Les supputations vont bon train, en ce début du mois de Ramadan, concernant la formation du premier Gouvernement du second quinquennat d’Amadou Toumani Touré. Et ce qui était annoncé depuis des mois, puis démenti au fur et à mesure, ne semble plus être qu’une question de jours. Pourtant, si la constitution de ce Gouvernement paraît plus qu’imminente, beaucoup de Maliens doutent qu’elle ait lieu en plein mois de carême.
Aux dires d’un agent du département de l’Administration territoriale, former ce Gouvernement maintenant est fort peu probable.
Et d’ajouter, d’un air ironique : « Il me paraît un peu déplacé qu’on forme le Gouvernement à un mois qui est plutôt réservé à la méditation et au repentir. C’est même un peu gauche. Non, je pense plutôt qu’il sera formé aussitôt après le ramadan, soit quelques jours après le 12 octobre prochain. »
Sur la question, un infirmière du centre de santé de la Commune III se fait plus convaincante: »Même si le bureau parlementaire de l’Assemblée nationale arrivait à être constitué dans les jours prochains, je ne crois pas que le Gouvernement puisse se former tout juste après. En plus de la raison du mois de carême, je pense qu’il y aura beaucoup de détails à régler, en tenant compte des gens mêmes qui seront membres du bureau de l’Assemblée. Sans compter que le Président de la République ne veut pas se tromper sur le choix des futurs ministres de ce Gouvernement. Vous savez, c’est son dernier mandat, et il lui faudra des hommes qui puissent s’acquitter de leurs tâches avec la compétence qu’il attend d’eux. Surtout que les enjeux de ce dernier mandat sont importants« .
Parlant desdits enjeux, bien des suppositions ont été avancées, sinon glosées à propos des potentiels futurs détenteurs de portefeuilles ministériels. En plus des noms cités, tant par les médias que par l’opinion, des nombres de postes à repartir entre les partis élus à l’Hémicycle circulent depuis quelques jours déjà dans les milieux du pouvoir et du côté de « Bagadadji« .
Ainsi, des sources émanant de l’entourage de la Présidence confient d’emblée que sept départements à distribuer seront du ressort exclusif du Chef de l’Etat : la Primature, l’Economie et les Finances, l’Administration territoriale, la Sécurité et la Protection civile, les Affaires Etrangères, la Défense et les Anciens Combattants, et les Mines, l’Energie et l’Eau.
Selon d’autres sources, dix ministères seront dévolus aux partis de l’Assemblée ayant obtenu peu de députés, le Mouvement Citoyen inclus. Douze autres postes seront distribués aux partis ayant obtenu plus de députés : 5 postes pour l’Adéma, 3 pour l’URD, 4 pour le MPR et le CNID, à raison de 2 pour chacun.
Hormis l’aspect éventuel de cette répartition, l’on se demande quels postes seront réservés à des partis comme le RPM, le PARENA et le parti SADI, puisqu’à tout égard, la portion enviable semble avoir été réservée aux formations de la mouvance présidentielle.
Bien sûr, pour l’heure, les avis sont partagés -sur le mode de répartition et le nombre de ces postes ministériels, ainsi que sur les noms des bénéficiaires- tant chez l’homme de la rue que dans les milieux informés. Mais la tournure qu’est susceptible de prendre la formation du futur bureau parlementaire pourrait aussi bien changer la donne de cette répartition.
Aussi, un cadre du ministère de l’Education nationale confie, pessimiste : « Il se peut que la formation du futur Gouvernement réserve bien des surprises. Pas seulement sur les noms de ceux qui seront choisis, mais les partis qui pensent qu’ils seront logés à meilleure enseigne, le jour de la nomination des ministres, risquent d’être bien étonnés. Car, pour le moment, chacun calcule en se faisant des idées, mais personne ne sait encore ce que compte faire le Chef de l’Etat« .
Oumar DIAWARA
14 septembre 2007.