La compétitivité et les défis de la filière malienne des amandes de karité seront au centre d’une table ronde qui se tiendra dans notre pays à la mi-septembre prochain.
Première du genre, cette rencontre est organisée par l’Association malienne des exportateurs des produits de cueillette (AMEPROC), l’Action pour l’entreprise – Mali (AFE) en collaboration avec la CCIM et la DNCC.
La rencontre, qui va regrouper les intervenants de la filière, sera un cadre d’échanges pour améliorer davantage la qualité des amandes produites au Mali.
En effet, il a été constaté le manque de compétitivité de la filière malienne par Aarhus United et Loders Croklaan, les deux principaux acheteurs des amandes sur le marché international avec 95% des achats.
Toute chose qui a entraîné une certaine régression de la part de notre pays dans l’exportation des amandes de karité et qui est désormais distancé par le Burkina Faso et le Ghana, deux pays qui ont fait des progrès immenses en matière d’amélioration de leur qualité.
Selon les professionnels du secteur, le Mali qui ne fournit que moins de 10% de la demande mondiale, perd en compétitivité essentiellement en raison de la faible consistance de la qualité.
Or, il s’est avéré que notre pays dispose d’un potentiel énorme de production d’amandes sèches de karité évalué à 150 000 tonnes par an.
Ce qui, selon le coût actuel sur le marché, est évalué à 10 milliards de Fcfa. Cependant, la moyenne annuelle d’exportation depuis l’année 2000, est estimée autour de 8 000 tonnes d’amandes et moins de 500 tonnes de beurre de karité.
C’est pourquoi, les deux groupes d’acheteurs, qui veulent renforcer leur partenariat commercial, ont manifesté le désir de contribuer à l’amélioration de la qualité des produits de notre filière.
Ainsi, une première rencontre a eu lieu le 12 juillet dernier à l’hôtel Salam entre les exportateurs maliens et les acheteurs internationaux, laquelle rencontre a identifié les défis majeurs auxquels le secteur est confronté.
On retient l’inadéquation des pratiques de traitement pour l’obtention d’amandes de qualité requise, l’inefficacité des réseaux en amont de l’exportation qui ne parviennent pas à fournir des produits satisfaisants sur la base du système de contrôle des paramètres de qualité, les incertitudes sur les prix et les quantités avant le démarrage de la campagne de commercialisation, les difficultés logistiques liées au conditionnement approprié des produits ainsi que les coûts d’exportation et enfin le manque de communication entre les acteurs à l’interface des principaux maillons.
La table ronde de septembre prochain tentera de trouver une réponse à ces questionnements pour relever le défi de la qualité et de la compétitivité.
Toute chose qui permettra au Mali de mieux tirer bénéfice de cette richesse qui contribue de façon raisonnable à l’amélioration des conditions de vie des populations et plus particulièrement de la femme rurale.
Les grands bassins de cette production sont concentrés dans la partie centre et sud du pays, plus précisément au sud de la ligne traversant les cercles de Bafoulabé, Kita, Kolokani, Banamba, Ségou, Macina, Djenné, Bandiangara. La zone géographique du karité couvre 26 cercles et près de 7.500 localités villageoises.
On estime à 3 millions le nombre de femmes concernées par sa production et 500 000 concessions dans l’activité de transformation. Les techniques utilisées demeurent rudimentaires, malgré une large campagne de sensibilisation de certaines ONG.
Il est aujourd’hui plus que jamais clair que si notre pays veut se hisser à une place honorable dans la commercialisation des amandes du karité sur le marché mondial, qu’une politique nationale soit élaborée et mise en œuvre.
C’est pourquoi, le président de l’AMEPROC, Issa Keïta, au cours d’une réunion préparatoire de la table ronde tenue hier à la DNCC, a beaucoup insisté sur l’implication des autorités compétentes.
Une préoccupation prise en compte par le ministère de l’Industrie et du Commerce qui veut consolider les efforts déjà consentis dans la filière par l’AFE, une ONG américaine qui a contribué à la promotion des amandes et beurre de karité et qui devra malheureusement fermer ses portes en fin septembre.
Youssouf CAMARA
26 août 2005
