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Le mercredi matin alors que les fidèles musulmans savouraient encore le restant de la viande de l’Aïd El Kebir, le quartier Lafiabougou s’est réveillé avec une grogne sociale.  

Une manifestation qui n’est pas passée inaperçue aux yeux du monde entier.  La population, la famille, les proches et les amis du jeune Abdoulaye Keita ont pris d’assaut les rues de Lafiabougou en se servant du réseau social Facebook comme leur vecteur de transmission de message pour informer l’opinion publique.

Le jeune Abdoulaye Keita âgé de 19 ans a été abattu par trois balles Dans la nuit du mercredi au jeudi 22 juillet, aux environs de minuit, lors d’une intervention des éléments de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) de la Police nationale contre un véhicule suspect en fuite.

Une source explique: « la voiture en fuite, roulant à vive allure, est venue renverser deux motos sous leurs yeux. Les éléments de la BAC, qui étaient à ses trousses, sont aussitôt apparus. Les jeunes ont voulu empêcher que le conducteur de la voiture prenne la fuite. Mais dans la cohue des échanges avec les policiers, il a fini par s’échapper. Les jeunes ont alors décidé de bloquer les éléments de la BAC, qui ont demandé du renfort. 

Abdoulaye Keita, resté sur les lieux, a fini par succomber aux tirs car l’agent avait manifesté son intention de tirer sur le jeune homme s’il restait sur la scène »

Les Forces Armées et de Sécurité se trouvent peut être égarées dans l’exécution de leur mission qu’est la sécurisation des personnes et de leurs biens. Elles sont devenues ces sphinx voire ces monstres qui font peur à la population. Or, leur mission est de protéger la population des dangers raison pour laquelle il est rappelé à ces forces dans l’article 7 du code de conduite des forces Armées et de Sécurité du Mali que : Les Forces Armées et de sécurité doivent respect, protection et assistance aux populations civiles.

De ce fait, les forces armées et de sécurité doivent utiliser leurs armes pour vaincre les ennemis de la population et non la population elle-même. Comme leur nom l’indique,  celles ( armes ) de la brigade anti-criminalité, doivent être utilisées pour réduire la montée en puissance des criminels. 

En se référant aux articles qui régissent leur conduite vis-à -vis de la population, l’abus d’une arme à feu intervient lorsque le soldat n’a plus d’autre choix. A l’article 26 du code de conduite des forces armées et de sécurité du Mali , il est mentionné que Les Forces Armées et de Sécurité doivent éviter de porter atteinte à la vie ou à la intégrité physique des personnes en toute circonstance, sauf cas de légitime défense pour soi ou pour autrui.

Le jeune Abdoulaye Keita, toujours selon les témoins oculaires de la scène n’avait aucune arme qui menacerait la vie des éléments de la BAC, ni même ceux qui l’accompagnaient.

Très souvent au Mali, les Forces Armées et de Sécurité se fient à leur humeur pour attaquer. Hélas, après l’acte commis, la seule sanction qui leur incombe est: « une enquête est ouverte, les coupables seront arrêtés, jugés et condamnés ».

Le cas de ce jeune victime n’est pas une première au Mali. En effet, l’usage excessif de la force a résulté en la mort de 03 individus et à la blessure de plusieurs autres les 11 et 12 Mai à Kayes. Tout ceci parce qu’un agent de police hors service a usé de son arme pour ôter la vie à Seyba Tamboura, un motocycliste de 17 ans, le 11 Mai dans la soirée. 

En outre, La Force Spéciale Anti Terroristes (FORSAT) a réprimé les manifestants à Sikasso le 07 mai 2020. Une répression qui a fait état de nombreux blessés par balles. 

Et lors de la répression de la manifestation des 10, 11  et 12 juillet 2020 du M5-RFP, 23 Martyrs ont perdu la vie selon les responsables du mouvement M5-RFP. Cet acte avait été posé par les forces armées et de sécurité. 

Jusqu’à quand ce comportement s’arrêtera-t-il ? La justice malienne est vivement interpellée pour jouer pleinement sa partition, que les auteurs soient mis derrière les barreaux afin de servir de leçons aux autres. 

Adama Sanogo

@Afribone