Aujourd’hui, il est difficile de dépasser deux carrefours sans voir des vendeurs ambulants de moutons. De même, les marchés de bétail commencent à bruire de bêlements de moutons. Des véhicules déversent chaque jour des têtes venant de l’intérieur du pays.
« Cette année, Dieu merci, je ne pense pas s’il y aura crise de moutons sur le marché. Les marchés sont bien approvisionnés. Et s’il y a beaucoup de moutons, les prix vont obligatoirement chuter », affirme Boury Bocoum, marchand de bétails.
Le souci de bon nombre de chefs de famille n’est pas là, mais c’est le prix de l’animal qui compte surtout en cette période de vaches maigres. Les prix des animaux varient aujourd’hui entre 35 000 à plus de 75 000 F CFA.
« La Tabaski est un grand jour. Donc, on ne peut pas se permettre d’aller acheter un petit bélier de 30 000-35 000 F CFA pour la famille. Il faut au moins 50 000 F CFA, vous savez qu’actuellement, tout le monde tire le diable par la queue. En tout cas, j’attends la veille de la fête pour acheter mon ‘lahiya’ », dit M. T., chef d’une famille de 16 enfants.
Au marché de bétail de Quinzambougou, l’affluence n’est toujours pas au rendez-vous. Mais, les marchands sont confiants. « Il y a la fête de St Sylvestre que beaucoup de personnes fêtent. Ils attendent la fin de cette fête avant de faire face aux moutons. Je suis sûr qu’il y aura de l’affluence à partir du 1er janvier », souligne Amadou.
La faible affluence s’explique aussi par le fait que de nombreux chefs de famille sont victimes souvent du vol de leur bête à deux ou trois jours de la Tabaski. C’est pourquoi, ils attendent toujours la veille de la fête pour effectuer leur achat.
« Imagine que le jour de la fête, tu trouves que ton bélier a été enlevé par des voleurs ! Donc, mieux vaut attendre la veille ou tôt le matin de la fête pour acheter ton mouton », explique M. Sogoba.
Cet avis est également partagé par son collègue Sékou Traoré, enseignant de son état qui doit, lui, acheter deux béliers. « Je n’ai pas de place où les mettre. Et puis, si je les achète maintenant, c’est des dépenses, parce qu’il faut les nourrir avec de l’aliment bétail ou les feuilles d’arbre. Je peux attendre jusqu’à 24 h de la fête et d’ailleurs les prix diminuent à ce moment-là », dit-il.
En tout cas, les « lahiya » sont au niveau des différents marchés et avec les marchands ambulants. Ils n’attendent que preneurs, car prêts à être sacrifiés.
S. Y. D.
28 décembre 2005.