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Le football malien traverse une crise grave. On se soucie peu tant du côté département que celui de la femafoot de la préparation voire de notre participation à la 26e CAN. Pourtant le Mali ne mérite pas un tel sort. Comment rester indifférent aux vents contraires qui tourmentent aujourd’hui notre football?

L’ampleur de la polémique installée est telle qu’elle met en cause l’avenir même de notre football. Le spectacle affligeant de la grande famille sportive est réellement pénible à supporter.

Il y a un an, dans un élan patriotique empreint d’émotion, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, ancien ministre des sports et artisan de la réussite de la CAN 2002 au Mali, conviait la crème du sport pour faire un diagnostic global. Il a saisi cette occasion pour recueillir les avis motivés de personnes ressources.

A l’issue de cette rencontre, trois groupes de réflexion chargés de soumettre à la Primature on vu le jour. Les conclusions des travaux de ces trois commissions sur les finances et les infrastructures, l’organisation des compétitions, et les dispositions juridiques encadrant le fonctionnement du sport au Mali donnent depuis un an dans les tiroirs de Pinochet. En son temps, cette intention louable a été saluée par plus d’un.

On s’attendait à voir le gouvernement prendre toutes ses responsabilités pour ce qui est du devenir de notre football. On a assisté après au limogeage du ministre Moussa Balla Diakité et à la dissolution du bureau fédéral suite à la démission du président Tidiane Niambélé à l’ouverture du conseil national en Juin 2005.

En mars déjà, les chances de qualification du Mali étaient quasi nulles. Cependant on nous fit rêver en faisant venir Pierre Lechantre payé à un salaire exorbitant (15 millions CFA par mois). On connaît la suite de cette fuite en avant. Le Mali a frôlé le pire la nuit du 27 mars 2005 après la victoire ici même à Bamako des Togolais.

Les querelles auxquelles nous assistons depuis un certain temps entre le département et la fédération sont malsaines. Elles constituent à notre avis une insulte à notre peuple en prise à des problèmes plus cruciaux pour sa survie.

Nous voulons évoquer le combat contre le Sida, le paludisme, l’insécurité alimentaire, le combat pour une école apaisée et performante, la lutte contre la pauvreté. Au delà de son aspect festif, le football doit permettre le développement.

Le bureau fédéral que dirige Salif Kéïta Domingo poursuit sa descente aux enfers. Tous les actes qu’il pose sont désavoués par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Aujourd’hui, le commun des Maliens ne connaît pas le nom du sélectionneur national.

Depuis bientôt six mois, rien n’est entrepris du côté des formations cadettes et juniors a fortiori senior. Le Mali doit pourtant prendre part aux éliminatoires de la prochaine CAN. Le nouvel entraîneur qui sera désigné se verra sacrifier pour insuffisance de résultat.

Le dernier acte qui désavoue la fédération est ce refus du département de financer le stage organisé à Paris du 26 au 2 mars 2006, sous l’égide de Christian Saramagnan. Chaque jour qui passe, il est fait en sorte que notre football ne s’en sorte pas. La pression est mise pour tout capoter. A qui profite cette situation?

Le bureau fédéral sachant bel et bien que le département n’a pas apposé sa signature au bas du contrat de Saramagna n’aurait pas dû organiser ce stage. Au stade actuel du bras de fer, la fédération n’aurait pas agi sans l’autorisation de l’autorité de tutelle.

Le choix de Saramagna, annoncé sur certaines chaînes internationales a surpris les connaisseurs du ballon rond. Christian Saramagna n’est pas l’homme qu’il faut pour redonner espoir aux maliennes et maliens, dit-on.

Le ministère doit s’atteler au choix d’un entraîneur de haut niveau. Pour ce faire, l’entente est nécessaire avec le bureau fédéral dont le seul mal est de feindre ignorer l’Etat au moment de prendre les décisions capitales.

Or c’est l’Etat qui lui est délégué ses pouvoirs pour gérer le football. A la FEMAFOOT on doit comprendre qu’au delà de son aspect distraction, le sport est hautement politique. C’est ce qui explique les sous que l’Etat met dans le football.

Aujourd’hui nous pensons qu’il faut savoir raison garder et relativiser l’échelle de nos préoccupations. Nous devons prendre conscience du retard pris dans le recrutement d’un entraîneur et la préparation de notre équipe nationale.

Acceptons de revoir nos méthodes, de renoncer à la médiocrité pour aspirer à plus de professionnalisme. Arrêtons de nous mentir à nous même et mettons un terme à ce bras de fer, un véritable éternel recommencement.

Le seul combat qui vaille en ce moment c’est de chercher courageusement ensemble les voies et moyens capables de propulser en avant notre sport roi. Il nous faut avoir ce sursaut national en revoyant pour de bon nos méthodes et surtout en pensant “Mali”.

C’est à cela que nous appelons le bureau fédéral et le département de la jeunesse et des sports. Le moment est grave. Donnons nous la main pour revenir à des normes plus conviviales. Il faut calmer le jeu et se mettre au travail.

Tiémoko TRAORE

23 février 2006.