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Soumeylou Boubèye Maïga (1er vice-président de l’Adéma) :

« L’occasion est bonne parce qu’elle permet de dire notre position qui a été souvent déformée. Je suis parmi ceux qui pensent que notre parti est fondamentalement un parti démocratique.
C’est pour cela que nous avons tenu à ce qu’il n’y ait pas de liens mécaniques entre les instances parce que chaque instance a ses prérogatives. Dans le parti, nous sommes tous des hommes et des femmes libres.
On peut avoir des idées différentes sans que cela ne tourne au conflit. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est dans cette salle que nous avons décidé de transformer l’association Adéma en parti le 26 avril 1991.

Pour en revenir au début actuel, il y a 3 arguments mis en avant :
1. Si nous décidons de soutenir ATT, cela nous renforcera dans la perspective des législatives parce que les deux élections sont liées.
2. Nous n’avons pas de moyens financiers.
L’argument qui consiste à dire qu’en soutenant ATT nous allons gagner les législatives ne repose sur aucun fait avéré. L’expérience montre que tous les partis qui soutiennent le président n’en tirent pas bénéfice.
Les partis de l’ACC n’ont pas 10 % à l’Assemblée et pourtant les législatives se sont tenues deux mois après les présidentielles. Aucun parti membre de l’ACC n’a obtenu 2 % aux communales de 2004. Le Parena qui a franchi cette barre a battu campagne sur la base de son programme.
Les électeurs qui ont voté pour nous, nous identifient à un projet, à des faits, à des réalisations, à un bilan. En 2002, nous avons perdu les élections présidentielles, mais nous sommes sortis 1ers aux législatives avec 52 députés. Cela prouve que la valeur fondamentale qui fonde un parti, c’est sa capacité de mobilisation.
La multiplicité éventuelle des candidatures dans le parti sont des dispositions du parti. Nous ne sommes pas un parti à pensée unique. Le consensus est une volonté, ce n’est pas une politique.
Pour l’argument financier, je rappelle qu’en 1992, 48 h avant le dépôt des candidatures, on n’avait pas réuni la caution d’Alpha.
Mais, il a gagné. En 2002, Soumaïla a dépensé plus que l’ensemble des candidats, mais il a perdu.
Si on doit soutenir un candidat ; c’est sur la base de notre force et notre force, c’est notre capacité de mobilisation.
La position que je défends est celle qui préserve le parti. Dire qu’il faut évaluer nos rapports avec ATT ne veut pas dire qu’on est contre lui. Je connais personnellement ATT et je ne pense pas qu’il y ait dans cette salle quelqu’un qui a des liens plus étroits avec lui que moi. Mais là, on parle du parti et non des rapports personnels.
La conférence ne peut pas nous lier par une décision fut-elle majoritaire ou unanime si elle n’est pas en conformité avec les textes. Dans le cadre du parti, en respect avec nos statuts, nous continuerons notre combat ».

Idrissa Sidibé (ancien SG Commune IV, membre commission politique) :

« Sur les 12 pages du rapport consacrées aux activités du CE, 6 ont été consacrées aux élections 2004 pour montrer que nous sommes le premier parti. Toutes les coordinations régionales ont déclaré que l’Adéma est le premier parti. Mais dans les conclusions, on dit : « Ah non ! nous sommes trop fragiles, soutenons ATT pour qu’il nous renvoie l’ascenseur en 2012 ». C’est inquiétant, parce que cela veut dire qu’il n’y a personne pour défendre le projet de notre parti que nous avons proposé aux Maliens en 1991. Cela veut dire que je n’ai plus confiance en moi-même.
Quand j’étais secrétaire général, c’est avec ce projet que j’ai fait voter beaucoup de nos compatriotes. Pour moi, nous avons dit au peuple ce que nous comptons faire. Pendant 10 ans, les Maliens nous ont fait confiance. En 2002, on a perdu les élections. Nous ne nous sommes pas donné la peine de faire le bilan et l’on vient parler de 2007. Ce n’est pas respectueux à l’endroit de nos électeurs. Notre 3e congrès nous a instruit d’accompagner l’action du gouvernement et ATT. Et nous avons respecté la directive du congrès. Nous aurions dû faire le point de ces 3 ans d’accompagnement. Au lieu de cela, on nous sort la problématique du soutien à ATT. Est-ce que vous pouvez me donner l’assurance que cette position va résoudre nos problèmes ? Il ne faut pas se cacher la vérité. Allons par étape : faisons le bilan de nos 10 ans, l’évolution des 3 ans et ensuite on réfléchit à 2007. En commission politique, nous avons dit que 2007 est incontournable ».

