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Grand chef religieux de la confrérie Tidjania, Cheick Mounirou Mahi Haïdara dirige le courant « Niass » de cette confrérie fortement implantée en Afrique, en Europe et en Asie. Aujourd’hui, les fidèles de la Tidjania sont estimés à 300 millions de membres. Quant au khalif Cheick Mounirou, il est le chef d’une des trois branches de la Tidjania : « les adeptes de Cheick Ibrahim Niass. A ce titre, il dirige l’un des plus grands courants religieux de notre pays. Installé entre Ségou et Bamako, Cheick Mounirou dirige plusieurs « Zawiya » dans les deux villes. Dans un entretien express, il nous a parlé de la Tidjania. Au moment où l’islamisme devient par endroit, source de polémique et de tension, sujet à diverses interprétations (erronées ou caricaturées) notre pays a su établir une harmonie entre les divers courants religieux.

La force du Mali, contrairement à beaucoup d’autres pays, est que le pays ne connaît jusqu’ici aucun courant « extrémiste », ni « fanatique ». L’islam est connu pour être une religion de tolérance, voire de modération dans tous les actes.

Selon le Khalif Cheick Mounirou Mahi Haïdara « la Tidjania » a été introduite dans notre pays et dans d’autres pays à partir du Maroc, terre de Cheick Ahmed Tidjanie, père spirituel de la confrérie. Ainsi, du Maroc, la doctrine de la Tidjanie s’est vite répandue en Mauritanie « qui n’existait pas comme « entité souveraine ».

De la Mauritanie, la Tidjania a franchi les frontières du Mali à l’époque des Empires et la religion musulmane s’était déjà implantée à Tombouctou. A partir de ce moment, la Tidjania s’est constituée autour de trois grandes branches : Oumarienne, Niass et le Hamalisme. Depuis, le Mali a été considéré, après le Maroc, comme étant un des bastions de cette confrérie.

Ensuite, le courant Tidjania s’est fortement implanté au Sénégal, au Nigeria, au Soudan. Aujourd’hui, la Tidjania est le plus grand courant religieux au monde. Des « Zawiya » sont implantées partout, indique le Khalif Cheick Mounirou. Mais ce que le chef religieux, par modestie ne dit pas, c’est aussi que la confrérie Tidjania est considérée comme l’une des plus influentes dans des pays comme le Sénégal, où des leaders politiques cherchent à avoir leurs bénédictions et leur soutien.

S’agissant des rapports antérieurs et présents entre les fidèles de la Tidjania et le Maroc, le Khalif Mounirou affirme que tous les regards de ceux-ci (les fidèles) sont constamment tournés vers le Royaume, où le Cheick Ahmed Tidjane repose dans la ville sainte de Fès.

« Aujourd’hui pour nous, le plus grand dirigeant de la Tidjania est le Roi du Maroc. Dans les années 1980, nous avions organisé un grand forum dans le Royaume auquel de nombreux responsables et fidèles ont pris part. Nous avions décidé de confier, à l’époque, la chefferie de la confrérie au Roi Mohamed V. Après lui, c’est son fils, Mohamed VI qui est notre guide« .

Le Khalif, au passage, a mis l’accent sur les efforts des dirigeants politiques et religieux du Royaume à l’adresse de la Tidjania. En fait, depuis des temps, de nombreux érudits et autres grands Khalifs ont vécu au Maroc et ont consacré leur vie à l’essor de la confrérie.

Aussi, de nombreux liens entre le Mali et le Maroc trouvent leur origine dans cette foi religieuse des communautés des deux pays. Tombouctou aujourd’hui constitue une référence pour de nombreux fidèles tant au Mali qu’au Maroc. Le Khalif indique que malgré la distance, l’esprit des fidèles est au Maroc et à Fès.

La semaine dernière une rencontre organisée en Algérie à l’intention des fidèles de la confrérie a provoqué beaucoup de réactions à travers le monde. Des interrogations ont fusé sur le but de cette rencontre et l’objectif recherché par les Algériens. Une éventuelle récupération politique de la confrérie, au moment même où ce pays mène une guerre contre les Salafistes ?

A ce sujet, le Khalif Mounirou affirme que l’important est qu’aucun problème n’existe entre les différents courants de la Tidjania. Et aucun problème n’existe entre les fidèles de la confrérie et les autres. Le chef religieux espère cependant que la rencontre d’Algérie reste fidèle à la règle de conduite que « la confrérie s’est toujours fixé« .

C.H Sylla

27 novembre 2006.