un comité scientifique, dirigé par Hamidou Magassa, sont à pied d’œuvre pour relever le défi de la réussite de cet événement planétaire.

Un comité régional d’organisation travaille également sur place sous la conduite du gouverneur de la région. La manifestation sera officiellement lancée en avril prochain à l’occasion de Maouloud. Mais avant, la Mystérieuse va accueillir un colloque de la jeunesse arabo-africaine ce mois de mars.

Une série de conférences thématiques et de nombreuses autres activités comme la semaine du patrimoine national et celle dite des «Pays amis» sont aussi au programme.
L’histoire du rayonnement intellectuel de la cité de Tombouctou sera ainsi au cœur d’une série de colloques, de conférences-débats et d’exposition des célèbres manuscrits.

L’édition de livres et la réalisation de documents d’archives audiovisuels sont aussi inscrites au programme de la manifestation. Tout comme des visites guidées de mosquées, de monuments, de musées et de centres culturels.
Il sera également organisé des manifestations et festivals artistiques sous forme de concours de lecture du Coran, de calligraphie arabe, de poésie islamique, de pièces de théâtre, de chants religieux.

L’établissement et une large diffusion de l’inventaire des figures historiques et des monuments les plus importants ainsi que l’organisation d’une exposition des différents produits de l’artisanat local sont prévus.

De nombreux pays amis comme le Sénégal, le Niger, la Tunisie, le Maroc, l’Afrique du Sud… se sont engagés à se joindre aux Tombouctiens pour célébrer cette consécration de la ville comme une vitrine de la culture islamique à laquelle toute l’Afrique doit désormais se référer.

Fondée au 12è siècle, Tombouctou est devenue une cité culturelle prospère avec l’université de Sankoré qui, au 15è et 16è siècle, était comparable au Quartier Latin de Paris dans ses années de splendeur.

Sise auprès d’un grand fleuve où arrive l’Azalaï chargé de sel et de manuscrits, Tombouctou est une éblouissante et mystérieuse cité africaine dont «le nom magique a embelli les rêves d’uléma, de poètes, de chercheurs, provoqué d’ardentes vocations».

Ville touristique d’essence et par excellence, son pouvoir attractif puissant suscite toujours l’engouement d’illustres voyageurs et explorateurs.

En 1353 déjà, Ibn Batouta le globe Trotter arabe qui visita la capitale du Mali, en rentrant au Maroc passa par Tombouctou et fut un des premiers écrivains à faire mention de la ville.

«Nous voyageâmes après vers la ville de Tunbuctu. Entre elle et le Nil, il y a quatre milles. La majorité de ses habitants sont des Massufa, porteurs du titham. Il y a en cette localité le tombeau du poète illustre Abu Ishak Al Saheli, il y aussi le tombeau de Siraj al Din al Kuwayk, un des grands commerçant d’Alexandrie», écrivit-il.

La fonction touristique de Tombouctou se renforça au 19è siècle avec l’arrivée massive de missionnaires et explorateurs Européens : Gordon Laing en 1826, René Caillié en 1828, Heinrich Barth en 1853, Oscar Lenz en 1880.

Parmi eux, seul l’allemand Heinrich Barth se livra à une véritable exploration scientifique moderne par la fécondité de ses œuvres, par l’étendue de ses découvertes et par la durée (sept mois environ) de son séjour à Tombouctou.

En 1988, le Comité du patrimoine mondial procédait à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial des mosquées de Djingarey Bër, de Sankoré et de Sidi Yahia, ainsi que de 16 cimetières et mausolées pour la plupart situés à l’intérieur des limites de l’ancienne ville de Tombouctou.

Les trois mosquées, compte tenu de leur état de dégradation et des menaces de l’ensablement, ont été inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial en péril en 1989. La protection et la mise en valeur du patrimoine constituent un enjeu important à Tombouctou.

La consécration comme capitale islamique va contribuer à cette œuvre de réhabilitation. Déjà, en marge du lancement symbolique de Tombouctou 2006, le Trust Aga Khan pour la culture et le ministère de la Culture ont signé un Mémorandum de coopération prenant cet aspect en compte.

Moussa Bolly

28 février 2006.