L’arrestation du chef du Gandaïso, Amadou Diallo ne semble pas signer l’arrêt de mort du mouvement d’auto-défense, Gandaïso. Les attaques dans le cercle d’Ansongo que les autorités ont qualifiées d’actes de bandits armés se lisent par ailleurs aujourd’hui, comme de véritables signaux d’une vraie révolte contre les vieux rapports de production. « La colonisation est finie, nous voulons vivre paisiblement et non comme des personnes asservies », cette déclaration d’un notable d’Ansongo qui se plaint des hiérarchies administratives et militaires en dit long…
Une personnalité d’Ansongo qui a requis l’anonymat a déclaré hier à l’Hémicycle : ‘’ Gao ne sera pas Kidal. ‘’ Il faisait allusion à la rébellion qui a sévi dans cette région avec des attaques. Selon lui, certains groupes de la région de Gao tenteraient de rééditer le scénario de Kidal dans le cercle d’Ansongo. Ce n’est pas par hasard explique-t-il, qu’une attaque a eu lieu à Ansongo. Cette action a été suivie par d’autres attaques dirigées notamment vers les bergers de cette localité.
Notre source nous indique : ‘’ ceux qui veulent transposer la situation de Kidal à Ansongo, Fafa et Gao doivent savoir que nous ne l’accepterons jamais. La colonisation est finie. Nous voulons vivre paisiblement et non comme des personnes asservies. Je vous parle d’un lobby dont la direction est constituée du gouverneur de Gao, Amadou Baba Touré, du commandant de zone, El hadj Gamou, du conseiller national Azaz, du directeur de l’ADN, Mohamed Ag Mahmoud dit Aklinine et du maire de Tin-Hamma et président de la chambre d’agriculture, Mahamoud Ag Hattabo. Ce lobby, piloté depuis Bamako par Assarid Ag Imbarcawane, veut mettre sous sa coupe les populations de la région. ‘’
Notre source a ajouté que le lobby agit de concert avec les pouvoirs publics. Compte tenu de cette tension, selon nos sources, l’embrasement de la région a été évité de justesse, car le Ganda iso avait mûri un plan qui consistait à attaquer, en même temps, des personnalités ciblées de la région.
Une opération commando tendant à décapiter des représentants de l’Etat, des élus et des chefs de tribus. Des rumeurs persistantes parlaient de l’imminence de cette attaque. Des éleveurs de Fafa nous ont confirmé l’information en précisant que leurs parents continuaient de subir des attaques inadmissibles sans que leur sécurité fasse l’objet de mesures particulières de l’Etat.
Face à cette situation explosive, certains notables ont sollicité l’intervention urgente de l’Etat. C’est dans ce cadre, selon nos sources, que le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, le général Kafougouna Koné, a organisé du 2 au 5 octobre, une mission de sensibilisation à Gao, Ansongo et Fafa. Une grosse erreur a été commise : celle de ne pas associer les élus, censés détenir la sociologie de la zone, à cette mission.
Aucun député d’Ansongo, nous a-t-on dit, n’a assisté à cette mission de sensibilisation. Au demeurant, le syndicat inter collectivité du cercle d’Ansongo a lu une motion qui mentionne : ‘’ force est de reconnaître que ces derniers temps, le cercle connaît un regain d’insécurité.
A Tin-Hamma, un marabout froidement abattu et égorgé, l’attaque du véhicule du maire, de multiples attaques et enlèvements d’animaux dans la commune et les derniers évènements de Hourara. Autant d’évènements qui interpellent tous les responsables locaux dont au premier rang les élus. Nous demandons cas par cas de démasquer et d’identifier les acteurs des différents crimes et de les rendre à la justice.
De plus, le phénomène constitue une menace très grave car au plus haut niveau local, tous les mots ne sont pas bons à dire, il faut les peser avant de les prononcer au risque d’un enlèvement suivi de bastonnade ou de mort et personne n’est épargné, simple citoyen ou élu local, tu peux mourir de simples déclarations sans que l’autre ne soit inquiété ou puni. Les populations ont besoin d’être sécurisées par l’Etat.
Les élus doivent être sécurisés par l’Etat pour ne pas être à la solde des bandits. ‘’ Il convient de signaler que la motion était lue par le maire d’Ansongo, Amadou Harouna Maïga. Toutes choses qui indiquent que l’Etat a longtemps fait la sourde oreille aux doléances de gens obligés de remuer 7 fois la langue dans la bouche avant de parler. Pour éviter d’être enlevé, battu ou froidement abattu.
Baba Dembélé
08 Octobre 2008