Abdrahamane Ongoïba (Douentza) :

« Je suis surpris et étonné. C’est seulement aujourd’hui qu’on remarque que l’Adéma n’applique pas ses textes. C’est extraordinaire. Les statuts ont toujours été violés. Quand Soumaïla a été notre candidat, combien parmi nous ont voté contre lui.
Quand certains responsables et certains élus virent de bord, est-ce qu’ils respectent les textes ? Si on pense qu’il est acceptable de voter contre son candidat, il faut accepter la nouvelle évolution du parti. On a tous les atouts. Le peuple a eu confiance au parti, ne le tuons pas. La majorité des sections ayant statué pour soutenir ATT, avançons pour l’intérêt du Mali, pour l’intérêt du parti ».

Mamadou Thiam (membre commission contrôle) :

« La majorité vient de se dégager pour un soutien à ATT. Qu’est-ce qui nous empêche de convoquer un congrès pour que cela soit conforme aux textes, pour que l’on soit dans la légalité.
Un parti sérieux respecte ses statuts. Ce soutien est irréversible, mais soyons dans la légalité ».

Abdramane Sotbar (président commission discipline) :

« Il faut que les décisions qu’on prenne soient acceptées sinon nous allons au devant de graves déconvenues. En 2002, notre candidat n’était pas accepté. Ce qui fait qu’il y a eu deux autres candidats issus du parti et 10 membres du CE qui ont soutenu ATT. On a perdu les élections présidentielles, mais aux législatives, l’Adéma est sortie première. Il est difficile pour nous d’être absent du débat national ».

Dioncounda Traoré (président de l’Adéma) :

« Il n’est pas question de violer les textes. Quand on viole les textes, on le prend dans la figure un jour ou l’autre. Il est seulement question d’interroger le peuple de l’Adéma sur une question d’actualité. A charge pour la direction du parti de voir la conformité des textes. Le problème qui se pose est de savoir comment reconquérir le pouvoir le plus rapidement possible.
Il y en a qui pensent qu’il faut un candidat du parti. D’autres pensent que le chemin le plus court est de faire l’impasse sur 2007. Pour le moment, c’est cette dernière tendance qui a la majorité. Les hommes et les femmes qui sont dans cette salle comptent, ils font gagner le parti sur le terrain. Nous avons échoué parce qu’on était divisé. Si on repart divisé, on va perdre. Cette conférence n’est pas une conférence d’investiture. On a des recommandations par rapport auxquelles la direction du parti va travailler. Le moment venu, on choisira l’homme ou la femme qui sera notre candidat au cours d’une conférence d’investiture. Nous allons mener le débat le plus loin possible, on va s’écouter. Nous avons l’ambition que la décision qui sera prise engage tout le monde ».

DIONCOUNDA TRAORE

Un discours dépassé

Le président de l’Adéma/PASJ, Dioncounda Traoré, aura déçu plus d’un y compris ses propres partisans par la qualité de son discours d’ouverture de la 7e conférence nationale de l’Adéma. Son allocution n’a en aucun point de vue reflété ses qualités de grand orateur et surtout de grand défenseur de la cause d’ATT qu’il a épousée lors des tournées dans les sections et qui doit être investi candidat Adéma à la présidentielle de 2007.

Les participants à la 7e conférence nationale sont restés sur leur faim. Le président du parti, qui doit, en de pareilles circonstances, annoncer les couleurs dans son allocution, a orienté son adresse sur des sujets de moindre importance par rapport à ceux inscrits à l’ordre du jour. « Il a parlé de tout sauf de l’essentiel », tel est le jugement d’un militant déçu.

Selon un autre militant, qui n’a pas non plus caché son amertume « leur rencontre qui est une instance du parti n’a rien à voir avec des réflexions sur le coût de la vie, la bonne distribution de la justice, la lutte contre la corruption… »

L’intervention était attendue par les militants et les observateurs de l’échiquier politique nationale, mais tous recommandent de vite l’oublier en la qualifiant « de propos hybrides » ou de « mi-figue mi-raisin ». Le grand chef des Abeilles avait même de la peine à lire correctement et de façon audible son discours qu’il a annoné.

Selon certains, le président Dioncounda Traoré, accusé de rouler pour le président ATT en faisant de celui-ci l’un des premiers militants du parti, est le principal pourfendeur de l’Adéma.

Il aurait juste joué à l’innocent en se gardant de piper mot de la candidature à l’ouverture des travaux. N’avait-il pas le cœur à la fête ou était-il pris dans son propre piège ?

Abdrahamane Dicko

14 novembre 2005.